Job idéal, sens… La vision du travail des jeunes n’est pas toujours celle que les patrons imaginent
ETUDE•La CCI Nantes-Saint-Nazaire dévoile les résultats d’une enquête qui confronte les aspirations des jeunes diplômés avec celles attendues par les employeurs
Julie Urbach
L'essentiel
- A l’initiative de la CCI, quelque 1.700 jeunes entre 15 et 30 ans et près de 350 employeurs de Loire-Atlantique ont été soumis à un questionnaire « miroir » autour du monde du travail.
- Les réponses montrent parfois d’importants décalages, comme sur la notion d’épanouissement, de l’orientation professionnelle, ou du processus de recrutement.
«T’as besoin d’une voiture pour aller travailler, tu travailles pour rembourser la voiture que tu viens d’acheter » La vision du travail de la génération Z a évolué, comme le décrit Orelsan dès le début de La Terre est ronde. Mais les chefs d’entreprise, qui cherchent à recruter ces jeunes, ont-ils vraiment bien compris leurs attentes ? Et d’ailleurs, quelles sont-elles vraiment ? Ce sont ces questions qui ont poussé la CCI de Nantes-Saint-Nazaire, où le marché tend vers le quasi plein emploi, à mener une étude sociologique décrite comme « inédite », avec Nantes Université. Quelque 1.700 jeunes entre 15 et 30 ans et près de 350 employeurs de Loire-Atlantique ont été soumis entre mars et mai à un questionnaire « miroir » : et s’il y a parfois concordance dans les réponses, les aspirations des premiers ne sont pas toujours celles que les seconds imaginent, selon les résultats présentés mercredi soir.
« On remarque qu’il y a beaucoup de croyances du côté des entreprises, indique Laurence Vernay, première vice-présidente de la CCI. Sur la représentation du travail, celles-ci parlent beaucoup de la notion d’épanouissement, davantage que les jeunes qui sont bien plus pragmatiques en rappelant l’importance d’être payés convenablement ». Ces derniers ont d’autres critères bien précis pour leur « métier idéal », et il y a là encore des écarts avec ce que projettent les boîtes. La fierté procurée par le travail est par exemple notée à 4,3/5 par les jeunes, tandis que les patrons ne mettent que 3,2. L’utilité récolte 4,1 chez les premiers, 3,4 chez les deuxièmes.
La gen Z, moins paumée qu’on ne le croit
Mais les deux principales raisons, et là les deux parties sont sur la même longueur d’ondes, sont en fait le contenu du poste qui doit être « stimulant », et l’équilibre vie pro-vie perso. Pour le choix de l’entreprise, c’est l’ambiance et le bien-être qui arrivent en tête, mais toujours avec des conditions salariales favorables, juste derrière. « Les jeunes disent par ailleurs attendre des engagements sociétaux forts de la part des entreprises, au premier rang desquels l’égalité hommes/femmes », indique la CCI.
Autre enseignement de l’étude : la génération Z est moins paumée qu'elle n'en a l’air : alors que 91 % des patrons pensent que les jeunes ne savent pas précisément quel métier ils souhaitent exercer, 54 % de ces derniers disent que leur vision est claire. Si le CDI a longtemps été le graal, ils sont tout de même 23 % à souhaiter « exclusivement » un CDD pour leur premier emploi. Alors qu’on pouvait la penser tentée par une « grande démission », la nouvelle génération adhère aux 35 heures et semble toujours plébisciter la semaine de 5 jours, autant que celle de 4 jours. « Les jeunes ne tournent pas le dos à l’entreprise, mais il faut construire un autre rapport au travail », résume André Ndobo, professeur en psychologie sociale à l’université de Nantes, qui a coconduit l’enquête.
Le diplôme, un critère discordant
L’enquête rebat les cartes enfin sur le processus de recrutement. Et là, c’est peut-être aux candidats de se remettre en question. Car ces derniers pensent encore de façon massive que les diplômes font partie des critères à mettre en avant pour obtenir un emploi, alors que les employeurs déclarent mettre cet aspect… en dernière position, derrière la personnalité, les expériences, ou encore la disponibilité et la mobilité. « Lors de l’entretien, les jeunes recherchent avant tout un échange sincère, ajoute Véronique Quéré, chargée de mission emploi à la CCI. Ils ne se reconnaissent plus vraiment dans la lettre de motivation, qui apparaît comme formatée. »
La CCI indique que les résultats de l’étude lui permettront de mieux accompagner les entreprises dans le recrutement et la fidélisation de leur main d’œuvre. Simple, basique.
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