Meurthe-et-Moselle : Une maire prend un arrêté pour limiter chaque foyer à un coq et deux chiens
Nuisances•La maire d’Emberménil, en Meurthe-et-Moselle, a pris des mesures « afin de limiter les bruits gênants ». Un arrêté contraint désormais les habitants à se limiter en animaux… De quoi créer quelques incompréhensionsThibaut Gagnepain
L'essentiel
- Face aux nombreuses plaintes de ses administrés, une maire de Meurthe-et-Moselle a pris un arrêté afin de limiter le nombre de coqs, chiens et pintades.
- « Il faut que les bruits intempestifs cessent, justifie l’édile. On m’appelle tout le temps, nuit et jour ! Ça fait trois ans que c’est comme ça et je suis allée le constater moi-même. »
- Les habitants n'ont pas tous compris la mesure. L'arrêté a été suspendu, avant le conseil municipal de vendredi.
Le courrier est arrivé la semaine dernière dans la boîte aux lettres des quelque 250 habitants d’Emberménil (Meurthe-et-Moselle). Pas n’importe lequel ! Dans celui-ci, tous ont appris qu’il serait désormais illégal de posséder chez soi plus d’un coq, une pintade et deux chiens. Sinon, amende de 68 euros, voire sanction pénale. Tout était mentionné dans l’arrêté municipal applicable mercredi et signé par la maire Angeline Lamy.
« Il faut que les bruits intempestifs cessent », justifie l’édile auprès de 20 Minutes, qui a pris cette décision, car elle était régulièrement jointe par des administrés se plaignant de nuisances. Ceux proches d’habitations hébergeant plusieurs coqs et une autre où résident « sept chiens ». « On m’appelle tout le temps, nuit et jour ! Ça fait trois ans que c’est comme ça, et je suis allée le constater moi-même. Un coq qui hurle toute la journée et à n’importe quelle heure de la nuit, ce n’est pas normal. Ce sont des gros problèmes de voisinage, mais ils ne communiquent pas entre eux. Alors j’ai décidé d’agir. »
Afin « de ne pas cibler un des deux lotissements où il y a les problèmes », elle a donc pris un arrêté pour toute la commune. « J’ai consulté l’association des maires de Meurthe-et-Moselle et son service juridique », précise Angeline Lamy. Le conseil municipal, lui, n’a pas été consulté. D’où de nombreuses incompréhensions, depuis, dans le village. « J’ai découvert ça dans ma boîte aux lettres, comme beaucoup », explique une adjointe, sans donner forcément tort à la maire. « De plus en plus, on voit arriver des anciens citadins à et ils ne veulent surtout pas les contraintes rurales. Oui, à la campagne, il y a des tracteurs et le coq chante ! »
Il n’empêche, ni la forme ni le fond de l’arrêté ne lui ont plu. « Des gens ont été heurtés et beaucoup l’ont pris comme une atteinte à leur liberté de posséder des animaux de compagnie. » Un argument qui fait bondir Angeline Lamy : « Mais est-ce que laisser gueuler son animal toute la journée ce n’est pas une atteinte à la santé publique ? Je pense que tout le monde a le droit de vouloir se reposer et n’a pas envie d’être dérangé constamment par du bruit. C’est à chacun de faire attention aux nuisances qu’il provoque. Mes voisins ont des coqs, et ça se passe très bien. »
Face aux nombreuses critiques, l’édile a depuis suspendu son arrêté. « Il ne sera pas annulé mais remanié », persiste-t-elle en se préparant à un conseil municipal animé vendredi soir. Pas par les coqs ni les chiens.