Les agriculteurs manifestent à Lyon et Clermont-Ferrand pour le droit de « vivre décemment »
Mécontentement•Ce mardi des centaines d’agriculteurs ont défilé à Lyon, Clermont-Ferrand et Nîmes afin d’alerter sur leurs conditions de travail et leur niveau de rémunérationC.G. avec AFP
L'essentiel
- A Lyon, Clermont-Ferrand et Nîmes, plusieurs centaines d’agriculteurs ont manifesté afin de réclamer que les « produits aient un juste prix ».
- A quelques jours du salon de l’agriculture, ils ont demandé de pouvoir « vivre décemment », dénonçant notamment les pressions des grandes surfaces.
- Certaines délégations ont été reçues en préfecture.
Entre 150 et 200 agriculteurs au volant de leurs tracteurs, remorques et voitures ont convergé mardi matin vers le centre de Lyon, en menant des opérations escargot, afin de réclamer notamment une meilleure rémunération. « Il faut qu’on puisse vivre décemment de nos métiers, que nos produits aient un juste prix », déclare Jocelyn Dubost, président des Jeunes agriculteurs de la région.
Les organisateurs ont décidé de marquer le coup à quelques jours de l’ouverture du Salon de l’agriculture. Des opérations similaires se sont également déroulées dans les villes de Clermont-Ferrand et Nîmes.
Bennes de purin et déchets végétaux
Les manifestants présents à Lyon se sont dans un premier temps rassemblés devant la DREAL (Direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement), où ils ont déversé quelques bennes de purin et autres déchets végétaux, avant de se diriger vers la préfecture, où là encore des bennes ont été vidées aux abords. Les représentants des agriculteurs ont été reçus à 14 heures par la préfète de région.
« On nous interdit des façons de produire, sans proposer aucune solution en face, on met des filières totales en péril, comme la cerise dans notre région », menacée par la mouche asiatique, déplore Jocelyn Dubost. Edith Cabello, productrice maraîchère et fruitière en Ardèche, est venue elle aussi dire son ras-le-bol. « On nous enlève les phytos [pesticides], moi je suis productrice de cerises, on ne pourra plus en produire, elles sont immangeables », assure-t-elle.
Pression des grandes surfaces
Assurance récolte trop chère, problèmes d’installation des jeunes, pression des grandes surfaces… « On n’arrive pas à vivre de notre métier. On a une forte pression sociale et fiscale qui est beaucoup trop importante, après avoir subi beaucoup d’aléas climatiques », énumère l’agricultrice.
Dans le Puy-de-Dôme, une dizaine d’agriculteurs ont investi une grande surface proche de Clermont pour coller des stickers « la grande distribution s’engraisse, l’agriculteur vend à perte ». « On vend la moitié de nos produits à perte. On arrive chez nous pour nous acheter des vaches, on nous dit c’est tel prix ou tu les gardes, on ne peut pas se permettre de garder notre production », conclut Julien Tixier, jeune agriculteur de 25 ans en polyculture-élevage qui fait « 70 heures par semaine pour 800 euros ».