Andrée Julien, dernière survivante gardoise, des camps nazis, est décédée
Résistance•Andrée Julien était agent de liaison de la résistance pendant la Seconde Guerre mondiale lorsqu’elle a été arrêtée en 1942 puis déportée. Elle a consacré de longues années de sa vie à défendre les valeurs de la République auprès des scolairesJérôme Diesnis
L'essentiel
- Résistante pendant la Seconde Guerre mondiale, Andrée Julien était la dernière survivante gardoise des camps nazis. Elle s’est éteinte à l’âge de 100 ans, jeudi en fin de soirée.
- Arrêtée à 19 ans sur dénonciation, elle avait été envoyée dans le camp de torture de Neue Bremm, puis dans le camp de concentration de Ravensbrück, avant d’être transférée en 1944 dans une usine de fabrication d’obus. Elle s’était échappée en avril 1945.
- Durant de longues années, à sa retraite, elle n’a cessé de témoigner de la barbarie nazie devant les scolaires, les enjoignant à toujours faire preuve de vigilance.
Elle venait de fêter ses cent ans le 4 mars. Andrée Julien, résistante puis déportée au cours de la Seconde Guerre mondiale, est décédée, jeudi en fin de soirée. Agent de liaison dans la résistance, elle était la dernière survivante gardoise des camps nazis.
Entrée dans la résistance à 17 ans, elle en avait 19, le 28 avril 1942, lorsqu’elle fut arrêtée sur dénonciation avant d’être envoyée Neue Bremm, un camp de torture dirigé par la Gestapo, à la périphérie de Sarrebruck, puis dans le camp de concentration de Ravensbrück, réservé aux femmes. Avant, enfin, d’être transférée dans une usine de fabrication d’obus à Leipzig-Schönefeld, en juillet 1944. Jusqu’à l’évacuation du camp, le 13 avril 1945. Elle était parvenue à s’enfuir, après trois jours de marches forcés
Le témoignage de la barbarie nazie auprès de milliers d’enfants
Faite chevalier de la Légion d’honneur en juillet 2008, elle avait reçu le 11 octobre 2022 la médaille d’officier de la Légion d’honneur. « Votre parcours appelle le respect et la considération », avait alors rappelé la préfète du Gard, Marie-Françoise Lecaillon, au moment de lui remettre cette distinction.
Après sa carrière à la préfecture de la Nièvre puis celle du Gard, Andrée Julien est intervenue pendant des années et jusqu’en 2019 auprès de milliers d’enfants dans les établissements, scolaires afin de témoigner de l’horreur des camps. En appelant à la vigilance : « c’est Hitler qui est mort, pas le nazisme. Ce dernier peut revenir à tout moment et dans n’importe quel endroit du monde », rappelait-elle, inlassablement.
De nombreux témoignages se succèdent depuis l’annonce de son décès. A l’image de celui du maire de Nîmes, Jean-Paul Fournier (LR), pour lequel elle avait beaucoup d’affection : « Nous garderons le souvenir de cette femme engagée jusqu’au bout de sa vie, défendant les valeurs de la République et luttant contre l’obscurantisme. »