VITICULTUREL’État va financer l’arrachage « sanitaire » de vignes du Bordelais

Crise du vin : L’État et l’interprofession des vins de Bordeaux vont financer l’arrachage « sanitaire » de vignes

VITICULTUREUne enveloppe d’au moins 30 millions d’euros va être débloquée par l’Etat, elle sera complétée par 19 millions d’euros provenant de l’interprofession
Mickaël Bosredon

M.B. avec AFP

L’État et l’interprofession des vins de Bordeaux vont financer l’arrachage « sanitaire » de vignes à hauteur de plusieurs dizaines de millions d’euros, pour faire face à la crise de surproduction en Gironde, a annoncé mercredi le ministre de l’Agriculture Marc Fesneau.

Ce dernier a avancé une aide de l’État d’au moins 30 millions, pouvant aller jusqu’à « 38 ou 40 millions d’euros », lors du Salon de l’Agriculture à Paris. Cette enveloppe doit être complétée à hauteur de 19 millions d’euros par le Conseil interprofessionnel du vin de Bordeaux (CIVB), qui doit la voter en assemblée générale le 11 avril.

Des aides à hauteur de 6.000 euros l'hectare

En complément de ces sommes et d’une campagne de distillation des excédents annoncée le mois dernier par le gouvernement, le conseil régional de Nouvelle-Aquitaine contribuera avec une aide à la reconversion des exploitations à hauteur de 10 millions d’euros pour accompagner « au moins 300 viticulteurs ».

Les aides à l’arrachage « sanitaire », sur les deux prochaines années, portent sur environ 6.000 hectares en Gironde, à hauteur de 6.000 euros l’hectare, afin de lutter contre la flavescence dorée, une maladie qui menace les vignes laissées à l’abandon. Le financement du CIVB portera sur 3.000 hectares supplémentaires. La surface globale sera de l'ordre de 9.500 hectares, a annoncé le CIVB dans un communiqué.

« Peanuts par rapport aux demandes que l’on a faites »

Un millier de vignerons avaient manifesté à Bordeaux le 6 décembre pour réclamer l’arrachage de vignes et tenter de résoudre la crise de surproduction qui touche le premier vignoble AOC de France, avec 110.000 hectares de vignes cultivés. Le collectif « Viti 33 », à l’origine de ce rassemblement, réclamait l’arrachage d’au moins 15.000 hectares, avec une prime de 10.000 euros par hectare.

« On commence à être entendus, on voit que les gens se bougent », a réagi Didier Cousiney, porte-parole du collectif. « Le problème, c’est que ce n’est pas assez (…) Tous les jours, ce sont des viticulteurs en plus, des surfaces en plus, qui s’ajoutent à celles qui sont déjà impactées », a-t-il dit. « Ce qu’on nous donne, on le prend, on ne va pas le refuser, mais on trouve que c’est peanuts par rapport aux demandes que l’on a faites et par rapport à la détresse du vignoble bordelais. »

Un vigneron sur trois s’estime en difficulté

Dans le Bordelais, qui produit à 85 % du vin rouge, les appellations les moins prestigieuses souffrent d’un effondrement des prix et d’une surproduction évaluée à un million d’hectolitres. Un vigneron bordelais sur trois s’estime « en difficulté », selon une étude publiée fin janvier par la Chambre d’Agriculture de Gironde.



Le mois dernier, le ministère de l’Agriculture avait annoncé une campagne de distillation dotée de 160 millions d’euros pour réduire les stocks, une mesure qualifiée de « poudre aux yeux » par le collectif « Viti 33 ».