LES BâtisseursLe « plan écoles », des « travaux pharaoniques » et « un projet politique »

Marseille : Le « plan écoles », des « travaux pharaoniques » et « un projet politique »

LES BâtisseursLe rectorat d’Aix-Marseille organisait ce mercredi une journée de séminaire autour du bâti scolaire à Marseille. S’il a été question d’histoire, l’actuel plan de rénovation des écoles était au centre des débats
Alexandre Vella

Alexandre Vella

L'essentiel

  • Ce mercredi s’est tenu une journée de séminaire autour du bâti scolaire à Marseille.
  • Il s’inscrit dans la réalisation du « plan écoles », qui prévoit la rénovation lourde ou la reconstruction de 188 écoles.
  • Cette journée a aussi été l’occasion d’élaborer une charte du bâti scolaire

«On peut choisir de ne pas aller au musée, mais tout le monde passera par l’école ». C’est avec ces mots empruntés à l’un de ses prédécesseurs que l’architecte Vittorio Leone, qui a conçu la nouvelle école Malpassé-Les Oliviers (13e arrondissement), a introduit sa présentation. Une façon de résumer la place centrale qu’occupent les établissements scolaires dans nos vies, et la nécessité d’y apporter un soin particulier.



A Marseille, où se tenait ce mercredi un séminaire consacré au bâti scolaire, cette assertion résonne tout particulièrement à l’orée du lancement des grandes manœuvres du « plan écoles ». Ce volet du « plan Marseille en grand » annoncé par Emmanuel Macron en septembre 2021, prévoit la rénovation lourde de 188 des 470 établissements primaires de la ville, et la remise à niveau de 290 d’entre elles.

Un programme qui se déroulera en sept vagues, sur une période de dix ans, pour un montant estimé de 1,2 milliard d’euros hors taxes, dont 400 millions apportés par l’Etat. « Des travaux pharaoniques », a souligné Pierre-Marie Ganozzi, adjoint en charge dudit plan. Des travaux dont la première vague a permis la rénovation de sept groupes scolaires qui devraient être livrés pour la rentrée 2024-2025. Les chantiers se succéderont avec une nouvelle tranche par année. Avec selon les cas, des démolitions-reconstructions ou des rénovations, deux procédés aux coûts semblables.

Et si un premier « brouillon » de l’ordre de passage des différents établissements entrant dans ce plan a bien été dressé, les services municipaux et la Société publique des écoles de Marseille (SPEM), ne souhaitent pas s’épancher dessus. « Les impatiences sont énormes. Et je veux que, lorsqu’il y a un projet, nous ayons la certitude de le réaliser tel qu’annoncé », résume Vincent Bourjaillat, le directeur de la SPEM.

Construire pour l’histoire

En attendant, ce sont les directeurs d’établissements qui sont dans l’incertitude. Et plusieurs ne se sont pas privés de le dire à l’occasion de cette journée d’étude. « On souhaiterait simplement savoir quand les travaux vont commencer chez nous », interpelle, par exemple, une directrice de maternelle de Frais-Vallon, qui s’inquiète par ailleurs que les entretiens courants, nombreux, ne soient plus réalisés d’ici là. Une autre institutrice relève que la démolition d’une partie de l’établissement jouxtant la cour de récréation a commencé, « mais qu’il y a de l’amiante ».

Ce séminaire, était visiblement bienvenu pour créer ces temps d’échanges. L’après-midi a permis aux enseignants de se réunir autour d’ateliers visant à l’élaboration d’une charte du bâti scolaire à Marseille. Car cette journée a également été l’occasion d’une présentation sur l’histoire du bâti scolaire de la loi Guizot de 1933, qui prévoit de mettre à disposition « un local communal convenablement disposé pour loger l’instituteur et accueillir les élèves », aux architectures tout en hauteur des centres-villes de l’époque Jules Ferry, en passant par le Front populaire, les écoles d’après-guerre de René Egger, architecte marseillais, et jusqu’aux immondes écoles préfabriquées des années 1960 et 70, dites Pailleron. Elles sont une cinquantaine bâtie sur ce modèle à Marseille et font figure de priorité dans la liste des établissements à rénover.

Et c’est bien dans toute cette histoire que compte s’inscrire ce programme de rénovation d’une ampleur inégalé en France. « On veut faire du beau et relever le défi climatique », a souhaité Pierre-Marie Ganozzi. « C’est un projet politique », a également rappelé l’élu. « Nous pensons que les écoles doivent être les ''capitales'' des quartiers. Qu’elles soient aussi ouvertes dessus. Que le gymnase serve aussi aux associations. Que la ludothèque puisse aussi ouvrir pour les habitants en dehors des temps scolaires. »