Canua island : « Nous implorons le gouvernement de nous laisser travailler », lancent les promoteurs de l’îlot artificiel
LA POSSIBILITE D’UNE ILE•Les promoteurs du projet de plage privée flottante sur la Côte d’Azur menacent de devoir « mettre fin aux contrats » de « la centaine d’emplois créée » si les dernières autorisations « ne sont pas délivrées à la fin de la semaine »Fabien Binacchi
L'essentiel
- Les promoteurs de Canua island, projet inédit en France, sont toujours bloqués à quai « malgré une instruction pointilleuse par les services de l’Etat » et une embarcation « 100 % conforme à la réglementation ».
- Ils sont toujours dans l’attente d’autorisations et « implorent le ministre et le gouvernement de les laisser travailler ».
- « Si les permis ne sont pas délivrés à la fin de la semaine, comme nous en avions l’assurance, nous serons contraints de mettre fin aux contrats de ceux qui nous ont fait confiance », préviennent-ils, assurant qu’une centaine d’emplois a été créée.
Mercredi dernier, malgré les contestations, ils étaient sûrs d’eux. Certains que ce n’était plus qu'« une question d’heures ou de jours » avant d’obtenir les dernières autorisations nécessaires à l’exploitation de leur plage privée flottante au large de la Côte d’Azur. Ce mardi pourtant, toujours rien. Les promoteurs de Canua island, projet inédit en France, sont toujours bloqués à quai « malgré une instruction pointilleuse par les services de l’Etat » et une embarcation « 100 % conforme à la réglementation ». Et le ton a changé. « Nous implorons le ministre [de la Mer] et le gouvernement de nous laisser travailler », plaident-ils désormais, évoquant une situation qui « met en péril [leur] entreprise et la centaine d’emplois créée », soit un équipage de vingt-trois personnes et 80 professionnels de la restauration.
« Si les permis ne sont pas délivrés à la fin de la semaine, comme nous en avions l’assurance, nous serons contraints de mettre fin aux contrats de ceux qui nous ont fait confiance, préviennent dans un communiqué Jean-Bernard Falco, Marc Audineau et Tony Philp, le président et les cofondateurs de l’îlot artificiel. Cent emplois, il faut que chacun mesure ce que cela représente, c’est un plan social et il est provoqué par la volonté de quelques-uns de ne pas voir notre innovation prendre la mer. »
Des oppositions jusque dans deux ministères
Le projet est contesté par des particuliers, des élus locaux mais aussi par le ministre de la Transition écologique et le secrétaire d’Etat chargé de la Mer eux-mêmes. Il « apparaît comme peu compatible avec la nécessité de renforcer la protection de l’environnement marin », déclarait Hervé Berville jeudi. L’île flottante, installée sur un trimaran de 41 m de long, est pourtant « 100 % conforme à la réglementation et écologiquement bien au-dessus des standards pratiqués sur la côte tous les jours », selon ses responsables. Qui ont au moins le soutien du maire LR de Mandelieu-La Napoule, la commune limitrophe de Cannes face à laquelle Canua island pourrait s’ancrer. Sébastien Leroy défend une initiative qui « contribue à l’attractivité d’un territoire dont l’économie dépend en grande partie du tourisme. »
Et elle « n’est pas un caprice de milliardaire », appuient ceux qui en sont à l’origine. « C’est une PME qui a contracté des crédits pour mener à bien son projetet qui a besoin de travailler pour payer ses salariés. Cette saison estivale est déterminante pour nous », rappellent-ils dans leur communiqué commun ce mardi.
Des recours d’ores et déjà envisagés
Après avoir obtenu le feu vert de la commission de sécurité, les promoteurs du projet sont toujours dans l’attente du permis de navigation et de celui d’armement, « qui valide l’aspect humain du navire » et « la formation de l’équipage ». « Nous n’avons aucun doute sur le fait de les obtenir », répétait Jean-Bernard Falco la semaine dernière, au cours d’une conférence de presse organisée dans le port de La Seyne-sur-Mer (Var), d’où la plateforme n’a pas bougé. L’attente se poursuit donc.
Et si ces sésames étaient finalement bien délivrés, l’exploitation du navire ne se ferait pas sur une mer d’huile. Il devrait encore obtenir de la préfecture maritime de Méditerranée des autorisations de mouillage… qui seraient automatiquement attaquées. « Cette décision fera l’objet d’une procédure de référé », a prévenu Me Eric Lanzarone, l’avocat de l’association Syllau, montée par des particuliers qui s’opposent farouchement à l’exploitation de l’embarcation. La région Paca a également annoncé par la voix de son président qu’elle était « prête à former des recours auprès de la justice administrative ».
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