TRIBUNAL« La fonction est attaquée », lance le maire qui avait refusé un mariage

Alsace : « C’est la fonction qui est attaquée », lance le maire qui avait refusé de célébrer un mariage

TRIBUNALL’édile d’Illkirch-Graffenstaden devra s’expliquer mardi devant la justice après avoir refusé de célébrer un mariage début octobre à cause du comportement du cortège. Il prépare sa défense
Thibaut Gagnepain

Thibaut Gagnepain

L'essentiel

  • Le maire d’Illkirch-Graffenstaden, à côté de Strasbourg, est assigné mardi prochain devant le tribunal judiciaire de Strasbourg. Un couple qu’il avait refusé de marier en octobre est à l’origine de cette procédure.
  • « J’ai refusé de les marier car l’ambiance n’était pas celle que j’ai l’habitude de voir […] On peut faire la fête sans dépasser le cadre réglementaire. », rappelle Thibaud Philipps, qui avait été prévenu par des riverains d’abus dans le cortège.
  • L’édile a reçu des soutiens mais… pas tant que ça. L’association des maires de France (AMF) ne s’est pas prononcée, ni sa représentation dans le Bas-Rhin. « C’est un dossier sensible avec une situation qui est potentiellement condamnable… »

De la grande salle de réception à une salle d’audience. Quatre mois après avoir vu leur cérémonie annulée au dernier moment, un couple d’Illkirch-Graffenstaden et le maire de cette ville du Bas-Rhin se retrouvent mardi devant le tribunal judiciaire de Strasbourg.

Thibaud Philipps, l’édile, y a été assigné par l’avocat des ex-futurs mariés. Maître Mohamed Aachour l’accuse d’avoir porté atteinte à la liberté de mariage. Ses clients réclament également 10.000 euros de dommages et intérêts, 2.500 euros de frais de justice, mais aussi que leur cérémonie soit reprogrammée « sans délai ».


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En face, le jeune maire (32 ans) prépare sa défense. Il a, en ce sens, demandé « la protection fonctionnelle » au service de l’Etat « car [il est] aussi poursuivi en tant qu’officier d’état civil », détaille à 20 Minutes l’élu Les Républicains (LR), en répétant une nouvelle fois avoir agi en conscience et dans l’intérêt public. « J’ai refusé de les marier car l’ambiance n’était pas celle que j’ai l’habitude de voir […] On peut faire la fête sans dépasser le cadre réglementaire. Ce n’était pas le cas. »

Ce samedi 8 octobre, plusieurs riverains de cette commune de 28.000 habitants plutôt tranquille s’étaient plaints d’excès de vitesse de la part de grosses cylindrées, de troubles à l’ordre public mais aussi de coups de feu. Un tireur a ensuite été identifié et interpellé sur le parvis de l’hôtel de ville. Reconnu coupable de l’usage d’un pistolet d’alarme et de tirs de balles à blanc, le frère de la mariée avait été condamné quelques jours plus tard à 500 euros d’amende.

« La fonction du maire est attaquée »

« A travers cette affaire, c’est la fonction de maire qui est attaquée », reprend Thibaud Philipps, qui a reçu l’appui de plusieurs collègues locaux proches politiquement. Dans un communiqué, l’Amicale des maires de l’Eurométropole et son président René Schall lui « assurent tout leur soutien. »



« Ils font confiance à la justice pour qu’elle ne permette pas que les maires, officiers de l’état civil agissant au nom de l’Etat et dévoués à la chose publique soient mis en cause à titre personnel dans l’exercice légitime et légal de leurs fonctions », ajoutent les édiles, qui n’ont pour le moment pas été suivis par d’autres.

« Un dossier sensible »

L’association des maires de France jointe par 20 Minutes dit « ne jamais prendre position, chaque maire est libre d’agir comme il veut ». Son antenne du Bas-Rhin reste aussi assez floue. « Je ne peux pas dire si nous le soutiendrons ou non, nous devons en parler ensemble », explique son président Vincent Debes, visiblement gêné par le sujet. « C’est un dossier sensible avec une situation qui est potentiellement condamnable. On va en discuter mais on ne peut pas se mettre en opposition de la loi… »

De son côté, le maire d’Illkirch-Graffenstaden assure que « des parlementaires [l'] ont contacté » et pourraient aussi se prononcer en sa faveur. « L’affaire est symbolique par rapport à la fonction », insiste-t-il. « Ça pose question à tous mes collègues car pour faire notre boulot, on prend des risques chaque jour et il ne faudrait pas que ça nous retombe dessus personnellement. Après, on s’étonne qu’il y ait une crise des vocations de maire… »