Selon les chiffres du ministère de l’éducation, près d’un élève sur dix est victime de harcèlement au cours de sa scolarité. Or ce harcèlement est, de manière souvent injuste, corrélé à la réputation de l’élève harcelé. Pour mieux comprendre ces mécanismes, la sociologue de l’éducation Margot Déage, qui vient de publier À l’école des mauvaises réputations, évoque ce phénomène.

Qu’est-ce que la réputation ?

« La réputation est une rumeur qui se cristallise. Quand elle se forme, sans fondement, simplement parce que se faire remarquer est mal vu, elle poursuit généralement l’élève le long de sa scolarité, explique Margot Déage. Pour les filles, ça tourne surtout autour d’insultes liées à la sexualité. Alors que les garçons écopent plutôt des stigmates d’intello, de balance, parfois aussi traité de garçon efféminé parce qu’être intello, pour eux, n’exprime pas une certaine forme de virilité ».

La réputation des élèves met en grande difficulté les enseignants « qui doivent se positionner dans le cercle de l’intime alors qu’ils ne s’y sentent pas forcément prêts, ni outillés pour le faire », précise la sociologue. Avant de souligner que « la difficulté, pour l’élève, est que la réputation est souvent minimisée par les adultes. Et que quand elle est prise au sérieux, cette démarche peut entraîner plus de moqueries de la part des autres élèves ; donc ça demande aux adultes une certaine finesse pour rétablir la stabilité et la paix au sein des relations ».