Vin, je t’emmèneLes machines à vendanger sont partout et la France en est la championne

« Très peu de vignerons peuvent s’en passer »… La France est aussi la championne des machines à vendanger

Vin, je t’emmèneLa principale usine mondiale de machines à vendanger, celle de la marque New Holland Braud, se trouve en Vendée. Elle expédie des machines dans une trentaine de pays
Frédéric Brenon

Frédéric Brenon

L'essentiel

  • Les vendanges sont lancées. Et si les premiers coups de sécateur ont déjà été donnés dans l’Aube, l’Hérault ou dans le Bordelais, pour le blanc, la récolte du raisin devrait s’étaler jusqu’à fin septembre.
  • Pas question pour 20 Minutes et ses journalistes en régions de passer à côté de cet épisode clé, alors que mildiou frappe de plein fouet les vignobles de Nouvelle-Aquitaine ou que la canicule a éprouvé le début de la récolte.
  • Ce samedi, zoom sur l’usine New Holland Braud, principal fabricant des fameuses machines à vendanger, utilisées dans la majorité des vignobles.

Les vignerons n’aiment généralement pas trop communiquer sur la chose, préférant mettre en avant l’image d’Epinal des raisins récoltés par des cueilleurs, le nez dans les feuilles, sécateur à la main. Pourtant, à l’heure où les vendanges battent leur plein, plus de 70 % des vignes françaises sont bel et bien ramassées à la machine. La mécanisation s’est imposée dans tous les grands pays viticoles, y compris chez certains domaines de grands crus. Et c’est en France que se trouve, de loin, la plus grosse usine mondiale de machines à vendanger. Plus précisément en Vendée, à Coëx, à une heure de route du vignoble nantais.

Près de 520 machines par an sont conçues de A à Z sur cet immense site appartenant au groupe italoaméricain CNH Industrial. Elles sont commercialisées sous la marque New Holland, bien connue des agriculteurs pour ses tracteurs et moissonneuses, mais affichent aussi la marque Braud, en référence au pionnier français de la mécanisation viticole au milieu des années 1970.

« Ça a véritablement révolutionné la récolte, estime Thierry Le Briquer, responsable développement du secteur fruits et légumes de CNH. Le développement a été progressif au rythme des améliorations technologiques. Il fallait aussi convaincre car on touche en France à un pan de notre culture. Aujourd’hui, très peu de vignerons peuvent s’en passer, surtout avec les difficultés de recrutement. »

« Partout où on produit du vin, nous sommes là »

Vendue entre 210.000 et 500.000 euros selon les modèles et les options, une machine vendange en moyenne un hectare à l’heure. L’équivalent du travail d’une quarantaine de vendangeurs. Elle fonctionne par « secouage » des pieds de vignes. « Les secousses font tomber les raisins, lesquels sont récupérés par la noria (des petits paniers). Les impuretés, fragments de feuilles, de bois, sont ensuite triées et les grains isolés dans une benne », résume Thierry Le Briquer. La performance des machines est telle qu’elles peuvent s’adapter à la hauteur de la vigne, à la largeur des rangs, sélectionner la finesse de tri des baies et offrir une cabine climatisée dotée d’outils numériques.

Le centre d'excellence des machines à vendanger de la marque New Holland Braud se trouve à Coëx (Vendée).
Le centre d'excellence des machines à vendanger de la marque New Holland Braud se trouve à Coëx (Vendée). - F.Brenon/20Minutes

New Holland Braud, qui agrandit actuellement la surface de ses locaux vendéens pour pouvoir augmenter la production, exporte ses machines à vendanger dans 30 pays (Espagne, Italie, Etats-Unis, Afrique du sud, Australie…), y compris dans des vignobles inattendus comme la Pologne, la Belgique ou les Pays-Bas. « Partout où on produit du vin, nous sommes présents, estime Thierry Briquer. Certaines grandes exploitations américaines ont jusqu’à 40 machines. » Les ventes sont stables depuis quelques années, le marché étant principalement du renouvellement. « La durée de vie de nos machines s’étire entre 7 et 15 ans. Il y a toutefois une croissance importante dans certains pays du nord, comme l’Angleterre. C’est la conséquence du réchauffement climatique. »

La machine n’a pas que des amis

En France, certains vignobles à fort dénivelé ne permettent pas la récolte mécanique. Quelques AOC interdisent également le recours à la machine (champagne, jurançon, limoux…), tandis que d’autres exploitants s’y refusent coûte que coûte. Une partie de la profession l’accuse d’abîmer les ceps, d’endommager les sols, de mal sélectionner les grappes, voire d’altérer la qualité du vin, notamment des rouges. « Il y a surtout des idées reçues, récuse Thierry Le Briquer. On a un recul de 40 ans maintenant. On sait que les machines n’ont pas accéléré le renouvellement des vignes. La technologie a énormément progressé et la machine à vendanger reste un gage de fiabilité : les propriétaires peuvent récolter au bon moment, même la nuit, quelles que soient les conditions météo ou le personnel disponible. »

La fabrication de machines à vendanger est une spécialité française puisque les principaux concurrents de New Holland Braud sont Pellenc, société du Vaucluse, et Grégoire, basé en Charente.

Outre l’activité vendanges, le leader mondial produit en Vendée des « enjambeurs », tracteurs spécialement adaptés au passage dans les rangs de vignes étroits, souvent des vignobles prestigieux. New Holland Braud développe aussi des solutions de robotisation adaptées aux autres missions des vignerons. Le « centre d’excellence » de Coëx, qui emploie 400 personnes environ, produit également des machines pour récolter les olives et les amandes.