Réforme des bourses étudiantes : 35.000 boursiers de plus à la rentrée 2023
ENSEIGNEMENT SUPERIEUR•Sylvie Retailleau a annoncé les premières mesures pour lutter contre la précarité étudianteDelphine Bancaud
Maintes fois reportée, la réforme des bourses voit enfin le jour. La ministre de l’Enseignement supérieur, Sylvie Retailleau, a dévoilé, ce mercredi, les premières évolutions du dispositif. Premier objectif : aider davantage d’étudiants, qui subissent de plein fouet l’inflation. De ce fait, « 35.000 étudiants supplémentaires vont bénéficier d’une bourse dès la rentrée prochaine », a annoncé la ministre. Une mesure rendue possible grâce à l’augmentation de l’enveloppe dédiée aux bourses de plus de 500 millions d’euros. Des jeunes issus de la classe moyenne qui ne touchaient aucune aide, vont ainsi pouvoir en bénéficier. Exemple : un enfant de deux employés au niveau de salaire moyen (1.801 euros nets mensuels chacun) sera désormais éligible au premier échelon.
Pour tous ces nouveaux bénéficiaires, le gain annuel sera de 1.450 euros (bourse versée sur 10 mois) et sera accompagné d’autres avantages (exonération des frais d’inscription, repas à 1 euro, priorité pour un logement Crous). Pour l’Unef, le compte n’y est pas, car le syndicat réclamait 100.000 nouveaux. De son côté, la Fage a salué « une première victoire ». Par ailleurs, « Tous les étudiants boursiers verront augmenter leur bourse d’au moins 37 euros par mois (soit 370 euros/an). » Un montant trop faible selon l’Unef : « 37 euros, cela ne permet pas de manger à sa faim, surtout quand 46 % des étudiants continuent de sauter des repas, faute de moyens », indique le syndicat dans un communiqué. Le ministère a aussi annoncé que 140.000 boursiers actuels (environ 20 % du nombre total de boursiers) basculeront à l’échelon de bourse supérieur. « Cela représentera pour eux une augmentation de leur montant de bourse allant de 66 euros par mois à 127 euros par mois », a précisé la ministre.
Les effets de seuils vont progressivement disparaître
Autre promesse de la ministre : « Nous allons mettre fin aux effets de seuils », qui font qu’un étudiant peut perdre sa bourse ou la voir fondre d’une année sur l’autre en cas d’augmentation des revenus de ses parents. Ainsi, la rentrée 2023, aucun étudiant ne verra sa bourse diminuer d’un montant supérieur à l’augmentation des revenus de ses parents. Mais pour la Fage, il faut aller plus loin : « Le montant de la bourse ne doit pas dépendre de la situation familiale de l’étudiant et doit être adapté au contexte économique de son territoire » La ministre a aussi déclaré que le repas universitaire à 1 euro serait pérennisé pour les étudiants boursiers. Le tarif social à 3,30 euros sera appliqué aux autres étudiants.
Des annonces qui ont été faites dans un contexte de tensions, de plus en plus de jeunes se mobilisant contre la réforme des retraites ces dernières semaines. Mais la ministre s’est défendue de vouloir faire baisser la fièvre étudiante via ses annonces : « Notre planning était lié à l’ouverture de la plateforme de bourses », a-t-elle déclaré. Sans convaincre l’Unef : « Qu’on ne s’y trompe pas, cet argent a été arraché par la mobilisation massive des étudiants depuis le 19 janvier ! », a réagi le syndicat dans un communiqué. Il s’agit d’une première étape de la réforme des bourses. Une deuxième étape devrait intervenir en septembre 2024. D’ici là, « la concertation se poursuit jusqu’à l’été afin de continuer à construire les évolutions structurelles de notre système de bourses », a indiqué la Rue Descartes.
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