suspenseEn Vendée, le pont de Noirmoutier va-t-il redevenir payant ?

Vendée : Le pont de Noirmoutier va-t-il redevenir payant pour dissuader les visiteurs ?

suspenseLa communauté de communes de l’île demande l’instauration d’un péage pour diminuer la fréquentation automobile devenue trop importante. Le département de Vendée doit rendre sa réponse vendredi
Frédéric Brenon

Frédéric Brenon

L'essentiel

  • Reliée au continent par un pont, l’île de Noirmoutier est submergée de voitures en été et à chaque week-end de beau temps. Un flux qui génère des nuisances.
  • Les quatre communes de l’île ont demandé la mise en œuvre d’une écotaxe. Le pont était gratuit depuis 1994.
  • Une écotaxe est également en vigueur sur l’île de Ré depuis 2012.

Il est d’accès gratuit depuis vingt-neuf ans. Mais ça pourrait ne pas durer. Le conseil départemental de Vendée va se prononcer vendredi sur la possible instauration d’un péage pour franchir le pont de Noirmoutier. Le spectaculaire ouvrage, qui relie depuis 1971 La Barre-de-monts, sur le continent, à La Barbâtre, sur l’île, est emprunté par 8.000 véhicules par jour en moyenne.

Mais des pics à plus de 20.000 véhicules sont fréquents en été ou les week-ends de beau temps, créant des embouteillages interminables. C’est trop pour de plus en plus d’habitants qui, au-delà des difficultés de circulation, pointent du doigt un phénomène de « surtourisme » accompagné de nuisances grandissantes.

Bien conscientes du problème, les quatre communes de Noirmoutier ont réfléchi à des solutions et ont fini par se mettre d’accord pour réclamer des contraintes d’accès à l’île. Leur idée : mettre fin à la gratuité du pont en rétablissant un « droit de passage » pour les véhicules motorisés, comme c’était le cas entre 1971 et 1994. Une demande officielle en ce sens a été formulée au département de Vendée, propriétaire du pont, par la communauté de communes de l’île le 21 septembre.

Déjà en vigueur sur l’île de Ré

« Cette surfréquentation automobile sur notre territoire génère un réseau routier non adapté à ce trafic, des nuisances avérées pour l’ensemble de nos habitants, une expérience dégradée pour nos visiteurs touristiques et un problème de sécurité pour les services de gendarmerie et du Sdis », déplore la communauté de communes.

La collectivité insiste également sur la dimension environnementale. « Notre environnement insulaire, par l’empreinte des véhicules terrestres à moteur, se voit fortement dégradé. Cette empreinte a été mesurée dans le diagnostic de notre Plan climat avec une qualité de l’air dégradée », ajoute la communauté de communes, qui évoque un « territoire fragile » dont la préservation justifie la recherche de « nouvelles recettes solidaires ».

L’instauration d’un péage n’est pas une invention des élus locaux mais une disposition prévue par l’article L-11 du code de l’environnement. Celui-ci stipule que les bénéfices financiers de la taxe seraient ainsi « exclusivement affectés à la préservation des espaces naturels ». C’est d’ailleurs ce qui se passe sur l’île de Ré (Charente-Maritime), où une écotaxe existe depuis 2012. Seuls les résidents de l’île y échappent.

Le tarif varie en fonction du type de véhicule et de la période de l’année. Pour une voiture ou un camping-car, il en coûte ainsi 8 euros la traversée de mi-septembre à mi-juin, 16 euros en été. Un dispositif qui génère environ 3 millions d’euros de recettes par an et a déjà contribué à préserver des réserves naturelles, à financer du personnel en charge de veiller sur l’environnement, ou à renforcer les transports en commun.

Un risque pour le passage du Gois ?

A Noirmoutier, tout comme sur le continent, où le tourisme fait vivre de nombreux habitants, l’idée du péage ne fait pas l’unanimité. Ses détracteurs craignent que l’économie de l’île en souffre. D’autres que la circulation se reporte en partie sur le Gois, ce passage submersible atypique (ouvert seulement à marée basse) qui suscite la curiosité de touristes venus du monde entier. Déjà très fréquentée en été, cette route de 4,5 km n’est pas adaptée pour absorber un flux de véhicules important toute l’année. « Il y a déjà trop de voitures qui passent sur le Gois. Cet endroit est magnifique. On peut encore se permettre d’y pêcher. Il ne faudrait pas qu’il perde sa magie », estime Luc, 66 ans, visiteur « habitué ».

Le passage du Gois, route submersible reliant Noirmoutier à la Vendée.
Le passage du Gois, route submersible reliant Noirmoutier à la Vendée. - F.Brenon/20Minutes

Des salariés vivant sur le continent s’inquiètent également qu’une taxe leur soit exigée. « Je fais déjà beaucoup de kilomètres faute de pouvoir trouver un logement à un prix décent sur l’île. Si demain je dois payer un péage, je pense que je laisserais tomber », s’inquiète Estelle, qui travaille dans la restauration. A l’inverse, les défenseurs d’un péage, comme Thomas, 38 ans, considèrent qu’il serait suffisamment dissuasif pour désencombrer les rues. « On perdrait peut-être des visiteurs mais on gagnerait en charme et en tranquillité. Ce serait bénéfique pour tout le monde à long terme », est-il convaincu.