« Cette poupée donne espoir aux parents », estime Eléonore Laloux, ambassadrice de la Barbie trisomie 21
HANDICAP•Conseillère municipale, auteure, porte-parole de l’association « Les amis d’Éléonore »… Retour sur le parcours exceptionnel d’Éléonore Laloux, la nouvelle ambassadrice de la Barbie atteinte de trisomie 21Alexia Lacoume
L'essentiel
- Eléonore Laloux, 37 ans, porteuse de trisomie 21, est devenue, depuis un mois, l’ambassadrice française de la nouvelle Barbie Mattel, atteinte de trisomie.
- La trentenaire est fière d’en être la responsable parce qu’elle « porte l’espoir pour les parents et aide les jeunes ».
- Eléonore est aussi conseillère municipale à Arras, dans le Pas-de-Calais, depuis octobre 2021.
Un combat pour la vie. Eléonore Laloux, 37 ans, porteuse de trisomie 21, est, depuis un mois, l’ambassadrice française de la Barbie Mattel atteinte de trisomie. Pour l’occasion, 20 Minutes s’est rendu à Arras, près de Lille, au QG de l’association « Down Up » pour la rencontrer. Cette association est animée par des bénévoles qui accompagnent des personnes handicapées vers l’autonomie.
A peine franchi le pas de la porte, Emmanuel, père d’Eléonore et président de l’association, tient à faire visiter les lieux. Créé il y a trente-sept ans, l’endroit est calme, espacé, propre, idéal pour les dix employés et la soixantaine de personnes en situation de handicap qui y passent régulièrement. Une cuisine, un coin pour enfants et des appartements encore en cours d’aménagement, où pourront bientôt vivre quelques jeunes handicapés. Ce cap, Éléonore l’a passé dès août 2011. C’est l’un des premiers faits qu’elle annonce fièrement dès qu’elle se présente.
Conseillère déléguée à la transition inclusive et au bonheur
« Mes parents se sont toujours battus pour moi, pour que je sois ordinaire, scolarisée comme tout le monde, que j’ai une vie normale, un travail ordinaire, que je sois au milieu des autres », raconte-t-elle. Depuis son plus jeune âge, elle est un modèle pour tout le monde. Porte-parole de l’association « Les amis d’Eléonore », qui lutte contre la stigmatisation de sa maladie, elle a aussi sorti un livre Triso et alors ! en mars 2014. Alors qu’elle travaille à la préfecture depuis maintenant 16 ans, elle est devenue conseillère municipale aux côtés de Frédéric Leturque, maire d’Arras, en octobre 2021.
Contacté par 20 Minutes, ce dernier est « fier d’avoir apporté (s) a pierre à l’édifice ». Il raconte leur rencontre. « Deux jours avant les résultats de la campagne municipale de 2014, je suis allé à Paris pour une journée qu’organisait son association, explique le maire d’Arras. J’ai été impressionné par sa capacité à parler, par ses combats pour l’inclusion. En 2016, elle a eu une grosse opération du cœur. Je lui ai dit " si tu surmontes cette opération, en 2018, je te prends dans ma liste ". Elle a réfléchi et, aujourd’hui, elle est conseillée déléguée au bonheur. »
En tant que conseillère, Éléonore Laloux a réussi à améliorer l’inclusivité dans le chef-lieu du Pas-de-Calais : aménagement de toilettes de change pour les personnes à mobilité réduite à la mairie et dans la salle des sports, amélioration des feux tricolores avec des dispositifs sonores et de nouvelles plaques de rues que l’on peut flasher pour entendre leur nom et se repérer dans la ville…
La Barbie atteinte de trisomie 21, une fierté
Chaque semaine, Eléonore Laloux enchaîne les efforts. Elle travaille à longueur de temps. Le matin, elle occupe son emploi à la préfecture, tandis que l’après-midi, elle travaille à la mairie. Son père a seulement l’occasion de la voir lorsqu’elle vient au QG de l’association parce qu’elle en est aussi la secrétaire adjointe. Mais tout cela, elle le fait par amour, par passion. « Je suis intense, dynamique, joyeuse, j’ai le sourire. J’aide les jeunes à continuer, à persévérer. Je les soutiens », raconte-t-elle, les yeux pétillants.
Depuis un mois, une nouvelle occupation comble le peu de temps qu’il lui reste. En effet, Eléonore est ambassadrice française de la Barbie atteinte de trisomie 21, lancée par l’enseigne de jouets, Mattel. Avec les deux ambassadrices anglaise et néerlandaise, elle fait partie des représentantes européennes. « Cette poupée illustre la Barbie trisomique 21 et moi j’incarne les personnes atteintes de la maladie, explique Eléonore. Je suis très fière d’en être la responsable parce qu’elle donne espoir aux parents et aide les jeunes à grandir et à s’épanouir ». La poupée rejoint la grande collection de Barbie inclusives.
Le père et la fille sont « très fiers » de cette Barbie. C’est aussi une nouvelle avancée pour Mattel. « Notre but à tous les deux a été de faire comprendre à l’entreprise que la Barbie n’est pas que du plastique. Non, elle est nécessaire dans la société d’aujourd’hui », explique son père.
Quand on demande à Eléonore si elle se retrouve dans la représentation physique de la figurine, elle répond avec humour. « Elle a un nez tout plat, elle porte des Cortez, moi non. Par contre, elle est plus petite, elle a les yeux amandes et elle est coquette comme moi », s’exclame-t-elle.
La nouvelle ambassadrice a déjà reçu un grand nombre de messages sur les réseaux sociaux de parents la remerciant et la soutenant. La poupée est actuellement en préventes sur Internet, elle sera disponible dans les magasins à partir de mi-juin.
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