Pourquoi les nuits ne sont plus noires à Sérémange-Erzange

En Moselle, une commune rallume son éclairage pour rendre la nuit « plus sûre »

#20MinuitLes nuits ne sont plus noires à Sérémange-Erzange. La commune de Moselle a décidé de rallumer son éclairage public après des vols. « On a senti que beaucoup d’habitants étaient inquiets », justifie le maire
Thibaut Gagnepain

Thibaut Gagnepain

L'essentiel

  • Pour la plus courte nuit de l’année, 20 Minutes est passé en mode #20Minuit et est allé à la rencontre de ceux qui vivent, travaillent, dansent ou transpirent la nuit. #20Minuit, c’est une série d’articles, de vidéos, podcast ou quiz à lire, à regarder ou à écouter de jour comme de nuit.
  • A Sérémange-Erzange, les nuits noires n’existent plus. La commune mosellane avait décidé de couper l’éclairage public entre 23 heures et 5 heures du matin mais est revenue sur sa décision.
  • La raison ? Des vols de roues. Mais ce retour à l’éclairage public la nuit rassure la plupart de la population.

Depuis quelques mois, Didier Ansoul a un nouveau réflexe en sortant de chez lui. « Je ne peux pas m’en empêcher, je regarde d’abord les roues de ma voiture », sourit cet habitant de Sérémange-Erzange, en Moselle. Il faut le comprendre : le 3 janvier dernier, le quinquagénaire a retrouvé son véhicule… sur agglos. Les quatre pneus, jantes incluses, avaient été démontés pendant la nuit sur le petit parking si tranquille en face de son domicile, juste à côté de l’église et du cimetière.

Une bande sévissait alors dans ce petit coin de Lorraine connu pour ces anciennes usines sidérurgiques. Les voleurs ont été interpellés peu après et, autre conséquence plus inattendue, l’éclairage public a été rallumé. Pour un rétropédalage en règle de la mairie qui avait pourtant décidé en novembre d’une coupure entre 23 heures et 5 heures du matin.


Voilà comment Didier Ansoul a retrouvé son véhicule le 3 janvier dernier...
Voilà comment Didier Ansoul a retrouvé son véhicule le 3 janvier dernier... - Didier Ansoul

« Quand on avait vu la flambée des prix en octobre, nous avions choisi d’éteindre. Mais avec ces dégradations, je ne sais s’il y avait une relation de cause à effet, on a senti que beaucoup d’habitants étaient inquiets », explique l’édile, Serge Jurczak. « Alors on a revoté. » Et depuis le 1er avril, la nuit noire n’existe plus dans cette commune d’environ 4.500 habitants.

Une bonne nouvelle ? Sur place, difficile de trouver quelqu’un qui dira le contraire. Enfin, si, juste Jordan, un jeune homme d’une vingtaine d’années qui se qualifie de « mec de la night ». « Je préfère quand c’est éteint, c’est plus cool », ajoute-t-il sans donner d’argument supplémentaire. Les justifications sont plutôt à chercher de l’autre côté, chez les partisans de l’éclairage nocturne.

« Tant pis pour ce que ça coûte »

« Nous, on a un chien et il arrive qu’on le promène dans ces heures-là. C’est vachement plus sûr avec de la lumière », explique Salomé. « Il pourrait mettre un lampadaire sur deux », complète son compagnon, Aurélien, peut-être plus sensible à l’écologie et à l’équilibre budgétaire. Davantage en tout cas que Sylvie, croisée quelques mètres loin. « Tant pis pour ce que ça coûte, on paie et puis c’est tout », lance la quinquagénaire qui habite pourtant sur la longue rue Charles-de-Gaulle, où la circulation cesse peu.

Dans les petites parallèles adjacentes, rares sont les voitures qui viennent briser la nuit. « L’hiver, c’était noir complet ici dans les faubourgs, se souvient Marie-Antoinette. Il y a vraiment de petits passages et on ne sait pas trop où on marche. C’était inquiétant. » « Moi, je trouvais même ça dangereux, complète Joséphine. Qu’on fasse des économies ailleurs ou qu’on mette des LED, ça ne consomme rien ! »


La longue rue Charles-de-Gaulle de Sérémange-Erzange.
La longue rue Charles-de-Gaulle de Sérémange-Erzange. - T. Gagnepain

Le déploiement de ses ampoules nouvelle génération est justement en cours. « On a accéléré le changement et j’aimerais aussi mettre des horloges pour diminuer au maximum l’éclairage. L’été, il fait jour tard », reprend le maire, qui cherche également d’autres postes d’économies. « On espérait ne pas dépenser entre 10.000 à 15.000 euros avec cette coupure. il faut trouver des solutions ailleurs. On crée des faux plafonds, on regarde les systèmes de chauffage… Mais je ne reviendrai pas en arrière. J’aurais peut-être préféré éteindre mais à partir du moment où il y a des craintes de la population, il vaut mieux être pragmatique. »


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Ce n’est pas Didier Ansoul qui dira le contraire. Sa mésaventure lui a quand même coûté près de 1.500 euros en assurance et procédure… « Je ne veux pas dire que c’est à cause des lampadaires éteints. Je ne suis pas contre les économies d’énergie mais là, ça a été clairement un facteur facilitant le vol. La mairie a pris la bonne décision. »