Frais comme la Breizh« J’ai remis mon pull »… En Bretagne, les touristes fuient la canicule

Canicule : « J’ai remis mon pull »… En Bretagne, les touristes affluent pour respirer

Frais comme la BreizhLes fortes chaleurs ont poussé les vacanciers à prolonger leur séjour sur les côtes bretonnes où les températures sont largement supportables cette semaine
Camille Allain

Camille Allain

L'essentiel

  • Alors qu’une grande moitié sud de la France cuit sous des températures caniculaires, la Bretagne vit une fin d’été douce et ensoleillée.
  • De nombreux touristes ont changé leurs plans de vacances pour venir profiter de la fraîcheur des journées et des nuits bretonnes.
  • Dans les campings, la fréquentation ne faiblit pas notamment pour accueillir les voyageurs itinérants.

De notre envoyé spécial en Scandinavie française,

C’est un pays où l’on peut sortir en pleine journée sans risquer d’étouffer. Une contrée magique où la climatisation est naturelle grâce à un léger vent. Souvent raillée pour son ciel capricieux, la Bretagne fait aujourd’hui partie des destinations les plus prisées en France. Son argument principal : sa météo. Alors qu’une grande moitié sud de la France suffoque sous une chaleur caniculaire, le nord-ouest de la France respire. Comme la Normandie, la Bretagne a été douchée par d’intenses pluies en juillet et début août, au grand dam des campeurs. Mais depuis le début de l’épisode de canicule, elle tient sa revanche. « Quand on voit les températures qu’ils ont dans le Sud, on se dit qu’on est chanceux », reconnaît Sylvain.

Venu pique-niquer avec sa femme Vanessa et leurs deux filles, le Breton a osé se mettre torse nu. Sur la très belle plage des Briantais, ils ne sont pas nombreux à s’y être risqué. Il faut dire que le soleil se fait timide en ce mercredi midi et que le mercure peine à dépasser les 23 degrés alors que 19 départements du Sud sont toujours en alerte rouge jeudi. Venue d’Iffendic, près de Rennes, la famille a improvisé une petite semaine supplémentaire de vacances et ne regrette pas. « On n’aime pas trop la chaleur. Quand on vient ici, on sait qu’on peut bouger la journée, qu’on va bien dormir la nuit ».

Sur la plage des Briantais à Lancieux (Côtes-d'Armor), les locaux sont nombreux à venir pique-niquer et profiter d'une fin d'été douce.
Sur la plage des Briantais à Lancieux (Côtes-d'Armor), les locaux sont nombreux à venir pique-niquer et profiter d'une fin d'été douce.  - C. Allain/20 Minutes

Sur cette plage familiale de Lancieux (Côtes-d’Armor), on trouve surtout des locaux. Tous savent que l’été est brûlant partout ailleurs. Les Bretons sont un peuple fier de leur région. Alors quand elle fait figure d’exception, ils ne se privent pas pour s’en vanter. « On vient ici prendre un bol d’air sans mourir de chaud. On peut aller à la plage avec le petit, c’est très agréable », explique Jean-Michel, qui a sorti le parasol pour protéger son jeune fils du soleil, caché sous un léger voile. « Il y a quelques semaines, j’ai rencontré un monsieur qui venait de Marseille. C’était un jour de pluie mais il était ravi ! Il venait chercher la fraîcheur ici parce qu’il n’en pouvait plus de la chaleur chez lui », témoigne Marie-Angèle, assise un peu plus loin.

Les vacances à Toulon, c’était bien aussi

Présente à ses côtés, sa fille Virginie est plus mitigée. Venue en robe légère, elle a froid. « J’ai passé trois semaines en vacances à Toulon et il a tout le temps fait beau. Au moins, là-bas, tu ne te poses pas la question de ce que tu vas mettre comme vêtement ». Les jambes bronzées par son séjour dans le Var, la Bretonne reconnaît qu’il y faisait « souvent très chaud ». « Pour nous ça allait, parce qu’on était en vacances et qu’on avait la piscine. Mais pour ceux qui y travaillent, ça doit être dur ». Le département du Var est placé en vigilance orange ce mercredi avec des maximales attendues à 35 degrés. Soit dix de plus que dans les Côtes-d’Armor.

Le dôme de chaleur qui s’est posé sur la moitié sud de la France a poussé une partie de ses habitants à la quitter pour trouver des contrées plus fraîches. Si certains grimpent dans les montagnes, bon nombre de camping-caristes ont eu l’idée de faire route vers l’ouest. « Quand on est partis de Montauban (Tarn-et-Garonne), il faisait 35 degrés. Mais là, c’est de pire en pire. On a eu la famille au téléphone, ils ont 41 degrés aujourd’hui. Je peux vous dire qu’ils souffrent. Quand on leur a dit qu’on avait eu froid ce matin, ils ne nous comprenaient pas », raconte Tony. Parti il y a une semaine, le Montalbanais a garé son camion sur un petit parking non loin de la plage de Saint-Sieu où il s’apprête à déjeuner avec sa femme Vojsava. « Ce matin, j’ai remis mon pull », reconnaît-elle. Son rêve est pourtant commun à celui d’une grande partie de la France : « je voudrais prendre une douche », glisse-t-elle dans un sourire. Pas parce qu’elle a trop chaud, mais parce qu’elle n’a pas pu trouver un seul camping avec une place pour son camion. « Tout est complet, c’est de la folie. Je pensais qu’après le 15 août, ce serait plus calme », reconnaît Tony.

C’est l’effet un peu inattendu de cette vague de chaleur. Alors que le pic touristique s’érode en général après le 15 août en Bretagne, il ne semble pas retomber cet été.

« « On avait une dizaine d’emplacements qui se libéraient. Mais on a tout rempli hier soir. Les gens voient qu’il fait beau, ils viennent en dernière minute. » Julien, du camping du Vallon aux Merlettes, à Matignon (Côtes-d’Armor). »

« On a des clients qui viennent de Lyon et de Grenoble. Ils nous ont expliqué qu’ils voulaient fuir la chaleur. Beaucoup veulent rester plus longtemps, ils appréhendent de rentrer. La Bretagne risque de devenir de plus en plus prisée », ajoute Catherine, gérante du camping des Vallées, à Saint-Brieuc. Un moyen de compenser un mois de juillet moins étincelant, plombé par les caprices du ciel. « Le tourisme a toujours été fluctuant selon la météo. Il y a peut-être un effet canicule mais c’est difficilement quantifiable », tempère Lisa Fonlupt, chargée des relations presse à l’office de tourisme Saint-Malo baie du Mont-Saint-Michel.

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Sur les plages de Lancieux, nous avons aussi croisé le chemin de Nathalie, qui habite à Nice à l’année. Heureuse propriétaire d’une petite maison secondaire, elle vient en vacances dans les Côtes-d’Armor depuis soixante ans. « Nous sommes arrivés début août en pleine tempête. Mais on le sait quand on vient ici. On sait qu’on va retrouver de la fraîcheur et on en est très content car le climat est plus agréable que chez nous en été ». A Nice, elle explique qu’il devient « difficile de vivre sans climatisation » tant il fait chaud. « La nuit, on ne dort pas car la température ne baisse pas, ça en devient insupportable ». Ce soir, Nathalie enfilera comme la plupart des touristes une petite laine pour traîner un peu dehors. Un réflexe que Bordelais, Marseillais et Lyonnais ont sans doute oublié.