QUE JUSTICE SOIT FAITELes proches de Myriam Sakhri, retrouvée morte en 2011, interpellent Macron

Lyon : Les proches de la gendarme Myriam Sakhri, retrouvée morte en 2011, interpellent Macron pour « avoir justice »

QUE JUSTICE SOIT FAITEDans une vidéo publiée sur les réseaux sociaux, vue près d’un million de fois, Nadirha Sakhri expose les zones d’ombre concernant la mort de sa sœur et demande au Président de la République de se pencher sur cette affaire
Elise Martin

Elise Martin

L'essentiel

  • Le 24 septembre 2011, Myriam Sakhri, une jeune gendarme de 32 ans, avait été retrouvée morte dans son logement de fonction, à la caserne Delfosse de Lyon.
  • Une enquête de l’Inspection générale de la gendarmerie nationale (IGGN) avait conclu à un suicide « pour raisons personnelles ».
  • Une thèse que réfutent ses proches depuis douze ans. Lundi, à une semaine de la décision de la chambre d’instruction sur la suite de l’information judiciaire ouverte en 2021, sa sœur Nadirha a publié un message vidéo à l’attention d’Emmanuel Macron mettant en évidence les « nombreuses zones d’ombre » et lui demandant de « se pencher sur cette histoire ».
  • Elle espère également « interpeller l’opinion publique », confie-t-elle à 20 Minutes.

«Suicide pour la justice, injustice pour sa petite sœur qui a ce message pour vous », écrit Rémi Gaillard, suivi par 365.000 personnes, sur X (ex-Twitter). Lundi, le youtubeur a interpellé Emmanuel Macron en partageant la vidéo, vue près d’un million de fois depuis, de Nadirha Sakhri. Assise sur un tabouret, l’intéressée fait défiler de grandes pancartes à l’attention du Président de la République, lui demandant d’agir. La semaine prochaine, la chambre d’instruction de Lyon doit se prononcer sur la suite de l’affaire qui concerne la mort de sa sœur Myriam.

Le 24 septembre 2011, cette jeune gendarme avait été retrouvée morte dans son logement de fonction, à la caserne Delfosse de Lyon. Selon l’enquête de l’Inspection générale de la gendarmerie nationale (IGGN), il s’agissait d’un suicide « pour raisons personnelles ». Une thèse que réfutent ses proches. Depuis douze ans, ils se battent « quotidiennement » pour rétablir la vérité sur la disparition de cette jeune femme. Dans son message à Emmanuel Macron, Nadirha met en évidence les « nombreuses zones d’ombre » à travers une dizaine de questions.

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« On ne lâchera rien »

« On aimerait que le chef de l’Etat se penche sur ce dossier, glisse la jeune femme à 20 Minutes. On a conscience de ses pouvoirs limités dans ces cas-là mais il est aussi le chef des armées. Il peut mettre la lumière sur une procédure qui n’a pas été transparente et faire en sorte qu’une vraie enquête soit menée en toute impartialité. On pourrait alors enfin avoir justice ! »

« On ne lâchera rien », lance à son tour Hassina, une autre sœur de Myriam. Après un non-lieu et un classement de l’affaire, puis le rejet de leur pourvoi par la Cour de cassation en 2015, la famille a eu « un espoir de justice » en 2021 avec la réouverture d’une information judiciaire. « Mais on a très vite déchanté quand on a vu que l’enquête était réouverte avec un périmètre restreint, explique Nadirha. Il y a, par exemple, des scellés qui ne sont pas réexaminés et qui ne peuvent pas être restitués non plus. » Zineb, une amie très proche de la famille, ajoute : « On a aussi rassemblé de nombreux éléments qui prouvent les incohérences de la conclusion de l’enquête en 2011. »

Myriam était « une lanceuse d’alerte »

« Notre rejet de cette thèse ne repose pas sur de l’affect ou sur une intime conviction, affirme Hassina. Si elle s’était suicidée, on l’aurait accepté. Mais là, rien ne colle. » Nadirha complète : « Elle aurait eu 44 ans aujourd’hui [jeudi 14 septembre]. Ma sœur est morte dix jours après avoir fêté son anniversaire, quelques jours après avoir réussi le concours difficile d’OPJ (officier de police judiciaire). C’était quatre jours après avoir contacté l’Association de défense des droits des militaires pour se plaindre de sa souffrance au travail et deux jours après s’être renseignée auprès d’avocat pour déposer plainte pour harcèlement moral et le racisme qu’elle subissait dans sa caserne. Elle venait même de payer ses impôts. »

Et d’ajouter : « C’était une lanceuse d’alerte. Elle avait trouvé le courage de faire ce que ses aînés n’avaient pas fait. Elle disait qu’elle ne voulait pas que les jeunes recrues aient à subir ce qu’elle a enduré. Ma sœur, c’était l’optimisme du futur. La veille de sa mort, elle disait qu’elle avait du lourd et avait envoyé des dossiers avec des preuves sur sa hiérarchie. Si on s’acharne encore aujourd’hui, c’est aussi pour poursuivre son combat tout en lui redonnant l’honneur qu’elle mérite. » Cette gendarme, qui était également pompière a « donné sa vie pour sauver celle des Français », appuient ses sœurs.

« Interpeller l’opinion publique »

A travers cette mobilisation, la famille veut aussi mettre en avant le besoin « urgent » d’avoir une instance indépendante de la gendarmerie pour les affaires de harcèlement et de discrimination. Car, pour ses proches, l’histoire de Myriam résonne avec celles d’autres familles. Zineb développe : « Il existe deux vérités qui s’affrontent, une qui satisfait la gendarmerie et une qui représente les victimes de ce système. »

« On a aussi fait cette vidéo pour interpeller l’opinion publique, détaillent Hassina et Nadirha. Une décennie s’est écoulée depuis la mort de notre sœur. La société a changé. On a aussi espoir que la visibilité de son histoire permettra d’en faire avancer d’autres. »