Calais : L’Etat veut obliger une entreprise liquidée à gérer ses déchets dangereux
Pollution•Le ministre de la Transition écologique a assuré que l’usine de produits chimiques Synthexim, à Calais, devra assumer l’évacuation de déchets dangereux du site20 Minutes avec AFP
La musique vient de changer. Après que la préfecture du Pas-de-Calais se fut montrée rassurante la semaine dernière, l’Etat cette fois, hausse le ton. Il ira « rechercher la responsabilité » de la maison mère d’une usine de produits chimiques de Calais, liquidée, pour qu’elle assume l’évacuation de déchets dangereux du site, a assuré, ce mardi, le ministre de la Transition écologique, Christophe Béchu.
Source de l’inquiétude des riverains : l’usine chimique Synthexim, classée Seveso haut, qui fabriquait des produits chimiques intermédiaires à destination de l’industrie pharmaceutique. Plusieurs dégagements de fumée ont eu lieu, notamment en août, sans danger pour la population à ce jour, selon les pompiers.
« Catastrophe industrielle et environnementale »
Mais compte tenu des quelque 1.900 tonnes de déchets entreposés et stockés au moins pour partie « dans des fûts en plein air », sur le site de cette usine, le député LR Pierre-Henri Dumont a interpellé, ce mardi, le gouvernement, lui demandant ce qu’il comptait faire pour éviter une « catastrophe industrielle et environnementale ».
« J’ai demandé aux services de l’Etat (…) d’activer l’article L512-17 du code de l’Environnement, qui permet d’aller rechercher (…) la responsabilité de la maison mère Axyntis dans cette histoire, a assuré Christophe Béchu devant l’Assemblée nationale. On ne peut pas engranger potentiellement les résultats quand l’usine tourne et le jour où elle a un souci, s’arrêter en laissant les tonnes de déchets » sous « la responsabilité de l’Etat ».
Selon lui, en dépit d’arrêtés pris par le préfet, la société mère Axyntis « s’est débrouillée pour ne plus être joignable » et n’a « pas laissé les fonds nécessaires pour permettre la mise en sécurité » du site. Les déchets entreposés sur le site n’ont à ce jour pas été évacués, hormis 15 tonnes d’amphétamines, après saisine de l’Ademe par les services de l’Etat, « au titre de l’urgence impérieuse ».
L’entreprise suspendue administrativement
Celle-ci va également procéder à l’évacuation de 350 kilos de brome et 69 tonnes de cyanure à compter de la mi-novembre, selon le ministre. Les déchets restants « feront l’objet d’un conditionnement et d’une sécurisation par la suite », a-t-il précisé.
L’usine a fermé ses portes en mai après son placement en liquidation. Auparavant, la préfecture du Pas-de-Calais avait suspendu administrativement fin août 2022 l’activité de l’entreprise, reprise en 2013 par le groupe Axyntis. En cause, déjà, sa gestion des déchets dangereux, selon la préfecture, qui réclamait une « étude de dangers complète » et « l’élimination des déchets » par l’exploitant.