votre vis, votre avis« Pas touche aux jours fériés religieux », selon nos lecteurs

« Pas touche aux jours fériés religieux ! » Nos lecteurs massivement contre l’idée de les supprimer

votre vis, votre avisLe maire de Grenoble Éric Piolle a récemment suggéré de remplacer les jours fériés religieux au profit de jours chômés laïcs. « 20 Minutes » a posé la question à ses lecteurs
Caroline Girardon

Caroline Girardon

L'essentiel

  • La suggestion, lancée par le maire de Grenoble Éric Piolle, de remplacer les jours fériés religieux par des jours chômés en lien avec l’histoire de la République, a suscité de nombreuses réactions.
  • Sur les 240 lecteurs de 20 Minutes qui se sont exprimés sur le sujet, 80 % rejettent fermement cette idée.
  • Pour la majorité d’entre eux, cela reviendrait à « renier ses origines », « perdre ses repères » ou « casser les fondements de notre histoire ».

Doit-on supprimer les jours fériés religieux pour les remplacer par d’autres jours chômés dédiés à des causes républicaines ? La proposition formulée par Éric Piolle, le maire de Grenoble, n’a pas manqué de faire réagir. Beaucoup de nos lecteurs (240 personnes), questionnés à ce sujet, se sont massivement indignés d’une telle suggestion. Les résultats sont éloquents : 80 % ont rejeté l’idée.

« C’est une aberration. Notre histoire et nos fondements reposent sur une grande part de religion chrétienne », observe Fabrice qui se présente comme « laïc ». « Pourquoi chambouler et foutre en l’air tout ce qu’il y a de bien ? Restons ce que nous sommes, du moment que cela nuit à personne », suggère-t-il.

« Renier ses origines »

« Est-ce que l’on demande à l’Égypte de détruire ses pyramides dont la construction a fait des milliers de morts d’esclaves ? », questionne Olivier, tout aussi interloqué. Pour la majorité de nos lecteurs, supprimer ces fêtes religieuses reviendrait à « renoncer à notre histoire ». Ce serait « renier ses origines », « casser notre culture », « oublier que la France est un pays judéo-chrétien ».

« A trop vouloir montrer notre laïcité, nous perdons notre identité, alerte Josette. Quant à la célébration d’événements, elle peut se faire sans jour férié. Il y a les dimanches pour fêter l’abolition de l’esclavage, par exemple. »

« Les jours fériés actuels sont juste des marqueurs de notre passé, les supprimer en partie serait une perte de repères de l’unité nationale, argumente Christian. Il est donc inconcevable de les modifier sans envisager une perte de notre mémoire collective. » « Effacer son histoire, c’est se couper de ses racines », estime Jean-Luc. « Un arbre qui n’a plus de racines finit par mourir », complète Martine.

« Un pan de notre identité culturelle »

« C’est totalement idiot », lâche Jacques, issu d’une « famille de "laïcards" ». « Les fêtes religieuses ont, pour la plupart d’entre nous, complètement perdu de leur signification, argumente-t-il. Elles sont devenues des fêtes de société, de civilisation. Qu’est-ce qu’elles représentent pour l’essentiel d’entre nous ? Noël, ce sont des cadeaux pour les enfants, Pâques, la recherche des œufs dans le jardin et La Toussaint, un moment de recueillement en la mémoire de nos morts. »

En revanche, aux yeux de Tina, elles ont encore de l’importance. « Pour les familles qui veulent encore transmettre les traditions chrétiennes, les jours des grandes fêtes religieuses représentent un minimum incontournable pour aller se recueillir », pointe-t-elle. « La spiritualité doit avoir sa place dans notre société. Sinon à quoi se raccrocher quand tout va mal », abonde Ena. « La France a été pendant des siècles "la fille aînée" de l’Eglise. C’est un pan de notre identité culturelle », appuie également Carine. Et de s’interroger : « Pourquoi l’incendie de Notre-Dame de Paris a-t-il touché tant de personnes, au-delà même de leur confession personnelle ? Parce que c’est un symbole de notre culture, que l’on soit catholique ou pas. »

Patrick, qui se présente comme « catholique et homosexuel », se dit « radicalement opposé à la provocation du maire de Grenoble ». « Je ne veux pas en France de jour férié "LGBT". Je milite contre le "wokisme" », appuie-t-il.

