Unesco : Pourquoi Nîmes a (cette fois) toutes ses chances de toucher le jackpot
PATRIMOINE MONDIAL•Après avoir laissé passer sa chance au début des années quatre-vingt, la « Rome française » présente son dossier pour intégrer, grâce à la Maison carrée, la liste des biens inscrits au patrimoine mondial de l’humanitéJérôme Diesnis
L'essentiel
- Nîmes défend en ce début de semaine, à Riyad, la candidature de la Maison carrée afin d’intégrer la liste des biens inscrits au patrimoine mondial de l’humanité.
- Retoquée lors de sa précédente candidature en 2018, la préfecture du Gard a recentré son dossier sur ce temple romain, l’un des mieux conservé au monde. Outre la reconnaissance culturelle, l’enjeu économique est considérable pour la ville.
- La candidature, cette fois, semble en bonne voie, mais n’est pas acquise pour autant. L’objectif de l’Unesco « est de s’assurer que la liste reflète bien la diversité culturelle et naturelle des biens de valeur universelle exceptionnelle ». Un rééquilibrage qui se fait aux dépens de l’Europe, longtemps surreprésenté dans cette liste.
Quarante-deux ans après ses voisines d’Arles et Orange, 28 ans après Avignon, Nîmes va-t-elle à son tour intégrer le cercle des cités inscrites à l’Unesco ? La « Rome française », comme elle est parfois surnommée pour ses nombreux vestiges romains, défend en ce début de semaine, sa candidature pour le précieux sésame lors de la 45e session du Comité du patrimoine mondial, en Arabie saoudite.
« Nous sommes confiants mais prudents », précise le maire de Nîmes, Jean-Paul Fournier (LR). Prudents, parce qu’en 2018, la candidature de la préfecture du Gard avait été retoquée par le comité. Confiants, parce qu’elle s’est recentrée sur la seule Maison carrée. Ce temple romain (qui n’est ni une maison, ni carré) est l’un des mieux conservé au monde. Edifié sous le premier empereur, Auguste (entre 10 avant J.-C. et 4 après J.-C.), il a connu de nombreux usages au cours des siècles, avant d’être restauré, notamment en 2006 et 2010.
En 2018, la douche froide
En 2018, l’Icomos (le comité international des monuments et des sites), l‘organisation consultative sur laquelle s’appuie généralement le comité de l’Unesco pour décerner le précieux label, avait conseillé à Nîmes de différer sa candidature. Elle portait alors sur l’ensemble de la cité. Les édiles nîmois n’en avaient pas tenu compte. Ils s’étaient fait refouler sans surprise lors de leur grand oral. Cette fois, l’Icomos est beaucoup plus enthousiaste et a décerné un avis positif qui change beaucoup de choses.
La candidature de Nîmes pour obtenir, enfin, ce précieux label est en bonne voie. Mais pas tout à fait acquise pour autant. Depuis 1994, l’Unesco rééquilibre les biens reconnus au patrimoine mondial. « Son objectif est de s’assurer que la liste reflète bien la diversité culturelle et naturelle des biens de valeur universelle exceptionnelle », souligne l’Unesco dans sa convention, adoptée cette année-là. Depuis, les représentants du Vieux Continent, jusqu’alors surreprésenté au patrimoine mondial, doivent présenter des dossiers très solides pour rejoindre le cercle des sites déjà labellisés.
Rééquilibrage géographique aux dépens de l’Europe
« Nous allons continuer de tout faire pour convaincre jusqu’à la dernière minute, du bien-fondé de notre démarche et des arguments de la Maison carrée car rien n’est encore fait, a expliqué Jean-Paul Fournier avant de monter dans l’avion pour Riyad. Notre temple romain est un dans un état de conservation exceptionnel, grâce notamment aux restaurations que nous avons entreprises de 2006 à 2010 et qui ont permis, après des milliers d’heures de travail des tailleurs de pierre, de révéler toute la splendeur du monument. Une inscription sur la liste de l’Unesco nous permettrait de partager à l’humanité tout entière cet héritage exceptionnel ». Et de donner un sacré coup de pouce au tourisme. Des études estiment à 30 % la hausse du flux touristique lorsque les villes (ou les monuments qui les composent) sont reconnues au patrimoine mondial.
Avant la 45e session du Comité du patrimoine mondial, 1.157 biens étaient inscrits sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco. Parmi eux, 900 biens culturels, 218 naturels et 39 mixtes. Si elle venait à être inscrite, la Maison carrée de Nîmes serait le cinquantième bien français à recevoir cette distinction universelle. Le verdict doit être rendu ce lundi.