SOLIDARITéComment donner son lait maternel dans un lactarium ?

Comment donner son lait maternel dans un lactarium ?

SOLIDARITéDepuis des mois, les réfrigérateurs du lactarium de Montpellier, comme ceux de bien d’autres établissements en France, sont presque vides
Nicolas Bonzom

Nicolas Bonzom

L'essentiel

  • Depuis plusieurs mois, les stocks sont au plus bas au lactarium de Montpellier, comme dans bon nombre d’autres établissements en France, qui fournissent en lait maternel les services hospitaliers accueillant des enfants prématurés.
  • Toutes les mamans peuvent donner leur lait, à condition de ne pas fumer, de ne pas boire de l’alcool et de ne pas consommer de stupéfiants. Les femmes qui ont récemment contracté une infection virale ou qui ont bénéficié d’une transfusion ou d’une greffe d’organe, peuvent aussi ne pas être autorisées à donner leur lait.
  • Une fois collecté aux domiciles des donneuses, le lait est contrôlé bactériologiquement au lactarium, puis pasteurisé et contrôle à nouveau.

Au lactarium de l’hôpital de Montpellier (Hérault), les réfrigérateurs sont presque vides. Dans cet établissement, le seul dans le sud de la France habilité à collecter du lait maternel, les dons sont rares. Déjà, au début de l’été, le lactarium, qui manquait désespérément d'« or blanc », avait appelé à la solidarité des mamans. Deux mois après, les stocks sont toujours aussi faibles. « Nous sommes toujours en pénurie, la situation est toujours critique, déplore Corinne Lena, puéricultrice et coordinatrice du lactarium de Montpellier. L’été, c’est toujours une période compliquée. Les mamans partent en vacances, et puis les bébés, en raison des grosses chaleurs, tètent beaucoup plus. »

Mais cette situation perdure depuis bien avant l’été. La baisse de la natalité, notamment en Occitanie, pourrait en partie expliquer cette chute des dons. Aujourd’hui, le lactarium de Montpellier, comme bien d’autres établissements partout en France, ne parviennent pas à satisfaire les demandes des services de néonatalité qu’ils fournissent. Car ces dons, ils bénéficient essentiellement aux enfants nés prématurément, en particulier à ceux qui sont venus au monde « en dessous de 32 semaines », explique Corinne Lena.

Pour les enfants prématurés, c’est un véritable « médicament »

Le lait maternel améliore en effet grandement leur pronostic vital, et « permet de réduire très significativement les complications observées », détaille le CHU de Montpellier. Pour les enfants prématurés, c’est un véritable « médicament ». L’Organisation mondiale de la santé (OMS) recommande d’ailleurs l’utilisation de lait issu des lactariums, lorsque la mère biologique n’en a pas, ou pas assez, pour son enfant hospitalisé. Or, il n’est pas toujours possible, pour une maman d’un enfant prématuré, de donner son propre lait, explique la puéricultrice et coordinatrice du lactarium de Montpellier. « La situation est parfois compliquée pour elle, et pas toujours propice pour un allaitement optimal. C’est pour combler ce manque que les dons de lait sont primordiaux », confie Corinne Lena.

Alors, comment les mamans peuvent-elles être solidaires ? Le don de lait est possible pour la plupart des mères. Seules celles qui fument, boivent de l’alcool ou consomment des stupéfiants, ainsi que certains médicaments ne sont pas habilitées à le faire. Les femmes qui ont récemment contracté une infection virale (comme les hépatites B et C ou HIV), ou qui ont bénéficié d’une transfusion ou d’une greffe d’organe, peuvent aussi ne pas être autorisées à donner leur lait. Quoi qu’il en soit, le lait « est contrôlé bactériologiquement, pasteurisé, puis à nouveau contrôlé », indique Corinne Lena. Pour donner, il suffit de contacter directement les lactariums (voir ci-dessous). Le lactarium fournit aux mamans des flacons à usage unique. Les donneuses doivent recueillir leur lait, à l’aide d’un tire-lait, puis doivent le congeler et le stocker dans son congélateur.

Et, la plupart du temps, comme c’est le cas à Montpellier, l’équipe du lactarium se déplace directement à leurs domiciles, pour collecter les flacons. « Une fois par mois, partout dans le Sud de la France », en ce qui concerne le lactarium héraultais, détaille Corinne Lena.

Donner son lait, « un geste altruiste essentiel »

Véronique, maman de six enfants, a, pendant longtemps, donné son lait, « au lactarium de Paris-14 », confie-t-elle. « En 1996, je venais d’accoucher de mon deuxième enfant quand j’ai lu un article sur le dont de lait, dans un magazine. Je tirais déjà mon lait pour ma fille, afin que son papa puisse la nourrir en mon absence. J’ai donc contacté le lactarium. » Pour Véronique, donner son lait était un « geste altruiste », essentiel pour elle. De la même manière qu’elle a toujours donné son sang, dès ses 18 ans, et qu’elle a été volontaire pour un don d’ovocytes. « Donner ce que l’on peut me semble être une composante essentielle de l’humanité, poursuit-elle. Peut-être un jour aurais-je à mon tour besoin d’un don. Même si je le fais sans absolument rien attendre en retour. »

Dès 1996, Véronique a ainsi tiré son lait, et « Bruno, le monsieur du lactarium de Paris-14, venait tous les quinze jours pour récupérer les biberons que je stockais au congélateur, raconte-t-elle. J’ai, par la suite, eu quatre autres enfants, en 1999, en 2002, en 2010 et en 2012, et j’ai à chaque fois contacté le lactarium dès la sortie de la maternité. C’est toujours Bruno, qui venait récupérer le lait. S’il lit votre article, je lui passe le bonjour ! »

La liste de tous les établissements de l’Hexagone est à retrouver ici, sur le site de l’Association des lactariums de France. Pour contacter le lactarium du CHU de Montpellier : 04.67.33.66.99 ou [email protected]