L’intégration des élèves handicapés à l’école ne doit pas reposer uniquement sur les accompagnants spécialisés (AESH) mais aussi sur l’accessibilité des bâtiments et l’adaptation de la pédagogie. C’est la conclusion d’un rapport du Sénat rendu public ce mercredi.

Au fur et à mesure des années, l’Education nationale « a 'externalisé' la prise en charge des situations de handicap aux accompagnants », selon Cédric Vial, sénateur de Savoie et rapporteur du document. L’élu considère que l’institution scolaire ne peut pas ainsi « s’exonérer de sa responsabilité pédagogique ».

Des « effets pervers » à endiguer

Entre 2004 et 2022, le nombre d’élèves handicapés scolarisés à l’école est passé de 134.000 à 430.000. Ils sont épaulés par environ 125.000 AESH, un chiffre qui a augmenté de plus de 50 % depuis 2017. Mais cette hausse de l’accompagnement humain « nuit désormais à une politique qualitative et efficiente d’inclusion scolaire », selon le rapport, qui évoque des « effets pervers ».

L’AESH a ainsi « parfois tendance à 'faire écran' entre l’enfant et son professeur ou ses camarades » et l’élève peut le considérer comme une « béquille », ce qui le maintient dans « une forme de dépendance », analyse Cédric Vial. Pour renverser la tendance, le rapport préconise de développer l’accessibilité des matériels pédagogiques et des outils numériques.

L’Education nationale et les établissements scolaires doivent ainsi s’adapter aux élèves handicapés en faisant de l’accessibilité la « priorité », selon Cédric Vial. Les enseignants doivent aussi bénéficier d’une formation en matière d’accueil des élèves handicapés. La compensation par une aide humaine ne doit « intervenir qu’en complément, même si elle reste essentielle ».