ECONOMIE D’ENERGIELe premier immeuble de France sans chauffage sera construit à Lyon

Lyon : Le premier immeuble de France sans chauffage sera destiné aux « plus modestes »

ECONOMIE D’ENERGIECes logements du projet « Essentiel », piloté par Nexity, ne nécessiteront ni chauffage ni climatisation et seront tous vendus en bail réel solidaire (BRS) d’ici à 2025
Elise Martin

Elise Martin

L'essentiel

  • D’ici deux ans, le quartier de la Confluence de Lyon accueillera le tout premier immeuble sans chauffage et sans climatisation de France.
  • Ce projet baptisé « Essentiel » s’inscrit dans une réalisation globale de « logements pour tous et bas carbone ».
  • Ils seront construits, à partir de ce printemps, avec la promesse de ne pas dépasser les 26 °C en été et ne pas descendre sous 22 °C l’hiver.
  • Frédéric Marchal, président régional du groupe Nexity qui mène ce projet, précise que l’intégralité des 23 appartements de l’immeuble sera destinée aux foyers les plus modestes.

Qui ne rêve pas aujourd’hui de vivre sans mettre de chauffage l’hiver et de clim l’été dans son logement ? Depuis 2013, des Autrichiens ont ce privilège grâce aux architectes Baumschlager Eberle et leur concept d’immeuble « 2226 », construit pour que la température ne dépasse pas 26 °C l’été et ne descende pas sous 22 °C l’hiver. D’ici deux ans, des Lyonnais aussi pourront habiter dans ce qui deviendra « l’immeuble le plus sobre de France », avec moins de 2 kWh par an et par m².

Et ce, grâce au projet « Essentiel » de Nexity, en collaboration avec le cabinet autrichien, qui s’insère dans la réalisation de deux îlots dans le quartier Confluence. La métropole et la ville de Lyon, la société publique locale (SPL) Lyon Ville, ont sélectionné ce promoteur qui a promis de construire des « logements pour tous et bas carbone ».

3.000 euros le m² pour ces 23 logements

« L’intégralité des 23 logements de ce bâtiment sera en bail réel solidaire (BRS), ce qui permet aux personnes les plus modestes d’acheter », précise Frédéric Marchal, directeur général adjoint du groupe Nexity. En BRS, le prix du mètre carré s’élève à 3.000 euros là où le prix du marché s’approche actuellement du double.

En résumé, un bail réel solidaire permet de devenir propriétaire des ouvrages sans l’être du sol. « Le terrain est acheté par la Foncière solidaire de la métropole qui fera payer une location de 2 euros par m² habitable par mois », développe le président régional de Nexity. Un dispositif ouvert à tous avec un plafond de ressources maximum. « Il y a certes cette partie redevance, mais les ménages seront soulagés des frais de chauffage, poursuit-il. Il nous semblait logique de consacrer cette innovation aux personnes qui souffrent le plus des coûts énergétiques. »

Revenir aux fondamentaux

Dans sa conception, « Essentiel » n’a rien inventé, au contraire. L’immeuble sera construit en murs épais en brique creuse de 60 cm au total, recouvert d’enduit à la chaux, pour avoir la meilleure conception thermique possible.

« Cette technique ressemble à celle des murs en pisé, poursuit le président régional. C’est un retour aux fondamentaux avec des principes de bon sens. En hiver, les très faibles déperditions énergétiques sont compensées par les personnes ou les appareils technologiques tels que les ordinateurs qui sont des sources de chaleur. Tout ce qui est emmagasiné est restitué tout au long de la journée, de même pour le frais en aérant la nuit en période estivale. »



Et pour s’assurer du renouvellement de l’air, des capteurs d’analyses du taux de CO2 seront installés afin d’aérer automatiquement via des ventelles en bois sans perdre en température dans l’appartement.

« Pas plus cher qu’un immeuble classique »

Mais alors, combien faut-il débourser pour faire sortir de terre une telle innovation ? Frédéric Marchal affirme que « les coûts de construction ne sont pas plus chers qu’un immeuble classique, car on construit malin en reprenant des matériaux connus ». Ce qui fait que, dans toutes ces spécificités, le groupe Nexity aimerait pouvoir « dupliquer ce concept partout en France ».

Mais avant la multiplication du projet, l’expérimentation doit pouvoir prouver qu’il a tenu ses promesses et qu’il a pu s’acclimater au « contexte urbain ». « Les immeubles 2226 fonctionnent très bien en Autriche, mais n’ont été construits que dans des petites communes, précise le directeur général adjoint. Nous devons voir s’il est compatible à un dynamisme de grosses villes comme Lyon, dans un quartier comme Confluence. »

Autre détail qui différencie le simple copier-coller du projet autrichien : la réglementation française. « Il est interdit de construire un immeuble sans chauffage en France, s’exclame Frédéric Marchal. On va donc mettre des installations d’appoint qui n’auront pas vocation à être utilisées. » Même combat pour la ventilation naturelle, interdite dans le pays, ce pour quoi le groupe a obtenu « une dérogation dans le droit d’innover », explique-t-il.

L’immeuble « le plus sobre de France » parvient-il à tenir ses engagements ? Le président assure que « des ajustements » pourront être faits dès la fin des travaux pour que ce soit le cas.