Rennes : Des habitats modulaires installés sur des friches pour loger en urgence les plus précaires
CRISE DU LOGEMENT•Avec son dispositif Sans foncier fixe, la métropole rennaise veut optimiser ses terrains inoccupés en y implantant des logements transitoires et déplaçablesJérôme Gicquel
L'essentiel
- Face à la crise du logement social, la métropole rennaise lance un nouveau dispositif, baptisé Sans foncier fixe, pour héberger en urgence des personnes précaires en attente d’un logement.
- Le principe est d’installer des habitats modulaires sur des terrains en friche en attente d’être aménagés ou pour lesquels aucun projet n’est encore tranché.
- L’avantage de ce type d’habitat transitoire est de pouvoir être facilement déplacé sur un autre terrain.
C’était jusqu’à présent un terrain en friche bordant les voies ferrées et appartenant à la ville. Mais depuis quelques jours, quatre logements modulaires viennent d’être installés au 35-39 rue Auguste Pavie à Rennes. Ils attendent leurs locataires qui emménageront au début de l’été. Équipés d’une terrasse en bois et d’un petit abri de jardin et habillés d’un bardage métallique, ces modules se déclinent en deux versions : un studio de 20 m² et un T2 de 30 m². La particularité de ces logements préfabriqués est d’être déplaçables. Livrés par camion, ils peuvent ainsi en une journée être déplacés sur un autre terrain.
Baptisé Sans foncier fixe, ce nouveau dispositif d’habitat transitoire vise à répondre à la crise du logement. Car si Rennes a souvent été érigée en exemple en matière d’habitat social, la capitale bretonne voit désormais tous ses voyants passés au rouge. « Les indicateurs ne sont pas bons et je ne cache pas ce constat », reconnaît la maire socialiste Nathalie Appéré. Dans la métropole qu’elle préside, plus de 26.000 demandeurs sont en effet en attente d’un logement social. « Le délai d’attente excède désormais les trois ans alors qu’il était de dix-huit mois il y a quelques années, poursuit l’élue socialiste. C’est du jamais-vu et c’est inacceptable ! » Une conséquence notamment de la crise dans laquelle le marché de l’immobilier est englué avec des prix qui se sont envolés et des constructions neuves en berne.
Utiliser le foncier temporairement disponible
Face au besoin criant de logements, la métropole rennaise, très attractive, a donc revu ses curseurs à la hausse dans son nouveau programme local de l’habitat (2023-2028) avec la construction de 5.000 nouveaux logements par an, dont un quart de logements sociaux. Mais avant que les programmes ne sortent de terre et pour répondre à l’urgence, la collectivité doit donc trouver d’autres solutions tout en se pliant à l’objectif de zéro artificialisation nette.
Cela passe par l’utilisation de chaque m² disponible. Car si le foncier est devenu très rare, Rennes et les communes limitrophes disposent tout de même de terrains disponibles qui attendent d’être aménagés ou pour lesquels rien n’est encore tranché. D’où l’idée d’y installer de manière temporaire des modules pour héberger des personnes prioritaires en attente d’un logement, que ce soit des personnes en grande exclusion ou des femmes avec enfants victimes de violences. « C’est une solution d’urgence en attendant une solution plus durable », estime Paul-Marie Claudon, secrétaire général de la préfecture d’Ille-et-Vilaine.
Le confort d’un meublé classique
Construits à la chaîne par deux acteurs locaux, Mayers, anciennement Réalité Build Tech Industries, et le groupe Legendre, ces modules offrent en plus tout le confort d’un meublé classique avec une petite cuisine, une salle de bains et un espace de couchage. « Il faut casser l’image de ces logements déplaçables car ils répondent à la même réglementation que les logements en dur », souligne Vincent Legendre, président du groupe éponyme.
D’ici la fin de l’année, vingt-deux de ces logements auront été installés sur six sites temporairement en friche dans la métropole rennaise. « C’est encore assez modeste pour l’instant et cela ne va pas bien sûr tout résoudre mais c’est une brique supplémentaire », assure Nathalie Appéré.