Emeutes à Roubaix : Conflit social évité de peu dans une entreprise incendiée par les émeutiers
le jour d’après•Entièrement ravagée par un incendie volontaire au cours d’une nuit d’émeutes, l’entreprise Tessi a dû se résoudre à placer la moitié de ses 500 employés en chômage partielMikaël Libert
L'essentiel
- Dans la nuit de jeudi à vendredi, l’entreprise Tessi, à Roubaix, a été entièrement ravagée par un incendie lors des émeutes qui ont suivi la mort de Nahel.
- Les 500 employés, originaires de Roubaix et de Tourcoing, ont été placés dans la foulée en chômage partiel.
- D’abord contesté par les syndicats, le plan de continuité de la direction a finalement obtenu leur aval, ce mercredi.
L’incendie de l’entreprise Tessi Prochèques Nord, à Roubaix, dans la nuit de jeudi à vendredi, fait partie des faits les plus graves survenus dans le Nord lors des émeutes qui ont suivi la mort de Nahel à Nanterre. Si les dégâts matériels sont considérables, il n’y a toutefois aucun blessé à déplorer. Pas de blessé, certes, mais des victimes collatérales, les employés du site, dont la moitié a été mise au chômage partiel. Au désespoir d’avoir vu leur outil de travail partir en fumée, les salariés ont failli perdre une bonne partie de leurs revenus. Ça ne sera pas le cas.
Les émeutiers s’y sont pris en deux fois pour abattre une entreprise installée dans le quartier sensible de l’Alma, à Roubaix, depuis près d’un quart de siècle. Un premier départ de feu avait eu lieu dans la nuit de mercredi à jeudi, sans trop de conséquences. Le coup de grâce est survenu la nuit suivante, avec cette fois un incendie qui a entièrement ravagé les locaux de Tessi, une entreprise de digitalisation administrative qui emploie près de 500 personnes. A cela s’est ajouté le pillage de matériel épargné par les flammes.
Un accord finalement trouvé sur le chômage partiel
Dès le lendemain du drame, la direction a présenté au CSE un « plan de continuité de l’activité » avec un certain nombre de propositions qui n’ont pas enchanté les élus du syndicat majoritaire Sud. Selon le secrétaire de SUD Télécom Nord, Vladimir Marcus, malgré un accord de télétravail signé début juin, la direction ne prévoyait de faire bénéficier de ce dispositif « qu’une minorité de salariés ». Il ajoute qu’un « maximum de 50 salariés ont été affectés sur un site annexe et que les autres allaient être en chômage partiel ». Toujours selon Sud, pour ces derniers, l’entreprise n’avait pas l’intention de compenser l’indemnité versée par l’Etat équivalant à 60 % du salaire brut.
« La plupart des salariés sont de Roubaix et Tourcoing et sont rémunérés au Smic, cela équivalait à les plonger dans la pauvreté alors qu’ils ne sont pour rien dans ce qui est arrivé », déplore le syndicaliste. Finalement il n’en sera rien. Certes, la direction ne compte pas étendre, du moins pour l’instant, l’accès au télétravail. Elle a néanmoins promis, ce mercredi, de compenser l’indemnité de chômage partiel pour que les employés empêchés de travailler continuent de toucher 100 % de leur salaire brut.
Pour la suite ? Il est trop tôt pour faire des plans sur la comète. Aux élus du CSE, la direction a fait part de ses craintes que la situation dure ainsi plusieurs mois. Il faut que Tessi dégote de nouveaux locaux capables d’accueillir tout le monde, « on ne sait pas encore où, mais ce sera sans doute dans la métropole », espère Vladimir Marcus. Contactée par 20 Minutes, la direction de Tessi n’a pas (encore) donné suite.