votre vie, votre avisLes secrets des profs pour aborder la rentrée avec le sourire (malgré tout)

Rentrée scolaire 2023 : Les recettes des enseignants pour durer dans le métier… « Je ne refais jamais la même chose »

votre vie, votre avisCe vendredi, les enseignants font leur pré-rentrée dans les établissements
Delphine Bancaud

Delphine Bancaud

L'essentiel

  • Ce vendredi, c’est la pré-rentrée des profs. Et même si les motifs d’insatisfaction persistent à l’Education nationale, de nombreux enseignants reprennent le flambeau avec plaisir.
  • Ceux qui ont témoigné auprès de 20 Minutes expliquent ainsi leur plaisir de la transmission, la joie de voir des élèves progresser, leur sentiment d’utilité.
  • Pour durer dans le métier, ils se forment, renouvellent leurs pratiques pédagogiques et lancent de nouveaux projets.

Ils y croient encore. Ce vendredi, jour de pré-rentrée des enseignants, ils seront nombreux à reprendre le chemin de leur établissement motivés. Non pas qu’ils éludent les difficultés de leur profession (salaires insatisfaisants, classes trop chargées, injonctions ministérielles changeant sans cesse…). Mais si leur quotidien n’est pas toujours rose, ce métier, ils y tiennent. Tout bonnement car ils se sentent utiles. Et c’est ce plaisir à faire classe qui explique la longévité professionnelle de certains, comme Stéphanie, enseignante depuis vingt-cinq ans au collège. « Ce qui me donne envie de continuer, c’est la transmission, la relation aux élèves, l’envie de les aider à s’épanouir et à trouver leur voie. Ce sont vraiment eux qui font tenir, car la vraie reconnaissance nous vient d’eux », témoigne celle qui a répondu à notre appel à témoins.

Ce rapport privilégié, c’est vraiment le moteur de nombreux enseignants. La preuve avec Armand, 37 ans : « Quand un élève vous dit qu’il adore vos cours, ou que vous allez lui manquer l’année prochaine, ça rebooste complètement ! Pareil quand on recroise un ancien élève quelques années plus tard et qu’il est ravi de vous parler et de se remémorer ses années de cours ! » Pierre, lui, a même un petit rituel avant la rentrée : « Je relis les messages de remerciements que m’ont envoyés les élèves les années précédentes. Ou ceux d’anciens élèves qui donnent de leurs nouvelles parfois dix ans après en disant "c’est grâce à vous !". Ça revigore ! » Antoine, 35 ans, contractuel, puise aussi sa motivation dans sa relation forte avec les élèves : « Je m’accroche aux petits rien qui font la beauté de ce métier : un élève qui va te dire "merci pour ce cours " en sortant de la classe. Des parents qui témoignent en voyant l’évolution positive de leur enfant. Un message sur Pronote de futurs bacheliers qui nous disent combien ils ont été contents de travailler avec nous. »

Changer ses pratiques pour se renouveler

Impossible également pour Elsa, prof d’allemand depuis trente-sept ans, de se lasser : « Notre métier est très varié, car chaque classe est différente », souligne-t-elle. Ce qui suppose de savoir s’adapter à chaque cohorte, en choisissant la méthode pédagogique la plus efficace en fonction du niveau des élèves ou de leurs difficultés particulières. Emmeline, enseignante depuis neuf ans, dont huit en maternelle, a aussi gardé sa capacité d’émerveillement : « En petite section, nous posons les bases pour le reste de la scolarité des enfants, qui apprennent à vivre ensemble. A cet âge-là, ils grandissent très vite, et voir leur évolution entre leur entrée à l’école et la fin de la petite section me fait me dire que c’est pour ça que j’aime mon métier : les voir devenir de plus en plus autonomes. »

Pour tenir la distance, le secret, c’est aussi de savoir se renouveler. Comme en témoigne Catherine, 60 ans, professeure des écoles depuis trente ans : « Je construis des projets chaque année (artistiques, solidaires…) Je suis curieuse et me forme sur le tas (recherches personnelles, stages syndicaux…) Et je travaille en équipe dès que possible, c’est essentiel de confronter ses méthodes ». Un dynamisme professionnel dont fait aussi preuve Stéphanie : « Pour rester motivée, je réfléchis durant l’été à de nouvelles séquences et de nouveaux projets. Je me forme régulièrement, et j’essaie de nouvelles pratiques pédagogiques, pour rendre les élèves plus actifs et autonomes. Cette année, j’ai aussi refait la décoration de la classe, en installant un coin lecture pour essayer de leur donner envie de lire, une fois le travail terminé. »

Projets, mutation… L’art du changement

Pour entretenir l’intérêt qu’elle a pour son job, Maude, qui enseigne depuis vingt ans, dont dix-sept en lycée professionnel le français et l’histoire géo, imagine de nouvelles aventures : « Je me focalise sur des projets hors de mes cours, notamment à l’international. Ça ouvre les élèves sur le monde. » Géraldine, 50 ans et enseignante depuis vingt ans, se remet également en cause chaque année : « Je ne refais jamais la même chose. Je lis beaucoup durant l’été, je regarde les innovations dans les autres pays. Si je suis motivée, mes élèves le seront ! Il n’y a pas de secret. »

Pour éviter de tomber dans la routine, Elsa, enseignante depuis vingt-sept ans, a sa propre méthode : « Je change de poste tous les cinq ans, et j’ai même réussi à changer d’activité depuis cinq ans. Je suis prof de français et m’occupe aujourd’hui spécifiquement des élèves avec handicap. »

S’appuyer sur l’équipe pour traverser les difficultés

Autre « recette » pour être bien dans son job : s’appuyer sur le collectif, comme le fait Christine, profs de maths depuis vingt-trois ans dans un collège : « J’adore mon métier chaque année un peu plus. Mon secret : des collègues extraordinaires et une équipe soudée, l’amour de la matière que j’enseigne, la passion des relations humaines et l’envie de continuer à partager. » Car le fait de pouvoir se confier sur ses difficultés en salle des profs permet souvent de les relativiser ou de trouver des solutions. Et l’esprit de corps à l’Education nationale n’est pas qu’un concept.