Rennes : A la gare, deux trains circulent sur une même voie (et ce n’est pas dangereux)
Serrons-nous•Le ministre des Transports Clément Beaune a inauguré l’innovation 2TMV pour augmenter le nombre de trains de 30 % en gare
Camille Allain
L'essentiel
- En investissant « seulement » 15 millions d’euros, les collectivités bretonnes ont réussi à accroître la capacité de la gare de Rennes de 30 %.
- Saturé, l’équipement pourra désormais accueillir deux trains sur une même voie, ce qui constitue une première nationale.
- L’offre de TER sera boostée de 20 % mais il faudra attendre septembre 2024 pour qu’elle se concrétise.
Son impressionnante transformation n’était pas achevée que l’on savait déjà qu’elle allait saturer. A Rennes, la toute nouvelle gare a bien du mal à faire face à l’explosion du nombre de voyageurs. Depuis 2017 et la mise en service de la ligne à grande vitesse (LGV), l’équipement a vu sa fréquentation bondir de 34 %, générant sans surprise des moments de tension aux heures de pointe. Chaque matin et chaque soir, des milliers de voyageurs constatent la saturation totale des TER menant à la capitale bretonne. Souvent contraints de voyager debout, les abonnés assistent, impuissants, au succès grandissant des trains régionaux. Conscientes du problème, la SNCF et la région planchaient depuis près de dix ans sur un projet innovant permettant de faire circuler deux trains sur une même voie. Ce jeudi 5 octobre, il a pris vie sous les yeux attentifs du ministre des Transports Clément Beaune.
« C’est un magnifique projet écologique. A la fois très simple et extrêmement innovant ». Tout sourire, le ministre savoure la réussite d’un projet aussi vertueux sur le plan économique que sur le plan écologique. Financé en grande partie par SNCF Réseau, la région Bretagne et la métropole rennaise, ce projet appelé 2TMV (pour 2 trains sur une même voie) n’aura coûté que 15 millions d’euros. « Dans le ferroviaire, ce n’est presque rien », glisse un agent de la SNCF. Surtout, il devrait pouvoir être dupliqué ailleurs en France, d’où le vif intérêt du ministre.
Tous équipés du dispositif, les cinq quais et les dix voies de la gare de Rennes peuvent accueillir deux trains sur une même voie, à une condition : que ces trains fassent demi-tour pour retourner à leur destination d’origine. C’est régulièrement le cas à Rennes pour les trains reliant Saint-Malo ou Vitré. Côté matériel, la SNCF n’a pas eu grand-chose à faire. Seuls des portiques permettant d’installer des feux de circulation ont été installés, en plus de quelques câbles et de signaux permettant de « couper en deux » les quais. « Le gros du travail a consisté à mener des travaux d’informatique mais aussi à préparer les équipes à ces changements. Nous avons dû mettre en place une nouvelle signalétique qui n’existait pas. Cela faisait quarante ans qu’on n’avait pas fait ça en France », assure Matthieu Chabanel, président de SNCF Réseau. C’est surtout le nouveau « cerveau » de la gare de Rennes qui a dû être entièrement reprogrammé pour intégrer cette innovation et faire en sorte que jamais deux trains ne puissent entrer en collision. « Tout est sécurisé, protégé », assure la SNCF.
Pour les voyageurs, la différence est à peine notable. « Seul le positionnement des rames change un peu. Il faudra parfois marcher un peu plus longtemps quand votre voiture se trouvera en tête de quai », assure Maxime Boisson, qui a piloté le projet 2TMV. Un peu comme quand deux TGV sont « collés ». A Rennes, cette innovation permettra à terme d’augmenter la capacité de la gare de 30 % sans avoir à toucher aux quais. La différence ne sautera pas aux yeux des voyageurs immédiatement car le déploiement de 24 TER supplémentaires par jour ne sera effectif qu’en septembre 2024, a prévenu le président de région Loïg Chesnais-Girard. Le désengorgement n’est pas pour tout de suite. La gare de Rennes voit chaque jour passer 230 TER et 60 TGV.
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