Guadeloupe : L’Etat veut « accélérer » la remise en état du réseau d’eau
Plomberie•La tempête Fiona, survenue en septembre 2022, a empiré une situation déjà critique20 Minutes avec AFP
Où en est la remise en état du réseau d’eau en Guadeloupe, très endommagé, et qui entraîne depuis des années des coupures chez les usagers ? « Ça démarre enfin », a voulu rassurer le ministre délégué aux Outre-mer, Jean-François Carenco, lors d’une visite cette semaine. « On accélère les travaux, on accélère tout », a indiqué le ministre, qui a signé mercredi un contrat, annoncé en novembre, de 27 millions d’euros sur trois ans, visant à redresser et assurer le fonctionnement du syndicat unique de l’eau (SMGEAG).
« Le mois dernier, on réparait 2 fuites par jour, aujourd’hui on est à 30 », a-t-il martelé durant son séjour en Guadeloupe, « c’est bien que c’est le signe d’un truc qui marche ». Mais c’est bien insuffisant, selon le rapport confidentiel sur la crise de l’eau en Guadeloupe, daté de mi-2022. « Il est urgent d’agir pour rendre le syndicat opérationnel. Pour chaque mois qui passe au rythme d’exploitation actuel (hypothèse de 15 réparations de fuite par jour), ce sont plus de 350 nouvelles fuites qui apparaissent sur le réseau », indiquait ce rapport.
« Absence de pilotage », « ingérence », un syndicat dysfonctionnel
Créé en 2021, le SMGEAG est en proie à de graves difficultés techniques et financières, empirées par les dégâts causés sur le réseau, déjà très mal en point, par la tempête Fiona qui a balayé l’archipel en septembre 2022. Au point d’avoir conduit en novembre 2022 les acteurs locaux (région, département, SMGEAG) et surtout l’Etat, à signer une feuille de route commune, imposant un plan de retour à l’équilibre financier et une assistance technique de six personnes choisies par l’Etat.
Une « mise sous tutelle » pour divers observateurs, se référant à la large possibilité pour le ministère d’être, « autant que de besoin (…) sollicité pour (…) identifier les points de blocage qui nécessiteront une intervention interministérielle », selon ce document. Mi-2022, le rapport confidentiel étrillait la situation du syndicat, tributaire de la gestion passée des structures précédentes mais aussi de « l’absence de pilotage », de « défaillance des services administratif et financier » et de « l’ingérence du politique » dans la gestion. Des problèmes structurels qui « ralentissent » la prise de « décisions impopulaires » comme le « recouvrement forcé » ou la « réduction de la masse salariale ».
Par ailleurs, le rapport dénonçait une mainmise de la présidence du syndicat sur la gestion, retardant les recrutements nécessaires, les relations conflictuelles avec l’Etat et la commission de surveillance du syndicat, composée notamment d’associations d’usagers. En outre, l’efficacité « des tours d’eau établis depuis 8 ans » n’a jamais été mesurée, expliquait le rapport, qui s’inquiète aussi d’une prévision budgétaire « déficitaire globale de 123 millions d’euros jusqu’en 2027 ».