Guerre Hamas-Israël : « Ça recommence »… Les plaies ravivées de la communauté juive de Toulouse
REPORTAGE•A Toulouse, théâtre des tueries de Merah, le traumatisme de la communauté juive est ravivé par l’attaque du Hamas contre IsraëlLucie Tollon (avec HM)
L'essentiel
- A Toulouse, dans la synagogue de l’Espace du Judaïsme, 2.000 personnes ont rendu hommage ce mercredi aux victimes de l’attaque du Hamas contre Israël.
- Avec le poids supplémentaire de revivre avec une immense émotion les tueries antisémites de Mohammed Merah.
- Le recueillement n’a pas empêché les messages politiques de passer.
«Je ne dors plus depuis ce week-end. C’est horrible. » Comme près de 2.000 autres personnes, dont beaucoup peinent à retenir leurs larmes, Isabelle se presse pour rentrer dans la synagogue surchauffée de l’Espace du Judaïsme de Toulouse, où elle « espère qu’il n’y aura pas que des Juifs » ce mercredi soir pour ce « rassemblement de solidarité avec Israël et contre le terrorisme ».
Non loin d’elle, un couple de retraités ne peut se retenir de lâcher avec résignation « ça recommence ». Car cette « sidération », cette peine immense devant le massacre d’innocents, ce deuil, la Ville rose les a déjà ressentis en 2012 lors de la tuerie de l’école Ozar Hatorah. « Toulouse porte en elle la plaie douloureuse de ces enfants arrachés par Mohammed Merah », rappelle à l’assistance Thierry Sillam, le président de cette communauté juive. « Nous sommes déterminés à garder la tête haute. Nous n’avons pas peur », assure-t-il pourtant, tandis que, dans le couloir du bâtiment, la file est longue au stand du fonds d’urgence pour aider les victimes et la Croix rouge israélienne.
@20minutestoul s’est rendu au rassemblement organisé par le @Le_CRIF à Toulouse. A quelques minutes du début du recueillement pour #Israel après les attaques du #Hamas, l’ambiance est lourde… Rassemblés, les Toulousains ne cachent leurs emotions pic.twitter.com/f8D4TO1HTr
— LucieTollon (@LucieTollon) October 11, 2023
Quand vient son tour de s’exprimer, Franck Touboul, le président du Criff Toulouse-Occitanie, ne peut pas retenir ses sanglots. « C’est un pogrom. On a tous été Américains après le 11-Septembre, on a tous été Français après le Bataclan. Nous sommes tous Israéliens aujourd’hui. »
Les non-dits des insoumis
De nombreuses personnalités politiques se sont jointes à cet hommage. Au premier rang desquelles, le maire Jean-Luc Moudenc. « C’est toujours le même mal qui frappe : l’antisémitisme et le dévoiement de la religion musulmane en islamisme, rappelle-t-il. Ce sont les mêmes qui ont frappé ici à Toulouse, à Nice, au Bataclan, le père Hamel. »
L’émotion du recueillement cède le pas à une certaine rage, comme une détermination à rester debout malgré tout. Et dans cette ambiance changeante, chaque allusion aux prudences sémantiques de La France insoumise (LFI) est accueillie par une salve d’applaudissements. « Mal nommer les choses est une erreur ultime », lance Sébastien Vincini, le président socialiste du conseil départemental. « Il nous faut nommer le mal : le Hamas. Il s’agit de terrorisme. Il a mené une attaque terroriste contre Israël et il terrorise son propre peuple palestinien (…) A Toulouse, nous savons ce qu’est l’antisémitisme. Nous n’oublierons jamais », enchaîne Carole Delga, la présidente socialiste de l’Occitanie. Dans la Ville rose, de nouveau dans le chagrin, la façade Capitole s’illumine tous les soirs en blanc et bleu, les couleurs du drapeau israélien.