« Je ne suis pas particulièrement pratiquante, mais je reste très attachée à ces moments de communion religieux, communautaires et familiaux. Tout comme je suis aussi très attachée à la République, à la laïcité et aux célébrations de l’Armistice, du 14 juillet, du 1er et du 8 mai », témoigne Nathalie, tandis que Cécile, « pas croyante », s’insurge : « On n’y touche pas. C’est dans mon ADN »

Des jours fériés religieux à la carte ?

En revanche, Evelyne se dit « favorable à l’effacement de toutes les fêtes religieuses » du calendrier, « à l’exception de Noël et de Pâques ». « Cela nuirait au bonheur des enfants », souligne-t-elle, expliquant que la France est « un pays pluriethnique où de nombreux citoyens ont une religion différente ». « Pourquoi imposer à ceux qui ne sont pas catholiques des jours de congé indus ? », demande-t-elle.

Pour Zina, la proposition d’Éric Piolle n’est « pas une mauvaise idée en soi ». Elle plaide pour « un calendrier neutre » avec « les célébrations républicaines seulement ». « Il faudrait laisser le choix personnel de la célébration d’autres fêtes », suggère-t-elle. Denis, qui se définit comme « un homme de gauche » aimerait qu’un jour férié soit instauré « par exemple pour l’appel du 18 juin 1940 qui a été un acte fondateur de la France d’aujourd’hui ». « Je n’ai rien contre les religions et je serais même pour qu’un maximum de 4 voire 5 jours puissent être pris pour des fêtes religieuses en adéquation avec ses propres convictions », continue-t-il.

Caroline défend, elle aussi, l’idée de jours fériés religieux à la carte. « Dans un état laïque, il semble évident de ne pas privilégier une religion pour les jours fériés », argumente-t-elle. « Chacun choisirait les siens en fonction de ses convictions et ses croyances », complète Franck.

Selon Aurélie, la suggestion du maire de Grenoble est « pleine de sens ». « Pâques ou la Pentecôte ne m’évoquent rien. Par contre, les jours où les femmes ont eu le droit de vote ou celui où les LGBT ont eu le droit de se marier sont des dates fortes qui ont changé positivement la vie de millions de Françaises et Français, développe-t-elle. Ces dates méritent d’être valorisées. » Une idée partagée par Lara qui préfère commémorer des « événements marquants, dans l’air du temps et qui concerne toute la population ».

Pour Yolande, « la loi de 1905 séparant l’Église et l’état serait ainsi pleinement respectée ». « Libre à chacun d’avoir des convictions religieuses quelles qu’elles soient. Chacun devra les assumer et gérer sa vie et son emploi du temps. Les RTT peuvent servir à cela », induit-elle.

Noël, la seule exception

« Soit on célèbre officiellement les fêtes religieuses de toutes les religions reconnues dans le pays, juives, musulmanes, bouddhistes, ce qui deviendrait insupportable, soit, aucune », tranche Georges. Philippe estime, lui, que cette mesure « mettrait toutes les religions au même niveau ». « Elle permettrait de remettre à plat un héritage religieux qui ne correspond plus à l’époque, abonde Frédéric. Combien de Français célèbrent réellement les jours fériés religieux en allant à l’office ? Combien fréquentent encore les églises ? »

« Ces jours fériés ne correspondent plus aux pratiques de masses et ne laissent s’exprimer que le catholicisme », observe à son tour Pascal. Lui milite aussi pour « des jours fériés laïques avec des thématiques qui fédèrent ». Une journée de la Terre, un jour des enfants, un jour des personnes âgées, un jour de la générosité, suggère Frédéric : « Cela aurait plus de sens ».

Enfin, Jeff admet qu’il « convient de garder » les jours chômés se référant « à notre histoire récente », comme les 1er et 8 mai, le 14 juillet et le 11 novembre. Mais selon lui, les fériés « auxquels se réfèrent uniquement les chrétiens, ne devraient pas avoir tant de place dans un calendrier de pays laïc »…. « Mis à part le 25 décembre qu’il sera difficile de remettre en cause », conclut-il.