Bouches-du-Rhône : Saturée et en grande tension, l’aide sociale à l’enfance inquiète
services sociaux•L’Inspection générale des affaires sociales (Igas) a rendu ce mardi un rapport critique sur l’aide sociale à l’enfance (ASE) dans les Bouches-du-Rhône20 Minutes avec AFP
Dispositifs d’accueil saturés, pilotage stratégique et moyens insuffisants : l’Inspection générale des affaires sociales (Igas) a rendu mardi un rapport critique sur l’aide sociale à l’enfance (ASE) dans les Bouches-du-Rhône, un département qui présente « des facteurs de risque très élevés pour la vulnérabilité des enfants ».
Dans ce rapport réalisé début 2022 et publié mardi, l’Igas relève les difficultés de l’ASE, gérée par les services du département, mais rappelle aussi que ce dernier « fait face à des difficultés qu’il ne pourra résoudre seul, et qui exigent une mobilisation claire de tous les acteurs », dont l’Etat.
L’accueil d’urgence complètement débordé
Fragilité des structures familiales, extrême pauvreté (le taux de pauvreté dépasse parfois 65 % dans l’hypercentre de Marseille), tensions sur le logement, violences, insécurité, trafic de drogue, prostitution : la liste des maux qui menacent les mineurs en difficulté de ce département du Sud-Est de la France est longue, rappelle l’institution.
Concrètement, l’Igas déplore notamment que « tous les dispositifs d’accueil (soient) saturés ». Le taux d’occupation atteint plus de 98 % dans les établissements pérennes et dépasse même 100 % pour l’accueil d’urgence. Quant aux taux d’accueil en famille, malgré les efforts du département en la matière, il est le plus faible de France.
Le département a su en revanche résoudre la crise née de l’afflux rapide et croissant de mineurs étrangers non accompagnés (MNA) entre 2016 et 2019, période durant laquelle le nombre de ces mineurs accueillis par le département a grimpé de 414 à 1.074, reconnaît l’Igas.
Mais « la résorption de ces difficultés n’a pas pour autant résolu les tensions sur le dispositif de protection qui préexistaient à la crise », déplore l’institution : les « moyens engagés paraissent encore trop limités », ce qui entraîne un sous-investissement en matière de prévention et d’action éducative et l’allocation de moyens « modestes » au secteur associatif habilité chargé de l’exécution des mesures, estime-t-elle notamment.
« Malaise » des travailleurs sociaux
Evoquant le « malaise » exprimé par les intervenants interrogés au cours de son enquête, les rapporteurs de l’Igas soulignent qu’il renvoie aussi « à l’intensité des difficultés sociales du département, auxquelles une augmentation des moyens ou une simple amélioration de l’organisation ne suffiront pas à répondre ».
Reconnaissant que « de nombreuses actions ont été initiées par le département depuis le rapport de contrôle », l’Igas prône notamment en conclusion un « renforcement » du pilotage stratégique et du contrôle des lieux d’accueil des enfants (où les conditions matérielles ou d’hygiène sont parfois « inadaptées »), une meilleure mobilisation des familles pour « désinstitutionnaliser » la protection de l’enfance, ou encore une clarification du rôle des intervenants.
« La protection de l’enfance est un domaine particulièrement sensible et complexe, dans lequel l’action publique est placée devant un défi permanent d’adaptation et d’amélioration », avait répondu la présidente du département Martine Vassal dans sa réponse au rapport de l’Igas.