Insérer les personnes LGBTI+ dans le monde du travail est un métier
INCLUSION•Ingénieur en formation des adultes, un Lillois se fait un devoir, et un métier, d’accompagner collectivités et entreprises dans leur démarche d’inclusion de salariés lesbiennes, gays, bisexuelles, transgenres, transsexuelles et intersexuéesMikaël Libert
L'essentiel
- Jean-François Pyl-Tillet lance un organisme de formation pour l’inclusion des personnes LGBTI+ dans le monde du travail.
- En entreprise, la prévention des risques psychosociaux ne prend pas toujours en compte les spécificités des personnes LGBTI+.
- Pour ce formateur lillois, il s’agit davantage de méconnaissance que de mauvaise volonté des employeurs.
Intégrer la diversité. N’en déplaise à certains, la diversité sous toutes ses formes est une richesse pour la société en général, y compris dans le monde du travail. Et si l’accepter et l’encourager ne devraient même pas être sujet de discussion, la réalité montre qu’il y a encore pas mal de boulot pour éradiquer racisme, sexisme et homophobie. Pour les personnes LGBTI+, c’est peut-être encore pire, notamment en raison de la méconnaissance de ce qu’elles représentent. Un « vide » que se propose de combler Includ, un organisme lillois voué à l’inclusion en entreprise des lesbiennes, gays, bisexuels, transgenres, et intersexués.
À l’instar de la plupart des personnes homosexuelles, Jean-François Pyl-Tillet a vécu les discriminations et les moqueries dispensées à son égard en raison de son orientation sexuelle. Et avec lui, son père, plombier, subissant les blagues homophobes sur son lieu de travail parce que son rejeton aime les garçons. « Dans le monde du travail, que l’on soit visé directement ou non, cela entre dans le cadre des risques psychosociaux contre lesquels l’employeur est tenu de prémunir ses employés », explique le fondateur d’Includ.
« Il y a un vrai trou dans la raquette »
De manière générale, entreprises et collectivités appréhendent de manière plutôt efficace les problématiques du sexisme et du racisme. « En ce qui concerne les risques psychosociaux liés aux situations de vie des personnes LGBTI+ dans le monde du travail, il y a un vrai trou dans la raquette, assure Jean-François Pyl-Tillet. Ce n’est pas tant un problème d’altérité qu’une question de méconnaissance », estime-t-il. Il y a de la bonne volonté, mais un manque de méthode que les formations d’Includ peuvent combler.
A commencer par apprendre aux services des ressources humaines de quoi on parle. Le formateur s’explique : « Pour manager la diversité LGBTI+, il faut déjà savoir de quoi il s’agit et casser les fausses représentations que l’on peut en avoir. » De manière beaucoup plus pratique, Includ forme aussi au respect des obligations légales liées à la diversité et donne les clés pour réduire les risques qui y sont liés. « D’un côté, j’explique aux clients qu’il est dommage de se priver de certains talents par peur de mal faire, insiste Jean-François Pyl-Tillet. De l’autre, cela va permettre aux personnes LGBTI+ d’arrêter de s’inventer une vie d’hétéros par crainte de ne pas être intégrées. »
Et si ce n’est pas par simple humanisme, les employeurs n’ont de toute façon pas le choix. « L’entreprise à des obligations concernant les risques psychosociaux et la qualité de vie au travail. L’inclusion en fait partie », poursuit le patron d’Includ. D’ailleurs, en cas de manquement, la responsabilité de l’employeur pourra être engagée sur la base du Code du travail ou du Code pénal. A bien vivre ensemble, tout le monde y gagne.
À lire aussi