A Menton, la « border force » va être musclée face à « des flux en augmentation »
RENFORTS•Le nombre de douaniers ainsi que la force militaire vont être doublés près de la frontière italienne, annonce le ministre de l’Intérieur Gérald DarmaninFabien Binacchi
L'essentiel
- Face à la « pression migratoire », « un doublement des effectifs douaniers, notamment au péage de La Turbie », le premier côté français, et « un doublement des effectifs Sentinelle » ont été annoncés mardi à Menton par Gérald Darmanin.
- Des effectifs qui s’ajouteront à l’appui de moyens aériens, et notamment de drones, et aux « unités de forces mobiles » supplémentaires promises par Élisabeth Borne en avril dernier.
- Selon les chiffres communiqués à 20 Minutes par la préfecture des Alpes-Maritimes, 5.691 étrangers en situation irrégulière ont été arrêtés dans le département entre le 1er janvier et le 10 août. Soit 70,2 % de plus par rapport à la même période en 2022.
A Menton, à la frontière des Alpes-Maritimes avec l’Italie, la « boarder force » lancée il y a quelques mois par la Première ministre va être musclée. Face à la « pression migratoire », « un doublement des effectifs douaniers, notamment au péage de La Turbie », le premier côté français, et « un doublement des effectifs Sentinelle » ont été annoncés mardi par Gérald Darmanin.
Les militaires, qui seront 120 au lieu de 60 actuellement, seront « dans la montagne pour reconnaître les passages nocturnes », a détaillé le ministre de l’Intérieur, sur place. Des effectifs qui s’ajouteront à l’appui de moyens aériens, et notamment de drones, et aux « unités de forces mobiles » supplémentaires promises par Élisabeth Borne en avril dernier. « Elles sont bien arrivées », a assuré Gérald Darmanin. « On est passé de deux unités, soit 120 policiers et gendarmes, à quatre aujourd’hui, soit le double. Et c’est ce qui explique en partie que le nombre d’interpellations a augmenté ».
« Ces renforts sont utiles mais ils ne sont pas pérennes »
Selon les chiffres communiqués à 20 Minutes par la préfecture des Alpes-Maritimes, 5.691 étrangers en situation irrégulière ont été arrêtés dans le département entre le 1er janvier et le 10 août. Soit 70,2 % de plus par rapport à la même période en 2022. Parallèlement, alors que le nombre de migrants arrivés sur les côtes italiennes a doublé, « nous avons une augmentation de 100 % des flux qui touchent les Alpes-Maritimes et l’ensemble des Alpes », a détaillé Gérald Darmanin.
Selon la députée (RN) des Alpes-Maritimes Alexandra Masson, « une grosse déportation des arrivées » se ferait actuellement « sur le haut de la vallée de la Roya ». La parlementaire, présente mardi à Menton, a jugé les annonces « positives mais pas suffisantes ». « Ces renforts sont utiles mais ils ne sont pas pérennes et c’est pourtant ce qu’il nous faut », a-t-elle tranché.
Depuis la création d’une « border force » (force frontière) au printemps, « tout le dispositif est désormais placé sous l’autorité du préfet et délégué à la Police aux frontières [PAF] », explique à 20 Minutes Emmanuelle Maubert, la directrice départementale de cette division de la police nationale. « On coordonne l’ensemble des opérations, du dispositif, du recueil de renseignement à des fins d’interpellation mais également de démantèlement des filières. » C’est ce dispositif qui va être encore musclé mais pour une période limitée dans le temps.
Des mineurs très isolés
Rien, en revanche, n’a été annoncé pour soulager les structures d’accueil des migrants les plus jeunes, à la charge du conseil département des Alpes-Maritimes et arrivées à saturation depuis des mois. Du 1er janvier au 25 août, 3.950 de ces mineurs non accompagnés (MNA) ont été « interceptés puis placés en foyer ». Sur la même période, en 2022, ils avaient été 1.925. « Les mineurs ne dépendent pas du ministère de l’Intérieur », avait botté en touche le ministre, la veille, dans les colonnes de Nice-Matin.
Dans un courrier adressé à Emmanuel Macron et à Élisabeth Borne le 23 août, le président du département Charles-Ange Ginésy (LR) les avait pourtant appelé à « mettre en œuvre tous les moyens pour gérer cette immigration massive ». Des associations s’étaient également émues, fin août, des « enfermements, refoulements illégaux et absences de prises en charge » auxquels ces mineurs étrangers seraient confrontés à Menton mais aussi une fois parvenus à Nice, du fait du manque de places.
Selon RESF, Médecins du Monde et la Cimade, « soixante-huit mineurs étaient enfermés le lundi 21 août, dans des locaux [à la PAF de Menton] totalement inadaptés et dans des conditions sanitaires déplorables : en pleine canicule, entassés, dormant à même le sol avec uniquement un lavabo et un WC. »