Réforme des retraites : Avant la rencontre à Matignon, les syndicats restent très remontés
Discussions•« La réforme telle qu’elle est désormais envisagée va créer beaucoup de conflictualité sociale », a mis en garde Laurent Berger20 Minutes avec AFP
Les discussions s’annoncent déjà difficiles. Plusieurs syndicats ont réaffirmé mardi leur refus d’un recul de l’âge de départ à la retraite, dénonçant une réforme « injuste », quelques heures avant d’être reçus à Matignon pour d’ultimes concertations. Depuis, la Première ministre a assuré mardi matin que le report de l’âge légal de départ en retraite à 65 ans, défendu par Emmanuel Macron durant la campagne présidentielle, « n’est pas un totem ».
« La réforme telle qu’elle est désormais envisagée va créer beaucoup de conflictualité sociale », a mis en garde, auprès de La Dépêche du Midi, le secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger, répétant que « la mesure d’âge, c’est une ligne rouge ». Le chef de file du premier syndicat français conteste deux arguments du président de la République, lors de ses vœux aux Français samedi : « tout d’abord il a dit que le système de retraite était dans une situation très critique (…) Il y a, certes, un déficit, mais c’est l’un des déficits les plus faibles qu’il y ait eu avant une réforme. En 2003, la question de la viabilité du système était posée, en 2013, idem, aujourd’hui, ça n’est pas le cas, il n’y a pas le feu dans la maison. » En outre, « le président a dit : "ce que nous faisons rendra le système plus juste", mais c’est faux et archi-faux, car on sanctionne d’abord ceux qui exercent des métiers difficiles et qui ont commencé tôt », a-t-il poursuivi.
Des mobilisations à prévoir
Le cédétiste met en avant « d’autres mesures de financement possibles », telles qu’une amélioration du taux d’emploi des seniors, avec des « sanctions » pour les « entreprises qui n’auraient pas de bons résultats ». « Si le 10 janvier, il y a des annonces avec un report de l’âge légal à 65 ou 64 ans, la CFDT, comme les autres organisations syndicales, appellera les salariés à se mobiliser contre cette mesure », a martelé Laurent Berger, qui sera le premier à être reçu à Matignon, à 15 heures.
Même détermination chez Frédéric Souillot, son homologue de FO, qui sera reçu à 19 heures : « Si on nous dit "recul de l’âge de départ ou allongement de la durée de cotisation", ça va coincer (…) Il y aura une mobilisation et une forte mobilisation. » « Aujourd’hui, en plus de toutes les organisations syndicales, une majorité de Français est contre un recul de l’âge de départ ou un allongement de la durée de cotisation », a-t-il rappelé.
Le président de la CFE-CGC, François Hommeril, a lui aussi promis sur France Info de se joindre aux manifestants si le gouvernement persistait dans son projet, jugeant que la réforme est « très injuste » et qu’elle « n’est pas justifiée par des questions d’équilibre » budgétaire.