ENSEIGNEMENT SUPERIEURQue donne la politique des quotas sur Parcoursup ?

Parcoursup : Que donne la politique des quotas ?

ENSEIGNEMENT SUPERIEURLe comité d’éthique et scientifique de Parcoursup a rendu son rapport annuel ce jeudi, qui suggère des pistes d’amélioration
Delphine Bancaud

Delphine Bancaud

L'essentiel

  • Le comité d’éthique et scientifique de Parcoursup (CESP), instance indépendante, a rendu jeudi son cinquième rapport annuel.
  • Selon lui, la mise en place de quotas en faveur des boursiers a encouragé cette catégorie d’élèves à postuler davantage à des formations de l’Enseignement supérieur.
  • Malgré les quotas institués en faveur des bacheliers professionnels, le comité constate que leur part en BTS n’évolue que lentement depuis plusieurs années.

Garantir l’équité des candidats sur Parcoursup. C’est l’une des ambitions de la plateforme d’affectation dans l’Enseignement supérieur. Et pour ce faire, des quotas ont été établis sur Parcoursup afin d’aider des candidats qui ne partaient pas forcément avec autant de chances que les autres pour accéder à certaines formations. Une politique qui a permis des avancées, mais qui n’a pas non plus répondu à toutes ses ambitions, comme le souligne le rapport annuel comité d’éthique et scientifique de Parcoursup (CESP), dévoilé jeudi.

L’instance indépendante s’est d’abord intéressée aux quotas de boursiers à l’entrée de certaines formations*, établis par le recteur de chaque académie. Une mesure qui vise à favoriser la mixité sociale dans l’Enseignement supérieur, car plusieurs études ont montré la tendance qu’ont les élèves boursiers à s’autocensurer dans leurs choix de formation.

Plus de boursiers acceptent une proposition

Résultats des courses : « Les quotas de boursiers sont efficaces », estime Catherine Moisan, inspectrice générale honoraire de l’Education nationale et membre du CESP. Car la part de boursiers ayant accepté une proposition dans Parcoursup est passée de 19,8 % en 2018 à 24,9 % en 2021. « Les quotas ont permis à des boursiers d’accéder à des formations dans lesquelles ils n’auraient pas été admis sans ce dispositif », estime le CESP.

Un bémol cependant : car on assiste à un tassement, voire une régression du nombre de boursiers inscrits dans certaines formations sélectives. C’est le cas notamment dans les écoles d’ingénieurs (qui passent de 26 % de boursiers en 2012 à 22,8 % en 2020). Ce qui prouve que « perdurent des freins (sociaux, financiers) pour l’accès de ces candidats aux formations les plus sélectives », souligne le CESP.

42 % de bacheliers technos en BUT en 2021

Autre quota dans Parcoursup : celui qui bénéficie aux bacheliers technologiques et bacheliers professionnels à l’entrée des formations courtes. Le recteur fixe un nombre de places réservées aux bacheliers pros en BTS. Pour les BUT, le ministère de l’Enseignement supérieur leur a fixé à partir de 2021, l’objectif de garder 50 % de leurs places aux bacheliers technos.

Selon le CESP, les résultats des BTS dans ce domaine n’évoluent pas. Car le pourcentage des bacheliers professionnels inscrits en STS était de 32,1 % en 2019-2020 et seulement 31,3 % en 2020-2021. Concernant les quotas de bacheliers technos en IUT, les résultats sont plus positifs : la part des néobacheliers technologiques est passée de 34 % en 2020 à 42 % en 2021.

Lever encore les freins à l’orientation dans le supérieur

Fort de ces constats, le CESP émet quelques recommandations. D’abord, pour améliorer le taux de boursiers dans les filières sélectives, il recommande de booster leur accompagnement à l’orientation en insistant sur « la représentation qu’ils se font des filières et des métiers visés, mais aussi sur leur chance de réussite ». Concernant les BTS, le CESP recommande que leur soient fixés par le ministère des objectifs précis à atteindre comme cela a été fait pour les BUT. Il insiste aussi sur la nécessité de mieux accompagner les bacheliers pros lorsqu’ils sont pris en BTS, car moins de la moitié d’entre eux obtient le diplôme : 40,2 % en deux ans, 47,5 % en deux ou trois ans.



Et pour amener les bacheliers pros et technos à davantage postuler en BTS et en BUT, il faut aller davantage à leur rencontre et ce, dès la classe de seconde. « Il faut que le travail sur l’orientation passe davantage par des témoignages d’anciens élèves qui viennent raconter leur formation dans leur ancien lycée », recommande Catherine Moisan. Le meilleur moyen de donner envie de les imiter.

* Les formations des établissements publics et certaines formations privées sous convention avec l’Etat (CPGE, écoles d’architecture…).