Astuces : Comment bien allumer son poêle ou sa cheminée pour moins polluer
Allumer le feu•Vertueux sur plusieurs aspects, le chauffage au bois est un des émetteurs de particules fines qui polluent l’airCamille Allain
L'essentiel
- Alors que le froid se réinstalle sur une grande partie de la France, de nombreux habitants ont recours au chauffage au bois.
- Si elle est renouvelable, cette énergie n’est pas parfaite et contribue notamment aux émissions de particules fines dans l’air.
- Avec un matériel récent, du bois bien sec et un allumage par le haut, on peut grandement limiter son impact.
Après avoir frôlé le printemps, la France vient de basculer dans le grand froid. Rafraîchie par le vent glacial du nord-est, une grande moitié nord du pays grelotte. Alors que le prix du gaz et de l’électricité a grimpé ces derniers mois, les Français ont été nombreux à se tourner vers le chauffage au bois. Preuves de cet engouement ? L’explosion de la demande en pellets ou encore l’impossibilité de certains professionnels du bois de chauffage d’honorer toutes les commandes de particuliers. Énergie renouvelable, locale et ancestrale, le bois multiplie les atouts. Mais elle ne peut pas tout faire bien. Son principal défaut ? Les particules fines émises lors de sa combustion qui viennent polluer l’air. Pour autant, il est possible de limiter grandement la pollution générée par son poêle ou sa cheminée en suivant quelques conseils pas toujours connus du grand public. 20 Minutes vous aide à allumer le feu.
Bannir le foyer ouvert
D’après les travaux du Centre interprofessionnel technique d’études de la pollution atmosphérique, 46 % des particules fines de 2,5 microns (PM 2,5) et 32 % des PM10 sont générées par la combustion du bois. Une part conséquente qui est notamment liée à la présence de nombreux appareils à foyer ouvert ou peu performants. En plus de mal chauffer, ces équipements émettent cinq fois plus de particules fines qu’un poêle récent (depuis 1996 est considéré comme récent) et dix fois plus qu’un poêle à granules. « La cheminée ouverte, elle est à proscrire. La plupart du temps, elle est très large, et on y met de grosses bûches, parfois pas fendues. C’est ce qu’il y a de pire », explique Morgan Lebreton, chargé de mission à la Fibois Bretagne. Cet organisme créé par l’État conseille de remplacer le matériel obsolète par des équipements plus récents en optant pour le label « flamme verte ». Ces derniers divisent par cinq les émissions de particules fines et affichent des rendements nettement supérieurs. Vous consommerez moins de bois pour tenir votre logement à température.
Allumer son feu « à l’envers »
Oubliez le papier journal posé au fond du poêle. Si vous voulez un allumage optimal, il vous faudra opter pour la technique dite « par le haut ». Posez en bas vos plus grosses bûches puis remontez avec du petit bois tendre comme du bouleau ou des résineux et posez dessus un allume-feu écologique. Au sommet, vous pouvez ajouter un peu de cagettes ou des pommes de pin bien sèches. Mettez un tirant d’air maximal et allumez.
« En procédant ainsi, on chauffe le foyer avant que les flammes ne brûlent les grosses bûches. L’air est plus chaud et assèche le bois. Quand les flammes brûlent les bûches, elles sont plus vives », poursuit Morgan Lebreton. D’après l’Ademe, 80 % des émissions polluantes ont lieu durant les 10-15 minutes après l’allumage. La méthode d’allumage par le haut permettrait de réduire de 30 à 50 % les émissions de combustion.
Brûler du bois bien sec
L’une des principales sources d’émissions de particules fines provient de l’humidité du bois. S’il est trop « vert » et pas considéré comme « prêt à l’emploi », le bois brûle se consume mal et dégage d’importantes quantités de fumées qui viennent dégrader l’air. Légalement, le taux d’humidité du bois vendu comme « prêt à l’emploi » doit être inférieur à 23 %.
On estime qu’il faut dix-huit mois de séchage après l’abattage, même si ce chiffre varie selon les essences. Les spécialistes conseillent de stocker son bois à l’abri de la pluie et de le ranger en quinconce afin que l’air puisse circuler et que les bûches puissent correctement sécher. En France, une grande partie du bois de chauffage est autoproduite par des particuliers ou des agriculteurs. Pour limiter la pollution et améliorer son pouvoir calorifique, il est nécessaire de s’assurer qu’il soit prêt à l’emploi. Patience, donc.
Bien choisir ses essences
Les trois classiques : charme, hêtre et chêne. Considérées comme les meilleurs bois de chauffage, ces trois essences sont également les moins polluantes, selon la DREAL qui préconise « d’éviter les résineux ». Il est conseillé de bien fendre les morceaux et d’éviter les grosses bûches circulaires pleines d’écorce qui ont tendance à garder une forte humidité et à encrasser les conduits.
Mettez de l’air !
« On voit très souvent des gens opter pour une dernière bûche de nuit. Ils choisissent la plus grosse et baissent le tirant d’air afin qu’elle se consume doucement pendant la nuit. C’est une erreur. En faisant cela, on encrasse son matériel, on dégage des fumées et on pollue. Mieux vaut opter pour une dernière belle flambée intense avant d’aller se coucher », recommande le chargé de mission de la Fibois. A tout moment de la combustion, il est conseillé de maintenir un tirant d’air important et un feu vif pour limiter les dégagements de fumée. Un bon indicateur : si votre vitre s’encrasse, c’est que le tirant d’air est insuffisant. A l’allumage, il vaut mieux laisser un tirant maximal pendant au moins trente minutes, le temps de chauffer le conduit.