Corse : Une première marche des fiertés est organisée ce samedi à Bastia
LGBT+•Rendez-vous est donné à 17 heures pour une déambulation militante et festive suivie d’une soirée dans un bar de la villeCaroline Delabroy
L'essentiel
- L’Arcu LGBT+ appelle à une marche militante et festive samedi à Bastia « pour que plus aucun.e Corse n’ait un jour à choisir entre vivre pleinement sa vie, ses amours et un quotidien ici ».
- « La culture du patriarcat, ici, c’est encore pire », confie un jeune militant.
C’est une première pour la Corse, jusqu’alors grande absente du calendrier du mois des fiertés. Ce samedi, rendez-vous est en effet donné à 17 heures devant le palais de justice de Bastia pour une déambulation militante et festive, suivie d’une soirée dans un bar local. « C’est un aboutissement, depuis que l’association est née beaucoup de monde voulait qu’une marche s’organise », se réjouit Mattea Riu, membre de l’association LGBT+ L’Arcu fondée en 2019 en Corse, et qui a recruté une vingtaine de nouveaux adhérents cette année. « Le plus important pour nous est de se retrouver et se rassembler, pour être visible dans l’espace public, montrer qu’on est là, dans nos identités multiples. »
« Nous voulons marcher ensemble pour que plus aucun Corse n’ait un jour à choisir entre vivre pleinement sa vie, ses amours et un quotidien ici », écrit aussi l’association dans son communiqué. L’appel est soutenu par des associations, syndicats et partis de gauche. « On espère qu’il y aura beaucoup de monde, venu de toute l’île, il faut lutter pour affirmer notre droit à exister », sourit Silver Maestrati, membre de L’Arcu, qui fait lui le chemin depuis Ajaccio.
En juin 2020, un couple de même sexe avait été agressé dans cette ville pour s’être embrassé en public à la sortie d’un bar. L’association rappelle aussi les « violentes agressions physiques » à l’encontre d’un couple d’hommes » en juillet 2021 à Macinaggio (Haute-Corse), « simplement pour avoir dansé ensemble et s’être témoigné de la tendresse », ainsi que celle de décembre 2021, à Nice, « par des hommes se revendiquant comme corses » qui auraient assuré : « chez nous, les pédés, on les tue ».
« Etre lesbienne ou gay à Paris ou Bastia, c’est pas pareil »
« La culture du patriarcat, ici, c’est encore pire », déplore Silver Maestrati, qui décrit en particulier le silence imposé dans les familles « parce qu’il ne faut pas être différent ». Et aussi une forme de « lâcheté » : « On ne va pas forcément vous dire les choses en face, mais par contre il va y avoir un regard noir. La violence est peut-être encore pire, insidieuse ». Sans compter le « cliché insulaire de l'identité » : « En tant que communauté queer ou LGBT, on nous renvoie aussi qu’on n’est pas des Corses, qu’on ne fait pas partie de la communauté. Ceci dit, c’est un discours très identitaire comme il y en a partout en France, certes avec un particularisme culturel, mais au fond le même type de discours. »
Pour Mattea Riu, si « l’insularité forcément joue », la Corse n’est pas selon elle « un territoire d’exception pour les violences ou la tolérance ». « Après ce n’est pas pareil d’être lesbienne ou gay à Paris ou Bastia, poursuit-elle néanmoins. C’est comme venir de régions rurales, où tout le monde se connaît dans les villages. » Sur les réseaux sociaux, l’annonce de la marche des fiertés de Bastia fait en tout cas réagir. Des tweets rageurs aussitôt signalés. « C’est une minorité bruyante », balaie Mattea Riu préférant, tout comme Silver Maestrati, voir les soutiens à l’avancée de la cause LGBT en Corse… et ailleurs.