Emmanuel Macron deux jours en Corse avec au menu le statut de l’île

Corse : Emmanuel Macron en visite deux jours pour parler du statut de l’île

AUTONOMIELe gouvernement a ouvert en 2022 des discussions avec les élus dont le résultat pourra « aller jusqu’à l’autonomie »
20 Minutes avec AFP

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Après Gérald Darmanin mi-septembre, Emmanuel Macron est à son tour attendu ce mercredi en Corse pour une visite de deux jours. Il pourrait notamment en profiter pour faire des annonces sur l’autonomie de l’île susceptibles d’être inscrites dans la Constitution.

Le président commencera sa visite par un « dîner républicain » avec des élus locaux, à Ajaccio, avant un discours très attendu jeudi matin à l’Assemblée de Corse. Outre ce volet politique, il rendra hommage aux Corses résistants à l’occasion du 80e anniversaire de la libération de l’île en 1943.

La vision différente des nationalistes et de l’opposition de droite

Après la mort en mars 2022 d’Yvan Colonna, agressé à la prison d’Arles où il purgeait une peine de perpétuité pour l’assassinat du préfet Erignac, et les manifestations violentes qui avaient suivi dans l’île, le gouvernement avait ouvert des discussions pouvant « aller jusqu’à l’autonomie ». Le discours présidentiel va donc ponctuer plusieurs mois de ces échanges.

Les nationalistes ont adopté le 5 juillet dernier un projet d’autonomie plaidant pour un pouvoir législatif dans tous les domaines sauf le régalien, pouvoir qui serait confié à l’Assemblée de Corse, où ils occupent les trois-quarts des sièges. Ils veulent également un statut de résident corse, la co-officialité de la langue corse et l’inscription de la notion de peuple corse dans la Constitution. Un second texte de l’opposition minoritaire de droite, qui appelle, lui, à un simple « pouvoir d’adaptation » des lois françaises aux spécificités corses, a également été transmis au président.

Dans une interview lundi à Corse-Matin, Bruno Retailleau, président du groupe Les Républicains au Sénat, a assuré que les demandes des nationalistes comportaient des « lignes rouges » infranchissables et « qu’un pouvoir législatif plein et entier » irait « trop loin ». Or, le chef de l’Etat aura besoin d’une majorité des trois-cinquièmes, et donc de LR, au Congrès pour réformer la Constitution. Il réclame donc au préalable un accord politique dans l’île, entre les différents groupes nationalistes et l’opposition de droite.

Macron maintient ses lignes rouges

Si celui-ci est trouvé, le président « dira certainement qu’il est prêt à envisager une évolution institutionnelle conforme au cadre républicain », relève un conseiller d’Emmanuel Macron. La droite corse relativise toutefois cet optimisme. « Il n’y aura pas d’accord » entre élus insulaires, « sauf s’il y a des accords qui m’échappent », a ainsi déclaré Jean-Martin Mondoloni, président du groupe de droite d’opposition, en référence à une possible entente exclusivement entre groupes nationalistes qui fâcherait à coup sûr le Sénat de droite.

Les lignes rouges fixées par le président il y a un an restent en outre inchangées : maintien de la Corse dans la République et refus de créer deux catégories de citoyens, notamment pour la priorité à l’emploi. Si la co-officialité de la langue corse n’est pas recevable, cela « n’exclut pas qu’on fasse un effort en matière de bilinguisme », concède en revanche l’Elysée.