Rennes : « On ne vend plus » … La métropole garde ses terrains pour éviter la spéculation
Immobilier•Dans son nouveau plan local de l’habitat, la collectivité souhaite étendre le recours à son dispositif de foncier solidaireCamille Allain
L'essentiel
- Pour faire face à la flambée du prix de l’immobilier, Rennes Métropole veut accentuer le recours à son office de foncier solidaire.
- Ce dispositif permet à la collectivité de rester propriétaire du terrain. Le propriétaire ne possède alors que les murs.
- En échange d’un tarif maîtrisé, le propriétaire s’engage à ne pas vendre dans un tarif encadré.
Une loi d’offre et de demande. A Rennes et dans sa métropole, les habitants ont pu constater ce qu’un marché de l’immobilier déséquilibré pouvait générer. Depuis quelques années, la capitale bretonne est victime de son attractivité et a vu ses prix flamber pour atteindre le chiffre déraisonnable de 5.628 euros le mètre carré dans le neuf.
La situation est à peine plus enviable dans les 42 autres communes de la métropole, où la moyenne s’équilibre à 4.228 euros. Pour y faire face, le conseil métropolitain a adopté des orientations stratégiques pour son futur plan local de l’habitat, qui devrait entrer en vigueur fin 2023. La collectivité entend notamment généraliser la dissociation du foncier et du bâti pour limiter la spéculation. Explications.
N’acheter que les murs
Créé en 2018, l’office de foncier solidaire de la métropole ne concernait jusqu’ici que huit communes. Demain, il sera étendu à 31 des 43 communes du territoire où le prix du logement a le plus grimpé. Son principe ? L’immeuble conçu par le promoteur est vendu à des particuliers mais ces derniers n’achètent que les murs. La collectivité reste quant à elle propriétaire du terrain, évitant une spéculation non maîtrisée.
« Le sol est un bien collectif et le logement n’est pas une marchandise. L’objectif est de donner un coup de frein à la hausse des prix », assume Honoré Puil, vice-président au logement. En échange d’un prix attractif, le propriétaire sera contraint de revendre à un tarif encadré pendant dix-huit ans.
Quand on se penche sur les chiffres, ça marche. Avec le bail réel solidaire, le prix tombe à 2.200 euros du mètre carré pour un appartement neuf. La présidente de la métropole va même plus loin dans son engagement : « La collectivité a un stock de foncier public. On en a de moins en moins mais on en a. Et là, la règle est simple : on ne vend plus », assure Nathalie Appéré.
L’idée de cet office de foncier solidaire avait germé quand de jeunes propriétaires aidés par la collectivité avaient revendu leur logement à prix d’or, alors même qu’ils avaient bénéficié d’un accompagnement financier. « Une fois vendu, le logement perd sa vocation sociale. Ce dispositif ne profite donc qu’au premier acquéreur qui est libre de revendre son bien comme il l’entend », indiquait alors Honoré Puil. Avec l’OFS, c’est la métropole qui reste propriétaire des terres et les met à disposition d’un promoteur en échange d’une redevance. Le jour où le logement est revendu, son prix restera encadré. Le dispositif vient même d’être étendu aux locaux d’activités depuis quelques jours.
Moins de promoteurs intéressés ?
Certains élus craignent cependant que le système ne refroidisse les promoteurs, déjà confrontés à une hausse du coût de construction liée à la flambée de certains matériaux. « Il continuera à se construire des logements, je ne suis pas inquiète », assure Nathalie Appéré. La métropole s’est fixé l’objectif de construire 5.000 nouveaux logements par an, dont 10 % en « recyclage » de bâtiments déjà existants mais affectés à d’autres usages.