Assemblée nationale : Rejet d’une résolution LR restreignant l’Aide médicale d’Etat pour les sans-papiers
SOINS•Cette proposition, lancée dans la continuité de l’offensive LR sur l’immigration, n’a été soutenue que par le RN20 Minutes avec AFP
Les sans-papiers vont pouvoir continuer à se faire aider pour se faire soigner. Les députés ont rejeté mercredi, par 120 voix contre et 77 pour, une proposition de résolution LR appelant à restreindre l’Aide médicale d’Etat (AME) qui permet aux étrangers en situation irrégulière d’accéder aux soins.
La proposition appelait notamment à recentrer l’AME « sur les seuls soins urgents », à « modifier la protection santé des demandeurs d’asile des pays d’origine sûrs » et à restreindre les titres de séjour pour soins.
Le soutien du Rassemblement national
La LR Véronique Louwagie, auteure du texte, a déploré le « dérapage devenu complètement incontrôlable » de l’AME qui est selon elle « en train de devenir un scandale démocratique et une très grande injustice sociale ». La France est « l’un des pays les plus généreux de l’UE », a assuré la députée en invitant « à une redéfinition mesurée de la protection santé ».
Cette proposition, lancée dans la continuité de l’offensive LR sur l’immigration, n’a été soutenue que par le RN « parce que nous sommes cohérents, sincères et non sectaires », a déclaré la députée Edwige Diaz.
Le gouvernement refuse la « démagogie »
Le gouvernement, qui avait envoyé la ministre déléguée chargée de l’Organisation territoriale et des Professions de santé, Agnès Firmin Le Bodo, aux bancs, était « défavorable » à cette proposition « qui porte une remise en cause profonde de l’AME ». « Restreindre le dispositif aux seules urgences représente un risque médical et financier », a assuré la ministre, en rappelant qu’avec « un coût de 1,2 milliard d’euros en 2022, et un peu plus de 400.000 bénéficiaires », l’AME représente « 0,5 % du budget de l’assurance maladie ». « La plupart des migrants ont peu connaissance de l’AME », a-t-elle ajouté, même si selon elle « le sujet doit pouvoir être débattu » mais « sans dogmatisme » et « sans démagogie ».
Côté majorité Mathieu Lefèvre (Renaissance) a plaidé pour une « voie responsable » car « ériger l’AME en fantasme ou en tabou revient à bâtir le meilleur alibi de l’impuissance ». « Nous voterons contre mais nous pensons qu’il y a un vrai sujet » a pour sa part nuancé Anne Bergantz (MoDem).
A gauche l’indignation était unanime. « Revoilà donc le refrain du méchant migrant profitant de l’AME », s’est agacée Caroline Fiat (LFI) en déplorant des « fantasmes xénophobes », ce pourquoi Véronique Louwagie lui a ensuite demandé des excuses. « Proposition scélérate » pour le communiste Hubert Wulfranc, « affirmations nauséabondes » pour le socialiste Gérard Leseul… « Qui peut croire que celui qui fuit la misère le fait en lisant Doctolib ? », a enfin demandé l’écologiste Benjamin Lucas, accusant LR de « faire diversion » après son soutien au gouvernement sur la réforme des retraites.
À lire aussi