SoulagementLa tante lanceuse d’alerte qui avait dénoncé les viols sur sa nièce relaxée

Poursuivie pour avoir dénoncé les viols subis par sa nièce, la tante lanceuse d’alerte relaxée

SoulagementLaurence Brunet-Jambu avait transmis des pièces à des journalistes avant la tenue d’un procès, devant la cour d'assises d'Ille-et-Vilaine, qui a changé la vie de sa nièce
Camille Allain

Camille Allain

L'essentiel

  • Laurence Brunet-Jambu était poursuivie par la justice pour avoir transmis la procédure à la presse concernant un procès aux assises impliquant sa nièce.
  • En 2018, elle avait alerté les médias des innombrables ratés de la justice rennaise qui avaient conduit au calvaire de sa nièce Karine, violée pendant des années.
  • La lanceuse d’alerte a fait condamner l’Etat pour faute lourde et déni de justice en raison de son inaction.

Elle a dédié sa vie à sa nièce Karine, qu'elle a même adoptée. Quatre ans après la condamnation du bourreau de Karine Jambu, coupable de viols répétés, la tante de la victime, Laurence Brunet-Jambu, était ce mardi dans la peau de la prévenue, accusée d’avoir divulgué le dossier d’instruction à plusieurs organismes de presse français. Le tribunal correctionnel de Rennes l’a finalement relaxée, mettant fin à une angoisse de plusieurs mois. « On veut me faire taire », martelait-elle il y a quelques semaines.

En contactant les médias, l’intention était claire : la tante voulait faire parler du dossier de sa nièce pour obtenir la condamnation de son violeur. Mais aussi pour mettre en lumière les dysfonctionnements de l’État, de l’aide à l’enfance, des parquets, des magistrats, des médecins, des assistantes sociales qui n’avaient pas su protéger sa nièce. Enfant, elle avait subi de multiples viols de la part de Roland Blaudy, un ami de ses parents. En 2018, ce dernier avait été condamné à trente ans de prison par la cour d’assises d’Ille-et-Vilaine. Les parents de Karine, complices d’avoir fait semblant de ne rien voir, avaient également été condamnés.


Victime de viols répétés, Karine Jambu et sa tante Laurence Brunet-Jambu avaient publié un livre intitulé "Signalements" pour dénoncer l'inaction de l'aide à l'enfance.
Victime de viols répétés, Karine Jambu et sa tante Laurence Brunet-Jambu avaient publié un livre intitulé "Signalements" pour dénoncer l'inaction de l'aide à l'enfance.  - C. Allain / 20 Minutes

Sa mère avait déjà écopé de huit ans de prison pour avoir tué son bébé de 180 coups de couteau. Mais à la naissance de Karine, les services sociaux n’avaient pas souhaité que l’enfant soit placé. Livrée à elle-même, l’enfant avait été la proie facile d’un homme qui a abusé d’elle alors qu’elle n’avait que quatre ans. Après la condamnation de son violeur, Karine avait vu l’État être condamné pour faute lourde. Une décision rare dans la justice française, venue punir les manquements criants de tous ceux qui auraient dû la protéger. Ce mardi, la jeune femme aujourd’hui majeure a eu le soulagement de voir sa tante être relaxée pour le combat acharné qu’elle a mené. Soulagée.