DisparitionDécès de Remei Oliva ultime survivante ayant accouché à la maternité d’Elne

Retirada : Remei Oliva, dernière survivante ayant accouché à la maternité d’Elne, est décédée

DisparitionAprès avoir fui le franquisme à la chute du front Républicain catalan en 1939, elle avait donné naissance son enfant dans cette maternité où l’infirmière suisse Elisabeth Eidenbenz a sauvé de nombreuses vies humaines
Jérôme Diesnis

Jérôme Diesnis

L'essentiel

  • Remei Oliva Berenguer est décédée le 13 mai à l’âge de 104 ans, dans le petit village audois de Barnès. Elle était, selon les archives disponibles, la dernière femme encore en vie à avoir accouché dans la maternité suisse d’Elne.
  • Dans cette maternité, Elisabeth Eidenbenz y a sauvé de nombreux enfants et femmes juifs durant la Seconde Guerre mondiale, mais aussi apporté de l’humanité aux réfugiés espagnols.
  • Remei Oliva Berenguer était l’une de ces réfugiées, contraintes de quitter son pays natal en 1939 après la victoire de Franco, avant de vivre quinze mois dans des camps de concentration à son arrivée en France.

La télévision espagnole de langue catalane TV3 a annoncé le décès de Remei Oliva Berenguer, à l’âge de 104 ans, le 13 mai dans le petit village audois de Barnès. Elle était, selon les archives disponibles, la dernière femme encore en vie à avoir accouché dans la maternité suisse d’Elne, dans les Pyrénées-Orientales. Elisabeth Eidenbenz y a sauvé de nombreux enfants et femmes juifs durant la Seconde Guerre mondiale, après avoir fondé cette maternité en 1939,

Avant cela, l’infirmière suisse était venue en secours des réfugiées espagnoles issues de la Retirada, lesquelles avaient fui le franquisme après la victoire de Franco. Remei Oliva Berenguer était l’une d’entre elles. Près de 600 enfants seraient nés dans cette maternité. Devenu un lieu de mémoire, il a dû récemment fermer provisoirement ses portes, en raison de graves dommages sur la structure du bâtiment.

L’un des rares témoignages féminins

Arrivée en France à 20 ans en février 1939 avec son mari et son frère, Remei Oliva fut internée pendant quinze mois dans le camp d’Argelès-sur-Mer, puis celui de Saint-Cyprien. En 1980, elle avait rédigé ses mémoires, l’un des rares témoignages féminins du camp d’Argelès. Pour son livre Exode : De l’Espagne franquiste aux camps français (1939-1940), elle avait reçu en 2005 le prix Roma Planes i Miro de Memorias Populares.

En 2022, elle était revenue dans cette maternité où son fils Ruben était né. « Bon pied, bon œil, bonne ouïe, bonne mémoire, le verbe clair et l’intervention structurée, tant en catalan qu’en français, témoigne la ville d’Elne. La dernière héroïne lucide de la maternité portait toute cette histoire sur ses épaules de seule survivante des mamans ayant accouché à la maternité. Elle étonnait, touchait, impressionnait, celles et ceux, privilégiés, qui pouvaient la côtoyer, l’interviewer, lui parler. Celle qui nous disait du haut de son humilité et parlant d’Elisabeth Eidenbenz : « Elle seule mérite les honneurs et les hommages » »