Où en est-on de l’opération Wuambushu à Mayotte ?

Mayotte : Où en est-on de l’opération Wuambushu ?

BidonvillesL’Etat mène depuis fin mai cette opération qui vise à réduire l’habitat insalubre, lutter contre la délinquance et expulser les migrants en situation irrégulière
20 Minutes avec AFP

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A Mayotte, de nombreux quartiers informels sont visés par des arrêtés de la préfecture visant à les détruire. Ces « décasages » se font dans le cadre d’une grande opération du gouvernement français appelée « Wuambushu » et qui vise notamment à lutter contre l’habitat insalubre. Après des tensions avec les Comores, d’où viennent la plupart des migrants que Paris veut expulser du département français, et des bras de fer devant la justice, où en est l’opération « Wuambushu » ?


Qu’est-ce que l’opération Wuambushu ?

L’Etat mène depuis fin mai une opération sous le nom de « Wuambushu » (reprise en Mahorais). Elle vise à réduire l’habitat insalubre, lutter contre la délinquance et expulser les migrants en situation irrégulière, pour la plupart venus de l’archipel voisin des Comores. L’opération est dénoncée par des associations comme « brutale », « antipauvres » et violant les droits des migrants, mais soutenue par les élus et de nombreux Mahorais.

Le 22 mai, dans un quartier de Koungou, les engins de chantiers avaient démarré la destruction de 162 cases à Talus 2, l’un des plus importants bidonvilles du territoire français de l’océan Indien. Le préfet de Mayotte, Thierry Suquet, avait alors annoncé que « la prochaine démolition » était prévue « pour début juin ».

Quelles sont les dernières opérations sur le terrain ?

Début juin étant entamé, de nouvelles destructions de logements insalubres sont en cours à Mayotte. Ce lundi, des « décasages » ont été organisés dans un petit bidonville du nord-est de ce département français de l’océan Indien où vivent des migrants en situation irrégulière, pour la plupart venus de l’archipel voisin des Comores.

« On fait un tour du quartier pour vérifier que tout le monde a évacué les lieux et on évite toute problématique, tout acte de rébellion », a expliqué le général Olivier Capelle, qui dirige la gendarmerie de Mayotte, à l’entrée du site de Barakani, dans la commune de Koungou, avant que ne soient cassées les habitations de fortune.

Là, 80 gendarmes ont été déployés depuis sept heures locales (6 heures en France métropolitaine). Ce quartier informel, qui comptait 80 cases en tôle selon la préfecture, n’en compte plus qu’une dizaine en cours de destruction lundi. La préfecture a déposé sept autres arrêtés pour la démolition de quartiers informels, notamment en Petite-Terre et à Hamouro.

Est-ce que cette destruction fait suite à une décision judiciaire ?

La destruction de ce quartier informel a été décidée vendredi 9 juin. La justice administrative à Mayotte a alors rejeté le recours déposé par une famille du quartier Barakani à Koungou qui s’opposait à l’évacuation et la destruction du bidonville où elle vit.

Des occupants demandaient la suspension de l’exécution de l’arrêté, en assurant n’avoir pas de solution effective de relogement ni d’hébergement d’urgence. « On a proposé à cette famille de neuf personnes un logement dans le centre d’hébergement d’urgence et d’insertion Coalia, au sud de Mamoudzou, de 50 m², pour six mois. L’offre n’est pas adaptée », faisait valoir Me Marjane Ghaem, avocate de la famille, spécialisée en droits des étrangers, à la sortie de l’audience du 5 juin.

Un argument rejeté par le juge des référés du tribunal administratif de Mayotte, qui conclut notamment dans son ordonnance que « les solutions de relogement proposées concernent l’ensemble des familles des requérants qui […] ont été pleinement informés de la consistance de la solution de relogement sans que ces derniers n’y donnent suite ».

Quels renforts restent sur place ?

Selon le préfet Thierry Suquet, plus de 400 policiers et gendarmes supplémentaires sont toujours sur l’île. « Quatre escadrons de gendarmes mais également la CRS8 et des renforts au sein de la police aux frontières ont pris la relève des renforts qui viennent de partir », a-t-il énuméré devant la presse ce lundi.

Dans le quartier de Barakani, il a fallu « tout déblayer avant de commencer à détruire les cases restantes », selon Psylvia Dewas, chargée de la résorption de l’habitat insalubre à la préfecture, qui regarde la cinquantaine d’ouvriers d’une entreprise œuvrer. Le chantier devrait durer jusqu’à mercredi.