Suicide de Lindsay : Pap Ndiaye regrette « un échec collectif »
Failles•« La mort de Lindsay, son suicide, c’est une tragédie pour ses proches, pour l’Education nationale et pour le pays », a déclaré le ministre de l’Education20 Minutes avec AFP
«C’est un échec collectif », a regretté le ministre de l’Education. Pap Ndiaye s’est exprimé ce jeudi sur BFMTV sur le suicide de Lindsay, 13 ans, qui s’est donné la mort après avoir été victime de harcèlement scolaire.
« A l’évidence, il s’agit d’un échec collectif, la mort de Lindsay, son suicide, c’est une tragédie pour ses proches, pour l’Education nationale et pour le pays, comme pour le suicide de n’importe quel jeune », a témoigné Pap Ndiaye jeudi soir, quelques heures après que la famille de l’adolescente a annoncé avoir déposé plainte notamment contre le rectorat et Facebook.
La responsabilité des réseaux sociaux
« Si chacun avait fait son travail pour protéger Lindsay, elle serait vivante. » La famille de l’adolescente, a annoncé jeudi avoir déposé plainte notamment contre le rectorat et Facebook. Trois plaintes ont été déposées contre la direction du collège, l’académie de Lille et les policiers en charge de l’enquête pour « non-assistance à personne en péril », a détaillé l’avocat de la famille, Me Pierre Debuisson, lors d’une conférence de presse à Vendin-le-Vieil (Pas-de-Calais), où la collégienne, qui s’est suicidée le 12 mai, était scolarisée.
Une quatrième vise le réseau social Facebook « complètement défaillant » en matière de modération des contenus et de lutte contre « les propos haineux », selon l’avocat, dénonçant la poursuite du harcèlement contre Lindsay, notamment sur Instagram. Pour Pap Ndiaye, les réseaux sociaux « ont leur part de responsabilité ». Il faut selon lui les « mettre sous pression de manière plus accentuée ». « Avec d’autres ministères nous allons nous concerter et agir de manière extrêmement ferme à l’égard des réseaux sociaux car au-delà de ce qu’ils peuvent dire, nous savons que leur réaction est trop lente », a-t-il martelé.
Quatre mineurs mis en examen
Le ministre a par ailleurs affirmé suivre « personnellement » le dossier du suicide de Lindsay. Citant l’enquête judiciaire et administrative, il a assuré en tirer « toutes les conclusions à l’égard des personnels le cas échéant et surtout les conclusions générales sur la manière dont on peut avancer ».
Quatre mineurs ont été mis en examen dans ce dossier pour « harcèlement scolaire ayant conduit au suicide », dans le cadre d’une information judiciaire, avait annoncé le 25 mai le procureur de la République de Béthune. Une personne majeure a, elle, été mise en examen pour « menaces de mort ». Toutes ont été placées sous contrôle judiciaire.
« Je n’en pouvais plus »
L’avocat de la famille a lu une lettre rédigée par la jeune fille plusieurs mois avant son suicide, communiquée, a-t-il souligné, a l’académie, au collège et à la police. « Si vous lisez cette lettre c’est que je suis sûrement partie (…) je n’en pouvais plus des insultes matin et soir, des moqueries, des menaces (…) malgré tout ce qui s’est passé elles me voudront toujours du mal », y avait écrit la collégienne.
« Si on avait été aidés, si on avait été soutenus, je suis sûre que ma fille serait parmi nous », a affirmé sa mère, Betty. « J’ai tout essayé, j’ai tout fait, on n’a pas été aidés, on a été lâchés, complètement, aucun soutien, ni avant, ni pendant, ni après », a-t-elle fustigé.
Renforcement de la lutte contre le harcèlement
Le rectorat de Lille avait annoncé la semaine dernière l’ouverture d’une enquête administrative, concédant que les services scolaires auraient pu « aller plus loin dans le suivi » de la jeune fille. L’adolescente, scolarisée en 4e au collège Bracke-Desrousseau s’est donné la mort le 12 mai en soirée à son domicile.
Pap Ndiaye a annoncé un « renforcement de la cellule de lutte contre le harcèlement ». Evoquant les numéros verts sur le cyberharcèlement (3018) et le harcèlement à l’école (3020), il a expliqué que « les moyens qui leur sont attribués seront augmentés pour recruter davantage de psychologues, experts des réseaux sociaux et d’écoutants ».