BANLIEUESApeuré par les émeutes de 2005, l’exécutif joue la carte de l’apaisement

Mort de Nahel : Apeuré par « les émeutes de 2005 », l’exécutif joue la carte de l’apaisement

BANLIEUESDes violences urbaines ont éclaté après la mort de Nahel, 17 ans, tué mardi par le tir d’un policier
20 Minutes avec AFP

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L'essentiel

  • Un policier soupçonné d’avoir tiré sur un automobiliste de 17 ans mardi à Nanterre en raison d’un refus d’obtempérer a été placé en garde à vue après la mort du jeune homme. Dans un premier temps, des sources policières ont affirmé que le véhicule avait foncé sur les forces de l’ordre. Mais une vidéo circulant sur les réseaux sociaux remet en cause cette version.
  • D’importantes tensions et dégradations ont émaillé la nuit de mercredi à jeudi dans de nombreuses communes de banlieue parisienne, les violences urbaines se propageant dans d’autres villes de France comme Toulouse et Lyon.
  • Le ministre délégué à la Ville s’est entretenu avec la mère de la victime pour lui présenter les « condoléances du gouvernement » et l’assurer du « soutien de la Nation ». La gauche a notamment pointé « un problème de racisme ». Marine Le Pen s’en est, elle, remise à la prudence.

L’exécutif tente d’éviter l’embrasement des banlieues. Emmanuel Macron et la majorité se sont voulus implacables après le drame de Nanterre, où un adolescent a succombé au tir à bout portant d’un policier, alors que certains à gauche ont pointé « un problème de racisme » et que Marine Le Pen s’en est remise à la prudence.

A Marseille où il était en déplacement, le président de la République a fait part de « l’émotion de la Nation tout entière » après la mort mardi de Nahel, 17 ans. Une vidéo a montré qu’un des deux policiers le tenait en joue, puis a tiré à bout portant.

Borne fait valoir « une exigence absolue de vérité »

Alors que la garde à vue du suspect a été prolongée, la Première ministre a qualifié au Sénat ces images de « choquantes ». Elles montrent selon elle « une intervention qui n’est manifestement pas conforme aux règles d’engagement de nos forces de l’ordre ». Un peu plus tôt, elle avait déjà fait valoir « une exigence absolue de vérité » dans cette affaire pour laquelle la défenseure des droits s’est saisie d’office.

Près de vingt ans après les émeutes dans les banlieues françaises, l’exécutif entend circonscrire un potentiel brasier. « Il y a le fantôme de 2005 », consent ainsi un conseiller de l’exécutif, s’inquiétant de « voir des mouvements se structurer sur les réseaux sociaux » autour de l’affaire : « il y a tous les ingrédients pour que cela pète potentiellement ».

A la demande d’Emmanuel Macron, le ministre délégué à la Ville, Olivier Klein, par ailleurs ancien maire de Clichy-sous-Bois, s’est entretenu avec la mère de la victime pour lui présenter les « condoléances du gouvernement » et l’assurer du « soutien de la Nation ». Et, à l’Assemblée nationale, la présidente Yaël Braun-Pivet a donné droit à la requête de la députée LFI Mathilde Panot de faire observer une minute de silence.

Après une nuit de violences urbaines, le porte-parole du gouvernement Olivier Véran a par ailleurs lancé « un appel au calme », à l’issue du Conseil des ministres. Lors de cette réunion, le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin a d’ailleurs fait une « communication non prévue » sur cette affaire, un type de prise de parole « rare » qui « montre la sensibilité de la situation » et « l’attention qu’on y accorde », selon l’un des participants.

Marine Le Pen fustige les propos d’Emmanuel Macron

Face à cet empressement de l’exécutif et de la majorité, Marine Le Pen a déploré les propos « très excessifs » et « irresponsables » du chef de l’Etat. « Le président est prêt à oublier les principes constitutionnels pour tenter d’éteindre un potentiel incendie », a-t-elle fustigé. Tout en reconnaissant « un drame » et « une tragédie », elle en a appelé à la « présomption d’innocence ». « Est-ce que l’acte est inexcusable, est-ce qu’il est inexplicable ? C’est à la justice de répondre », a-t-elle estimé. Le président des LR, Eric Ciotti, a lui aussi appelé « la justice à faire son travail », en faisant valoir que « cela ne change en rien le soutien que l’on doit porter à ceux qui nous protègent ».

La gauche a pour sa part voulu mettre l’accent sur des défaillances supposées structurelles de la police, la patronne d’EELV, Marine Tondelier, dénonçant à la fois « une "américanisation" de la police » et « un problème de racisme » dans ses rangs. « Assez ! Ces meurtres engagent l’autorité de l’Etat ! Cette police doit être entièrement refondée, ses meurtriers punis », a embrayé dans un tweet le leader de La France insoumise, Jean-Luc Mélenchon.