Immeubles effondrés à Marseille : Le « capitaine » Payan préside un conseil municipal de deuil
L’heure de l’unité•L''ordre du jour du conseil municipal a été bouleversé pour rendre hommage aux victimes et reporter les délibérations sujettes à polémiqueCaroline Delabroy
L'essentiel
- Huit Marseillais, habitant le 17 rue Tivoli, dans le quartier animé du Camas, sont décédés dans l'effondrement de leur immeuble. Les logements ont été soufflés par une explosion, dimanche à 00h46, en plein coeur du week-end de Pâques.
- Pas de place à la polémique : les délibérations prêtant à débat ont été reportées au prochain conseil municipal, l’heure étant ce vendredi à l’unité pour rendre hommage aux huit victimes.
- La majorité municipale a tout de même souligné le rôle tenu par le maire Benoît Payan, qui s’est rendu sur place dès les tout premiers instants. Sans être jamais directement nommé, le contraste était grand avec l’après-rue d’Aubagne.
Tous les sujets polémiques ont été retirés de l’ordre du jour. C’est un conseil municipal d’une « ville en deuil » qu’a ouvert ce vendredi matin le maire de Marseille Benoît Payan, clôturant une semaine marquée par le drame de la rue Tivoli. Debout auprès des drapeaux en berne, costume sombre et cravate noire, il rappelle les prénoms des huit victimes, retraités, jeunes gens, qui « vivaient là ensemble, paisiblement », dans cet immeuble marseillais du quartier du Camas. « Marseille n’oubliera pas leurs prénoms, leurs mémoires, leurs histoires et le drame de cette nuit-là, comme nous n’oublierons jamais la mémoire des Marseillais victimes d’un autre drame qui a meurtri notre ville », promet Benoît Payan, avant la minute de silence en hommage aux victimes.
Puis le maire rend hommage aux centaines de marins-pompiers qui « sans relâche et au péril de leur vie, ont participé aux opérations de secours ». « Notre ville, dans ces moments terribles, dans ces jours de sidération et d’angoisse, a d’abord pu compter sur le courage et la bravoure de ses secouristes », déclare Benoît Payan en se tournant vers l’amiral Mathieu, commandant du bataillon, invité pour ce conseil municipal particulier, tout comme les parlementaires. Le maire a aussi eu des mots cicatrices pour les plus de 300 Marseillais évacués : « Réveillés en pleine nuit, ils ont dû tout quitter sans rien apporter. Et certains ont tout perdu. Nous mettons tout en œuvre pour les accompagner, et en ce moment même nous faisons tout notre possible pour leur permettre de rentrer chez eux le plus vite possible. »
« Vous avez été un grand chef d’orchestre »
Dans l’hémicycle, les présidents de groupe disent tour à tour leur tristesse et le deuil partagé. « De ce drame, il n’y a aucun parallélisme à faire avec d’autres tragédies si ce n’est l’intensité de la douleur », dit Lionel Royey-Perreaut (Renaissance), alors que tout le monde a en tête la colère immense qui avait suivi le drame de la rue d’Aubagne, jamais mentionné comme tel et aux causes bien différentes. Au nom du Printemps Marseillais, Joël Canicave rend hommage à « l’unité » politique. « Ces dernières heures, il n’y a plus eu de place pour les étiquettes », assure-t-il, avant de saluer l’action du maire : « En temps troublé, il ne peut y avoir de conduite sans capitaine ».
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« Face au drame, vous avez été un grand chef d’orchestre », abonde Fabien Perez (groupe Écologie et citoyen), tandis que Samia Ghali entonne aussi l’image du « capitaine ». « Vous avez décentralisé la mairie près de Tivoli à l’école Franklin-Roosevelt, vous avez été là, aux côtés des Marseillais, par des paroles mais aussi physiquement », rappelle-t-elle. Des mots qui, en creux, renvoient à l'autre drame. Et dessine le récit d’un maire au rendez-vous, et plus que jamais mobilisé. Benoît Payan doit donner date pour un conseil intermédiaire, avant le prochain conseil municipal qui était prévu le 30 juin.