Amnesty International : La dangerosité des armes à létalité réduite au cœur d’une campagne de l’ONG en France
LBD•D’abord diffusée sur les réseaux sociaux, la campagne de l’ONG sera ensuite visible en affichage urbain à partir du 28 août à Paris, Bordeaux, Lyon, Marseille et Nantes20 Minutes avec AFP
Les armes à « létalité réduite » sont dans le viseur d’Amnesty International. L’ONG alerte à nouveau sur la dangerosité de celles-ci, utilisées dans le cadre du maintien de l’ordre, au travers d’une campagne lancée ce mardi en France dénonçant principalement l’usage des LBD 40 et des grenades lacrymogènes et de désencerclement.
« Aujourd’hui, tout coûte un bras, sauf manifester qui coûte aussi un œil », peut-on lire sur l’un des visuels de la campagne. « Le cortège partira à 14h et deviendra funèbre à 16h », est-il écrit sur un autre.
Des tirs de LBD au cœur de plusieurs enquêtes
D’abord diffusée sur les réseaux sociaux, puis en affichage urbain à partir du 28 août à Paris, Bordeaux, Lyon, Marseille et Nantes, la campagne « vise à alerter sur l’urgence de réglementer le commerce et l’utilisation d’armes à létalité réduite qui ont, rien qu’en France, gravement mutilé des dizaines de personnes et conduit à plusieurs décès », avance Amnesty.
L’ONG demande depuis plusieurs années la suspension de l’usage des LBD 40 (lanceurs de balles de défense) dans l’attente d’une enquête sur leur utilisation. Récemment, trois policiers du Raid ont été mis en examen, soupçonnés de tirs de LBD sur Mohamed Bendriss, 27 ans, mort dans la nuit du 1er au 2 juillet à Marseille lors des émeutes ayant suivi la mort de Nahel. Dans ce contexte, les LBD ont aussi été à l’origine de plusieurs éborgnements.
Amnesty rappelle également sa volonté d’interdire l’usage des grenades lacrymogènes et celles de désencerclement, qu’elle juge « particulièrement dangereuses » au vu des mutilations (assourdissements, brûlures, mains arrachées…) observées sur des manifestants. « Il faut marquer les esprits car nous avons atteint un point où on ne peut pas rester sans réaction », commente Jean-Claude Samouiller, président d’Amnesty France. En parallèle, l’organisation recueille des signatures dans le cadre d’une pétition mondiale dédiée, qui sera remise lors de la résolution discutée à l’Assemblée générale des Nations unies au printemps 2024 et qui vise à encadrer ces armes.
Amnesty dénonce un usage « abusif et non conforme au droit international »
En mars, Amnesty a dénoncé leur usage « généralisé, abusif et non conforme au droit international » lors des opérations de maintien de l’ordre, sur les cinq dernières années et dans plus de 30 pays, dans son rapport intitulé Mon œil a explosé. Celui-ci relève qu’entre 1990 et 2017, 1.984 personnes dans le monde ont ainsi été blessées par un projectile à impact cinétique, 53 en sont mortes et 300 se trouvent désormais en situation d’invalidité permanente.