Vert et pas cher« Plantes pour tous », une initiative vraiment écolo ?

« Plantes pour tous », une initiative vraiment écolo ?

Vert et pas cherL’entreprise vend, à de plus en plus de Parisiens, des plantes à petits prix mais qui se veulent le plus écoresponsables possible
Mathilde Desgranges

Mathilde Desgranges

L'essentiel

  • Les ventes flash de plantes d’intérieur, organisées par l’entreprise Plantes pour tous, font fureur dans les plus grandes villes de France. De nombreuses espèces de plantes y sont vendues à petits prix.
  • Pour atteindre des prix 20 à 30 % moins cher que la concurrence, l’entreprise importe ses plantes de l’étranger. Elle s’approvisionne notamment en Belgique et aux Pays-Bas.
  • « On veille surtout à ce que les producteurs respectent une démarche respectueuse de l’environnement », avance Julien Morelli, cofondateur de l’entreprise.

Des plantes d’intérieur à 2 euros, 5 euros et 10 euros, ou encore des grandes Monstera Deliciosa à 20 euros… L’entreprise Plantes pour Tous organise des « ventes flash » de plantes vertes. Le temps d’un week-end, le plus souvent, d’importantes quantités de plantes vertes sont mises à la vente à prix cassés. Ce concept, né en 2017, fleurit un peu partout en France, et surtout à Paris. Ses deux cofondateurs, Julien et Léo, mettent en avant, sur leur site, « l’écoresponsabilité au cœur de leur projet ». L’objectif affiché est de « transmettre leur savoir botanique, […] tout en ayant à cœur de développer et soutenir des productions horticoles écoresponsables nouvelles ».

Un objectif ambitieux pour une entreprise qui propose des produits « entre 20 et 30 % moins cher qu’ailleurs », selon le cofondateur Julien Morelli. Alors quel secret pour proposer du « vert pas cher » de manière écoresponsable ?

Des plantes importées de l’étranger

Tout réside dans la manière « d’optimiser la logistique », selon le cofondateur. « C’est très facile à dire, beaucoup moins à faire. En fait, on fait en sorte de ne pas avoir d’intermédiaires [qui prennent des marges], et on travaille directement avec ceux qui mettent la graine dans la terre, les producteurs. » En s’affranchissant de l’approvisionnement au marché de Rungis, l’entreprise réduit considérablement les coûts. Mais se pose la question de la provenance de la marchandise, importée depuis l'étranger. « La production de plantes d’intérieur en France, c’est anecdotique, affirme Julien Morelli, qui reconnaît être souvent interrogé par les clients sur la question de la provenance de ses marchandises. « Le problème, c'est que la production en grosse quantité en local, au-dessus de 50 unités, je n’en connais pas. » Plantes pour Tous ne travaille donc pas avec des petits producteurs locaux mais importe ses plantes de l’étranger, des Pays-Bas et de Belgique notamment, comme la plupart des géants du secteur.

80 % des plantes labellisées bios

« Produire des plantes en grande quantité coûte beaucoup moins cher là-bas », souligne Thierry Dujarrier, de la Jardinerie de Montesson (Yvelines). Ces pays ont investi dans les industries horticoles, maraîchères et pépinières, et d’importantes subventions sur le gaz leur permettent d’entretenir des serres de grandes superficies. Un avantage concurrentiel développé depuis des décennies. « C’est monnaie courante d’importer des plantes de Belgique ou des Pays-Bas, par contre je ne vois pas en quoi c’est écoresponsable », poursuit le jardinier.


En fait, c’est surtout sur les conditions de production que l’entreprise entend changer les choses, à son échelle. Contrairement aux grandes enseignes, l’entreprise organise ses ventes de manière à limiter son taux de perte, qui avoisine les 2 %. « Et puis, nos plantes sont, pour 80 % d’entre elles, labellisées bio et MPS [un label délivré aux productions horticoles qui limitent les intrants chimiques, la consommation en eau et en électricité] », précise Yaël, responsable communication de l’entreprise. Une mesure positive pour l’environnement, ainsi que pour le consommateur puisque « cela permet d’avoir des plantes en bonne santé, qui vont avoir une durée de vie plus longue ». Et donc diminuer, à terme, le rythme des importations et l'empreinte carbone qui va avec ?