Saint-Valentin : « Une séance de sexe coloré »… Ils se font une toile en faisant l’amour
De toutes les couleurs•En cette Saint-Valentin, « 20 Minutes » a demandé à des couples de nous raconter la toile qu’ils ont peinte en faisant l’amour, un concept développé par la société strasbourgeoise BlashGilles Varela et M.P.
Faire d’une histoire d’amour une œuvre d’art. C’était le désir de Mélanie et Robin, des trentenaires strasbourgeois qui ont créé il y a maintenant un peu plus de trois ans, Blash, « Be Love Art Sensuel & Human ». Ce concept sexy au packaging léché propose un kit avec tout le matériel nécessaire pour permettre de « multiplier les plaisirs ». « Une expérience sensorielle, sexuelle, une performance artistique », assure Mélanie. Le principe ? Poser de la peinture sur une toile de peintre en coton ou sur des parties de son corps avant de se laisser aller en faisant l’amour. Résultat, une œuvre unique à accrocher chez soi. De la déco, mais aussi de quoi intriguer ses invités ou émoustiller une soirée… Pour 20 Minutes, certains aventuriers de cette partie de jambes en l’air et en peinture nous ont confiés, à l’occasion de la Saint-Valentin, leur expérience.
Comme Céline*, une Strasbourgeoise, qui « a tout suite » craquée pour ce concept qu’elle a découvert via les réseaux sociaux. « Ça a été impulsif. Je voulais faire ça avec mon ami de l’époque, raconte la quadragénaire. Mais finalement, on s’est séparé avant et le kit est resté dans mon tiroir assez longtemps. Alors du coup, je me suis dit que j’allais le faire avec un plan c** (rires) ». Une expérience dont elle se réjouit encore. « C’est génial, la sensation des deux corps avec la peinture sur la peau, j’ai trop aimé. » La peinture, un plus ? « Ah oui, ça donne un côté charnel quand les peaux glissent ». Pas besoin de scénarios coquins, comme ceux proposés dans le kit. Pour cette occasion, elle a préféré l’effet surprise, la spontanéité. « J’ai sorti la box et je lui ai demandé si cela le tentait. Et voilà… Il était plus qu’emballé et a voulu le faire tout de suite, se rappelle Céline. On a réparti les couleurs sur la toile et puis après… » Au final, une œuvre abstraite en rouge et noir, les couleurs choisies par Céline. « Mais on n’a pas voulu que cela soit trop étalé, alors on n’a pas fait l’amour pendant trois heures », précise la Strasbourgeoise.
Un bémol cependant, certains usagers du kit Blash regrette la rapidité à laquelle sèche la peinture sur la peau. « Vaut mieux être un éjaculateur précoce ! », plaisante Céline. Autre petit désagrément, si elles sont « sans risque pour la peau et facilement lavables », les peintures ne sont pas en revanche faites pour les muqueuses. « J’ai vraiment fait l’amour, explique cependant Céline, mais mieux vaut ne pas se servir du pénis comme d’un pinceau ! »
« Une autre manière de découvrir la sexualité »
Une expérience encouragée par Chloé, jeune trentenaire sexologue et thérapeute de couple, établit à la Rochelle. Le kit est « un projet très abouti », assure-t-elle qui le propose régulièrement à ses patients après l’avoir expérimenté elle-même. Une clientèle essentiellement composée de jeunes de moins de 30 ans avec qui elle travaille souvent en visio. « C’est une autre manière de découvrir la sexualité. Il n’y a pas que la pénétration, rappelle la sexologue. Cela permet de faire l’amour autrement. » Certains lui rapportent avoir vécu « un moment sensuel et rigolo parce qu’ils ont passé du temps à se caresser, à se frotter avec la peinture ». D’autres « acceptent mieux certaines choses sur leur peau qui peuvent les gêner comme des vergetures, etc., explique-t-elle. Etre recouvert de peinture, c’est être à la fois être nu mais aussi couvert, respecter une certaine intimité. L’occasion aussi de se retrouver nu l’un contre l’autre car certains expliquent avoir perdu ce réflexe-là. Cela permet de prendre le temps, la chose d’une façon la plus ludique possible, de découvrir le corps de l’autre d’une autre manière ».
Une aventure partagée également par Marie*, 40 ans, et Louis*, 43 ans, résidant en Île-de-France. Amants pendant cinq ans, ils ont discrètement décidé de coucher sur une toile leur amour. « Je voulais partager quelque chose de fort avec lui, et pouvoir le garder, raconte Marie. Les tableaux, les couleurs c’est mon truc et là j’allais pouvoir avoir les deux tout en prenant du plaisir ! » Aussi, elle lui a offert « cette séance de sexe coloré », pour son anniversaire. « Forcément il a adoré l’idée ». Après avoir soigneusement préparé cet atelier de peinture éphémère dans son salon, les deux amants se sont « éclatés ». « C’était incroyable même si on a dû faire des pauses pour parfois se rincer un œil ou un sein… ou nos sexes, confie Marie. Parfois j’ai aussi mis un stop car je voyais les draps glisser, il était hors de question de mettre de la peinture sur les murs, je suis en location. J’avoue qu’on a cassé une lampe et quelques verres au passage. » Si certaines gouttes de peinture ont touché le sol, « pour être honnête, un an après, quand je les vois sur mon parquet ou sur un pot de fleurs, je souris en pensant à lui ».
La toile a remplacé le « tableau Ikea » du salon
Plus tard, leur liaison étant devenue amicale, Marie a choisi un bout de toile, « là où je devine un morceau de sa main sous ma fesse », détaille-t-elle, avant de l’accrocher dans sa chambre. « Elle me rappelle les bons moments […] et m’a permis d’être très à l’aise avec mon amant et mon corps. Je nous y trouve beaux. » Quant à Louis, l’ex-amant, il a choisi un morceau très coloré, un peu brouillon sur lequel on ne comprend pas grand-chose et l’a encadré dans son hall d’entrée. « J’adore savoir ça », confesse Marie. « Cette journée peinture était grandiose, explique Louis. Quand je ferme les yeux, j’ai son corps coloré en tête, ce bout de sein rose que je n’aurais jamais voulu nettoyer. […] Je crois que Marie n’avait jamais été aussi libérée et prête à tout tester. »
Une exposition qui ne reste pas toujours secrète, au contraire. Chloé, la sexologue de la Rochelle, a accroché la toile dans son bureau. Quant à Céline, la Strasbourgeoise, l’œuvre a rapidement remplacé son « tableau Ikea accroché » dans son salon. Une œuvre sur laquelle cependant ses visiteurs s’interrogent et à qui elle n’explique pas forcément comment elle a été peinte. « Je le dis à mes meilleures amies, ou mes amis proches oui, mais mes parents n’ont pas besoin de savoir ce que c’est ! », sourit-elle. Reste que l’œuvre exposée est un sujet de discussion et une expérience réussie qu’elle « compte bien refaire », dès qu’elle aura trouvé l’âme sœur pour immortaliser ce moment. « Pour l’instant, c’est ma passion provisoire qui est exposée. »
* Les prénoms ont été modifiés