Toussaint : Un registre des volontés funéraires ? L’idée plutôt simple pour ne plus être à côté de la plaque
AUX URNeS•Il est fréquent que des familles découvrent trop tard qu’elles n’ont pas respecté les volontés funéraires d’un proche. Pour y remédier, une jeune clerc de notaire propose la création d’un registre national, consultable par les pompes funèbresHélène Ménal
L'essentiel
- Parce qu’il n’est pas facile de se confier sur l’organisation de sa propre mort, nombre de familles découvrent trop tard, au détour de la lecture du testament, qu’elles n’ont pas respecté les dernières volontés d’un proche.
- Confrontée souvent à cette situation qui « alourdit le deuil », une jeune clerc de notaire toulousaine propose au gouvernement la création d’un registre national des volontés funéraires.
- Crémation ou inhumation, choix du cimetière… Les entreprises de pompes funèbres auraient accès, instantanément, aux souhaits du défunt.
Décevoir un proche par-delà sa mort. S’apercevoir trop tard qu’il aurait préféré être inhumé plutôt que de partir en cendres, qu’il ne portait pas spécialement dans son cœur son voisin de caveau ou que le cimetière où vous allez le saluer pour Toussaint n’est pas vraiment le lieu qu’il avait envisagé pour son repos éternel. « C’est assez fréquent », assure Manon Deschamps, bien placée pour témoigner de la douleur des familles quand elles se rendent compte qu’elles ont commis un irréparable impair. A 24 ans, la jeune fille est clerc de notaire, spécialisée dans le droit de la famille, dans une étude de Toulouse. Parce que la mort est taboue, que « la personne de confiance » ne passe pas toujours la consigne, elle ne compte plus les situations où, des semaines et plus souvent des mois après le décès, la lecture d’un testament vient dévoiler des volontés funéraires qu’il est trop tard pour respecter.
« Parfois, cela peut provoquer des disputes et très souvent, cela alourdit le deuil », explique celle qui a imaginé une parade relativement simple contre la culpabilité : « la création d’un registre national des volontés funéraires ». Il existe déjà en France deux fichiers consultables post-mortem. L’un où l’on peut s’inscrire (même par Internet depuis 2017) pour refuser le don d’organes et un Fichier central des dernières volontés (FCDV), qu’un notaire, ou même un proche sous certaines conditions, consulte pour savoir si le défunt a pris ses dispositions dans un testament. Mais le fichier imaginé par Manon Deschamps serait accessible immédiatement après le décès « évidemment pour les notaires mais aussi et surtout par les entreprises de pompes funèbres, soumises au secret professionnel ».
Le ministre de la Justice chargé du dossier
La Toulousaine pense que les notaires pourraient être chargés de l’enregistrement des volontés funéraires et de leur inscription dans le registre, au même titre que pour les testaments. A quel prix ? « C’est au gouvernement de le décider », dit la jeune fille. Car sa proposition de fichier central « pour aider les familles dans le deuil » n’est pas une vague idée dans l’air. Cet été, elle a écrit aux services du ministre de la Santé et de la Première ministre Élisabeth Borne. Elle a été informée par courrier que le dossier avait été confié au ministre de la Justice Éric Dupond-Moretti. « J’ai dû écrire une quarantaine de courriers depuis, j’attends des nouvelles », assure Manon Deschamps, qui n’a pas l’intention de se lasser. « C’est relativement simple à mettre en place et c’est un sujet qui concerne absolument tout le monde. On a tous des proches qui partiront un jour, alors si on peut anticiper, pour éviter de rajouter à la douleur du deuil, il faut le faire », pose-t-elle.
En tout cas dans son entourage amical ou professionnel, auprès des clients de son étude, et dans le secteur funéraire, sa proposition de ne plus être à côté de la plaque quand survient le drame suscite une bénédiction unanime.
À lire aussi