secoursL’aide aux victimes du séisme au Maroc s’organise depuis la France

Séisme au Maroc : Tentes, couvertures, dons… l’aide s’organise (officieusement) depuis la France

secoursEn attendant le feu vert des autorités marocaines pour acheminer secours et aide logistique sur le théâtre du séisme, la solidarité s’organise partout en France, notamment depuis Toulouse
Hélène Ménal

H.M. avec AFP

L'essentiel

  • Un séisme dévastateur a frappé le Maroc vendredi soir faisant plus de 2.000 morts et 1.400 blessés graves selon un bilan toujours provisoire.
  • Dimanche à la mi-journée, la France n’avait toujours pas reçu l’accord des autorités marocaines pour prendre officiellement part aux secours et à l’aide d’urgence.
  • Mais la solidarité s’organise, notamment à Toulouse, où l’association de la footballeuse internationale Nisrine Daoudi a activé ses bénévoles et ses réseaux. Ses compatriotes ont surtout besoin de tentes, de couvertures et de matériel médical.

Des Qatariens sont déjà sur place avec cinq chiens de recherche, l’Espagne vient d’envoyer 56 secouristes ce dimanche. La communauté internationale se mobilise pour venir en aide au Maroc, frappé vendredi soir par un tremblement de terre meurtrier qui a fait pour l’heure plus de 2000 morts. Le pays panse ses plaies, mais pour l’instant sans l’aide officielle de la France, qui, à l’instar de la Turquie par exemple, n’a pas reçu le feu vert de Rabat pour déployer ses équipes de secouristes. « Nous avons mobilisé l’ensemble des équipes techniques et de sécurité pour pouvoir intervenir quand les autorités du Maroc le jugeront utile », a indiqué Emmanuel Macron ce dimanche midi, lors d’une conférence de presse qui se tenait à l’issue du sommet du G20 à New Delhi. « A la seconde où cette aide sera demandée, elle sera déployée (…) maintenant c’est évidemment aux autorités marocaines d’en décider en fonction de leur évaluation sur le terrain et pour que ce soit fait en bon ordre », a ajouté le chef de l’Etat.

Cette difficulté à apporter une aide immédiate est aussi illustrée par le témoignage d’Arnaud Fraisse, le président de l’ONG française Secouristes sans frontières, Il a affirmé dimanche matin sur France Inter que le Maroc bloquait des équipes de secours. « Normalement, on aurait voulu prendre un avion qui décolle dans une minute à Orly, a-t-il souligné. Malheureusement, on n’a toujours pas eu l’accord du gouvernement marocain », a-t-il déclaré.

Besoin de couvertures et de tente

Une équipe française de pompiers bénévoles de l’ONG Casc Appui, originaires de Lyon, a pu toutefois se poser au Maroc, avec son maître-chien et environ 300 kg de matériel. Elle doit participer ce dimanche aux opérations de secours organisées à une cinquantaine de kilomètres de Marrakech.

A Saint-Etienne, l'association PHF spécialiste de protection civile a envoyé dimanche après midi une équipe de huit personnes à Marrakech – un médecin, deux infirmiers et trois secouristes – et du matériel, par un vol commercial depuis Lyon. « On a fait le choix d’envoyer dès maintenant une équipe pour être le plus efficace possible. Une fois sur place, on se mettra à la disposition des autorités locales », a déclaré à l’AFP Mathieu Beaugiraud, le vice-président de l'association.

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En attendant que Rabat donne ses consignes pour l’organisation de la solidarité, les associations caritatives françaises comme la Croix Rouge, la Fondation de France ou le Secours populaire ont aussi rapidement lancé leurs appels aux dons. Et, puis la communauté marocaine de France utilise ses propres réseaux pour apporter son soutien. C’est le cas à Toulouse de Nisrine Daoudi, ancienne internationale marocaine de football, dont « le cœur saigne » depuis que la nouvelle de la catastrophe est tombée. Avec son « Association Sans Frontières » et en lien avec son consulat, elle est sur le pied de guerre depuis vendredi soir. « Les autorités programment et s’organisent pour gérer, confirme l’ex-joueuse du TFC et l’urgence est de répondre à la crise sanitaire ».

« Sauver des vies tant qu’on le peut »

La liste officielle qui lui a été transmise insiste sur le fait que les Marocains sinistrés ont besoin de tentes, de sacs de couchage, de couvertures, de couche et de lingettes pour bébés. Nisrine Daoudi a obtenu de la mairie de Toulouse une salle municipale – une des anciennes maisons de garde d’AZF, route d’Espagne – pour recueillir les dons en nature. Mais elle sait d’ores et déjà que le petit bâtiment sera vite saturé et lance donc un « appel aux entreprises de Toulouse qui pourraient prêter un entrepôt et un hangar ». L’association a déjà mobilisé quelque 1.500 bénévoles à travers la France et veut plus particulièrement sensibiliser « les grandes enseignes de sport pour récupérer les tentes ». Elle recueille également des dons financiers, pour les achats de colis alimentaires.

Mais pour parer au plus pressé et « sauver des vies tant qu’on le peut », Nisrine Daoudi veut surtout acheminer au Maroc ses « équipes médicales », dotées de matériel de soin neuf. Kits et fils de suture, clous de fémur ou de jambe, minerves cervicales, saturomètres figurent notamment sur la liste précise transmise par son consulat. Ce dernier lui a dit de « se tenir prête ». Elle en conclut que la situation va se débloquer rapidement pour les secours français.