DECHETSLes petits fast-foods pas encore tous prêts à stopper la vaisselle jetable

Fin des emballages jetables : Les petites enseignes de restauration « se donnent du temps »

DECHETSKebabs ou sandwicheries ne semblent pas encore tous prêts à se passer complètement de leur vaisselle jetable, comme l’exige la loi depuis le 1er janvier
J. Gicquel et J. Urbach

J. Gicquel et J. Urbach

L'essentiel

  • Depuis le 1er janvier, les fast-foods de plus de 20 couverts doivent servir les repas pris sur place dans de la vaisselle lavable et réutilisable.
  • Pour les enseignes de restauration indépendantes, changer toute sa vaisselle et ses habitudes va demander encore un peu de temps, comme 20 Minutes l’a constaté à Nantes et à Rennes.

Sur le comptoir, quelques pailles colorées et des fourchettes de pique-nique en plastique dépassent d’une boîte. « Il faut bien qu’on écoule notre stock, mais ce sont les derniers, promis », s’excuse dans un éclat de rire Oualid, à la caisse de L’As Tacos à Nantes. Comme l’intégralité des fast-foods de plus de 20 places assises de France, cette enseigne de restauration rapide sait qu’elle doit vite se mettre dans les clous. Depuis le 1er janvier en effet, fini les couverts jetables : la loi impose que les repas pris sur place doivent être servis dans de la vaisselle lavable et réutilisable. Si les grandes enseignes, comme Mc Donald’s, jouent les bons élèves, l’organisation s’avère un peu plus compliquée pour les plus petites structures.

Au King Kebab, dans le centre-ville de Rennes, « on n’a pas trop le choix de toute façon », sourit Firat, le responsable des lieux. Et cela fait déjà plusieurs mois que le restaurant a dit adieu aux boîtes à kebab en polystyrène et aux verres en plastique jetables en salle pour les remplacer par de vrais contenants. Plutôt qu’une feuille sur un plateau, il cherche désormais la solution la plus stylée pour disposer le sandwich, les frites et les sauces dans une seule et même assiette. « On a essayé dans des assiettes rondes mais cela ne nous plaît pas, explique Firat. On va plus partir sur des assiettes en forme de kayak mais on n’a pas encore trouvé le bon modèle. Ça fera plus classe même si cela coûtera un peu cher au début d’acheter toute la vaisselle. Certains clients trouveront peut-être ça bizarre aussi, mais ils finiront par s’adapter ».



« Un nouveau lave-vaisselle » à acheter

A la sandwicherie 7 bis, située sur une artère très commerçante de Nantes, Claudine a du pain sur la planche. Assurant qu’elle n’a entendu parler de la mesure « que très récemment », la gérante continue en ce début janvier de distribuer gobelets, assiettes en carton et petites fourchettes en bois, « bien pratiques pour les clients qui viennent juste pour une pâtisserie ». « Là, ça va être plus compliqué. Il va falloir que j’achète un nouveau lave-vaisselle car il va beaucoup plus tourner qu’actuellement », calcule Claudine qui voit passer plusieurs centaines de clients par jour. Alors, la gérante « attend les soldes » pour s’équiper en assiettes, verres et couverts en inox, qu’elle pense devoir renouveler régulièrement. « J’avais déjà essayé de proposer des assiettes en dur, de toutes les couleurs, mais elles ont disparu petit à petit, se désole la gérante. Alors j’ai abandonné ! » Pour éviter que les ustensiles n’atterrissent à la poubelle, les clients de cette sandwicherie n’auront plus à débarrasser eux-mêmes leurs plateaux.


En théorie, les assiettes ou gobelets en carton sont interdits depuis le 1er janvier 2023 pour les clients qui consomment sur place
En théorie, les assiettes ou gobelets en carton sont interdits depuis le 1er janvier 2023 pour les clients qui consomment sur place - J. Urbach / 20 Minutes

Si le gouvernement s’est dit prêt à accompagner les indépendants qui rencontreraient des difficultés d’ordre financier, changer sa vaisselle et ses habitudes risque tout de même de prendre un certain temps. Dans cette enseigne de burger rennais, on utilise encore des boîtes en carton sans savoir que c’est désormais interdit. Le manager n’a pas non plus trouvé de solution pour les sauces, toujours servies dans des petits pots en plastique. « On va se donner du temps pour trouver comment faire, assure-t-il cependant. De toute façon, on ne nous a rien dit pour l’instant ! » Des contrôles pourraient être opérés rapidement, avec une indulgence envers les petites structures.